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Glyphosate : une étude industrielle sur la neurotoxicité de l'herbicide soustraite aux autorités européennes - Le Monde

Un agriculteur pulvérise du glyphosate sur des cultures, en Bavière (Allemagne), en juin 2020.

La procédure suscite souvent la surprise de ceux qui la découvrent : la réglementation européenne prévoit que les firmes agrochimiques qui souhaitent faire homologuer leurs pesticides procèdent elles-mêmes aux études toxicologiques requises. Mais comment s’assurer que toutes les données dont elles disposent ont bel et bien été transmises aux autorités ? C’est la question posée par deux scientifiques suédois, lundi 5 septembre, dans la revue Environmental Health, à propos du glyphosate. Dans un bref commentaire, Axel Mie et Christina Ruden, chercheurs au département des sciences de l’environnement de l’université de Stockholm, annoncent avoir identifié une étude industrielle, terminée en 2001, et dont les résultats – embarrassants – n’ont jamais été portés à la connaissance des autorités européennes. Les auteurs ne le mentionnent pas dans leur article, mais la firme commanditaire était l’agrochimiste suisse Syngenta.

L’affaire ouvre un nouveau front dans la controverse sur le célèbre herbicide : il ne s’agit pas, cette fois, de sa cancérogénicité, mais de possibles effets délétères sur la construction du cerveau, lors d’expositions prénatales. « En lisant un article scientifique publié en 2009 [dans la revue Environmental Health Perspectives] par des toxicologues de l’Agence de protection de l’environnement américaine [EPA], j’ai vu par hasard qu’une étude industrielle recherchant la toxicité éventuelle d’un sel de glyphosate pour le neurodéveloppement était brièvement mentionnée, raconte Axel Mie. J’ai été très surpris, car j’ignorais totalement l’existence d’une telle étude. »

Sa curiosité piquée, le scientifique suédois se met à la recherche d’autres traces de ces travaux, mais n’en trouve aucune. Ni dans les données soumises au gendarme européen des pesticides, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ni nulle part sur Internet. « Je suis allé chercher dans les bases de données gouvernementales américaines, raconte M. Mie. J’y ai trouvé une compilation de 3 000 pages de documents internes avec des résumés de la façon dont les scientifiques de l’EPA ont évalué de nombreuses études, dont celle-ci. »

« Un effet sur la fonction neurocomportementale »

L’étude en question avait consisté à exposer des rates gestantes à différentes doses d’un sel de glyphosate (le glyphosate-trimésium) et à évaluer ensuite l’activité motrice de leur progéniture, comparée à celle de rates n’ayant pas été exposées. Selon l’évaluation de l’EPA, écrivent les chercheurs suédois, « cette étude montre que cette forme de glyphosate a un effet sur la fonction neurocomportementale et l’activité motrice de la progéniture [des rats de laboratoire], à une dose qui n’était jusqu’à présent pas réputée causer de dommages ». En particulier, l’activité motrice des animaux exposés in utero était réduite, selon le sexe et les doses reçues, de 45 % à 72 % par rapport à ceux dont les mères n’avaient pas été soumises au produit.

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