Publié le 5 nov. 2021 à 12:44Mis à jour le 5 nov. 2021 à 17:58
Voilà plusieurs jours que le spectre d'une cinquième vague de coronavirus plane sur la France et sur l'Europe. Dans l'Hexagone, les contaminations reprennent, à un rythme toutefois plus modéré que chez nos voisins. Le seuil d'alerte, fixé à 50 cas pour 100.000 habitants, a ainsi de nouveau été franchi le 20 octobre dernier.
Depuis, les contaminations continuent de croître doucement, mais sûrement. Au 31 octobre, le taux d'incidence atteignait près de 62 cas pour 100.000 habitants. Le taux de reproduction du coronavirus, qui correspond au nombre moyen de personnes contaminées par un malade, est de 1,16 cette semaine selon Santé publique France, contre 1,14 il y a quatre jours. L'épidémie progresse donc.
1. Pourquoi ne peut-on pas encore parler de « vague » épidémique ?
« Le mot de vague est trop fort », a tenu à rassurer Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. « Il y a une augmentation modérée, suivie de très près », a-t-il assuré.
Les chiffres semblent pour l'heure donner raison au professeur Fischer quant à la modération de la reprise épidémique. Certes, le taux d'incidence est en hausse constante depuis le 8 octobre dernier. Toutefois, il reste à un niveau très faible - proche de 50 - et ne s'est pas envolé brutalement lors des précédentes flambées épidémiques, y compris la dernière.
De plus, ce qui inquiète les autorités, ce n'est pas tant la hausse des contaminations que celle des hospitalisations et des entrées en réanimation, qui peut conduire à une saturation des hôpitaux. Or, là encore, pour l'heure, on n'observe pas de nette augmentation des hospitalisations, au terme d'un mois de hausse du taux d'incidence, même si la baisse observée depuis fin août a cessé.
2. Quel rôle joue désormais la vaccination ?
Si le taux d'incidence ne s'enflamme pas, l'hypothèse d'un engorgement des hôpitaux est donc peu probable. On l'a observé lors de la dernière vague. Entre le 26 juin et le 26 juillet, le taux d'incidence a été multiplié par plus de 10. Quatre semaines plus tard, entre le 24 juillet et le 24 août, les hospitalisations ont moins que doublé. Il y a donc manifestement une décorrélation des courbes d'incidence et d'hospitalisation grâce à la vaccination.
A noter, au 26 juin, moins d'un tiers de la population était complètement vacciné (31,8 %) et la moitié de la population au 26 juillet (50,4 %). Aujourd'hui, ce sont près des trois quarts des Français qui ont un parcours vaccinal complet. On peut donc penser que l'effet positif de la vaccination sur le taux d'incidence et le nombre d'hospitalisations devrait être d'autant plus fort.
L'immunité de la population générale sera d'autant plus forte que la France a lancé une campagne de rappel vaccinal contre le Covid-19 à destination des plus fragiles, notamment les plus de 65 ans qui sont particulièrement à risque de développer des formes graves du Covid-19. La protection offerte par une vaccination complète semble en effet se dégrader au bout de six mois, mais serait restaurée par l'injection d'un rappel . Déjà la moitié de la population éligible a reçu cette « troisième dose ».
3. Quelles sont les autres sources d'espoir devant cette reprise épidémique ?
D'autres éléments permettent d'aborder cette reprise épidémique avec plus de sérénité. La circulation naturelle du virus, notamment chez les non-vaccinés, a permis de développer une immunité naturelle, notamment chez les plus jeunes. L'injection d'une dose de rappel à toute la population, et une éventuelle vaccination des plus jeunes, déjà ouverte aux 5-11 ans aux Etats-Unis mais pas encore approuvée en Europe, offrent des marges de manoeuvre pour améliorer l'immunité de la population.
Au-delà de la vaccination, le traitement du Covid-19 a connu des progrès. En France, on dispose désormais de traitements à base d'anticorps monoclonaux pour certains patients particulièrement à risque de développer des formes graves. Surtout, d'ici Noël, un premier traitement oral pourrait permettre de soigner certains patients développant des symptômes du Covid-19, sous réserve de son autorisation par les autorités.
4. Pourquoi la partie n'est-elle pas gagnée d'avance ?
Deux nouveautés rendent toutefois cette reprise épidémique inédite. D'une part, la fin du remboursement des tests PCR et antigéniques dits « de confort » , c'est-à-dire réalisés sans prescription médicale, pourrait entraîner une moindre détection du virus chez les non-vaccinés asymptomatiques.
Autre nouveauté : la virulence des virus hivernaux . L'hiver dernier, les maladies comme la grippe, la gastro ou encore la bronchiolite chez les enfants ont touché très peu de monde, grâce aux confinement, couvre-feu et gestes barrière utilisés contre le Covid-19. Or, cette année, la circulation de la bronchiolite est particulièrement forte, ce qui laisse craindre une saturation des services pédiatriques. Le respect des gestes barrière, qui tend à reculer, reste donc très important, selon les autorités. Le masque a d'ailleurs été réimposé dans les écoles de 39 départements .
5. Que se passe-t-il chez nos voisins européens ?
Si la situation reste sous contrôle en France, l'Europe connaît une flambée du nombre d'infections. Celle-ci se concentre principalement en Russie et en Europe de l'est , mais elle concerne aussi l'Allemagne. Outre-Rhin, elle touche principalement les non-vaccinés , qui représentent un tiers de la population, et a poussé le gouvernement à prendre des mesures de freinage.
Jeudi, l'Organisation mondiale de la Santé s'est d'ailleurs inquiétée du rythme de transmission « très préoccupant » du coronavirus en Europe. « Si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus au Covid-19 dans la région d'ici février », selon l'organisation internationale.
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