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Cancer du rein : A Nice, le Dr Pagès et son équipe ont créé un médicament pour rendre « la maladie curable » - 20 Minutes

Un médicament pour soigner le cancer du rein métastatique, toujours incurable ? Cette idée a jailli en 2008 « sur le bord de la paillasse » du Dr Gilles Pagès, aujourd’hui directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) première classe et chef d’équipe au sein de l’Institut cancer et vieillissement (Ircan) de Nice. Et c’est pour aller au bout de ce projet qu’il recevra, ce vendredi, le prix du fonds Amgen France pour la Science et l’Humain, sélectionné parmi 90 candidatures. Le Dr Pagès revient avec 20 Minutes sur les avancées considérables qu’il a faites avec son équipe, les médecins et les chimistes, sur l’optimisation du traitement du cancer du rein, et même d’autres.

Quels sont les traitements qui existent aujourd’hui pour un cancer du rein métastatique ?

Avant 2008, l’espérance de vie d’un patient était de trois mois. Petit à petit, on a réussi à atteindre une moyenne de trois ans. On a gagné des années et de la qualité de vie. D’abord, grâce à un médicament qui visait le composant VEGF, qui fabrique des vaisseaux sanguins. Ça a été imaginé en premier lieu pour les cancers du côlon, puis celui des poumons, du sein et enfin, pour le cancer du rein. C’était un traitement révolutionnaire car il permettait d’allonger l’espérance de vie. Mais les médecins se sont rendu compte qu’il n’était pas efficace pour tous les patients, parfois il provoquait même l’effet inverse. Puis, il y a eu l'immunithérapie, qui a également retardé l’échéance fatale, mais seulement chez 20 % des patients. En réalité, il y a autant de tumeurs qu’il y a de patients.

En quoi le cancer du rein est-il si difficile à soigner ?

Il faut savoir que le cancer du rein est le cancer où il y a eu le plus de médicaments développés ces dernières années. En quinze ans, il y a eu quasiment un traitement approuvé par an pour cette maladie. C’est un domaine très actif parce que la maladie est associée à des mutations particulières. Par exemple, la protéine VEGF, utilise l’hypoxie pour se développer. Elle fabrique alors des vaisseaux sanguins pour nourrir la tumeur cancéreuse en nutriments et en oxygène.

Après quinze ans de recherches sur le sujet, où en êtes-vous ?

Après toutes ces années de recherches, des dépôts de brevets, de fortes de collaborations, notamment avec l’institut de chimie de Nice, nous avons développé une molécule afin de créer un nouveau médicament. Cette molécule est redondante avec celle qui cible la protéine VEGF et inhibe la croissance tumorale. Elle est aussi efficace pour les modèles de tumeurs insensibles à l’immunothérapie [qui vise à induire ou amplifier la réponse immunitaire anticancéreuse]. Notre traitement, combiné à ceux qui existent déjà, permettra, on l’espère, de faire de cette maladie, une maladie curable. Mais rien que de pouvoir en faire une maladie chronique et permettre à des patients de vivre, c’est une immense fierté.

Cette molécule peut-elle servir à d’autres cancers ?

En faisant partie du centre Lacassagne, qui est une référence en Europe pour le traitement de certains cancers, on a effectivement découvert que notre molécule pouvait être efficace pour d’autres maladies. Notamment sur le mélanome uvéale, qui se développe dans l’œil et qui est très agressif. Les 30 % des patients qui échappent au traitement par radiothérapie pourraient vivre avec le médicament que nous avons créé. C’est aussi possible pour les cancers de la sphère ORL.

A partir de quand ce médicament pourra-t-il être utilisé ?

Pour que le processus aille plus vite, on a décidé de créer notre propre start-up, Roca Therapeutics, en avril 2021, qui a récolté tous les prix et financements possibles de l’académie et qui est même lauréate de l’i-Lab. On en est actuellement aux phases de toxicologies réglementaires, ce qui sera finalisé d’ici fin 2022, voire début 2023. Ensuite, on doit soumettre le traitement aux autorités de santé de l’agence européenne des médicaments, avec un premier essai clinique courant 2023. En fonction de sa validation, sans toxicité chez un patient, on passe en phase 2 avec plus de patients puis la phase 3 et l’essai en aveugle. Pour résumer, c’est demain ! (rires)

Qu’est-ce que le fonds Amgen France​ va-t-il vous apporter ?

C’est déjà la reconnaissance de nos pairs car il y avait des médecins et des chercheurs dans le jury. C’est très important de voir que notre travail a été adoubé par ces professionnels. Mais c’est aussi primordial d’être reconnu par l’industrie pharmaceutique, sans qui, il est impossible de faire des essais cliniques. D’un point de vue financier, c’était crucial car il est difficile d’obtenir des financements dans la recherche aujourd’hui. On doit taper à toutes les portes pour éviter que toutes ces années de travail pour ce programme s’arrêtent maintenant.

Comment votre programme s’est-il distingué ?

Si on a remporté ce prix, parmi plus de 90 candidatures, c’est aussi grâce à notre originalité de proposer un traitement personnalisé en fonction du patient. On entre dans une nouvelle ère des diagnostics moléculaires. Et puis, on a testé et comparé nos molécules avec des composés développés qui étaient déjà sortis, notamment chez GSK. On a pu breveter car les nôtres étaient meilleurs. C’est le résultat d’une aventure ponctuée parfois d’échecs, mais de partenariats entre des chercheurs, des médecins et des chimistes. Et ce cercle vertueux va peut-être permettre d’apporter notre pierre à l’édifice au traitement du cancer du rein. Encore une fois, c’est une très grande fierté.

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