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Cancer du sein: les loupés du dépistage en Charente - Charente Libre

Ne pas trouver de rendez-vous peut être dissuasif.

Karine Rondinaud, 55 ans, habitante de Touvre, témoigne de cette difficulté à se faire dépister. Elle compte déjà deux examens à son actif, dans le cadre du parcours organisé. « Je reçois tous les deux ans un courrier, me spécifiant que je dois subir un contrôle. » La dernière missive date de juillet. Et depuis lors, Karine attend toujours une possibilité de rendez-vous. Pourtant, cette quinqua est bien déterminée à faire effectuer cette radiographie. « J’ai appelé, disons, un certain nombre de fois », ironise-t-elle. Au centre de « mammo » de Soyaux en l’occurrence, situé derrière le Centre clinical. Selon Karine, « les secrétaires me donnent toujours la même réponse, à savoir qu’elles n’ont pas les plannings des radiologues ».

Deux mois d’attente

Sur les réseaux sociaux, d’autres témoignages de Charentaises abondent en ce sens : Martine et Valérie déplorent attendre un rendez-vous « depuis le mois de mai » alors que Marylin raille le dysfonctionnement de « la prévention ». Myriam assure, elle, que les délais sont carrément « dissuasifs ».

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Au centre hospitalier d’Angoulême, Sabine Scorcione, cadre de santé au service imagerie médicale, évoque « un délai de deux mois pour obtenir un rendez-vous mammo ». « Il y a beaucoup de demandes et nous avons des problématiques de personnels médicaux », détaille-t-elle. Conséquence : la mammographie « n’est pas ouverte tous les jours ». Le rythme est de « quatre journées par semaine » hors congés scolaires et une seule journée hebdomadaire durant les vacances. Précisant toutefois qu’en présence d’une anomalie dans un sein, les patientes sont dirigées de façon prioritaire. Au centre de Soyaux, un radiologue s’agace au téléphone : « Nous faisons face tout bonnement à un manque de médecins, à l’image de la situation nationale ».

Perte de chance

La Charente semble toutefois être touchée de façon inégale par cet engorgement. Au sein du service d’imagerie médicale de l’hôpital de Barbezieux, « nous avons trois semaines à un mois de délai », commente une secrétaire médicale. Jean-Luc Mornet est cadre de santé au service d’imagerie médicale de l’établissement. Il évoque « un appareil très récent » dont s’est doté l’hôpital et qui permet l’ouverture de « trois journées complètes par semaine dédiées uniquement à la mammographie ». L’établissement vient même de s’adjoindre les services d’un radiologue vacataire dédié uniquement à cet examen. « Et toutes nos plages ne sont pas complètes », fait remarquer Jean-Luc Mornet. La clinique de Cognac, qui affiche des délais de deux semaines, voit de plus en plus « arriver des femmes qui viennent depuis Angoulême pour trouver un rendez-vous rapidement ».

Cet écueil à passer une mammo constitue-t-il une perte de chance ? Au centre de coordination de dépistage des cancers de Nouvelle Aquitaine, Félicie Gagnadour, chargée de santé publique, le reconnaît. « Oui, ne pas trouver de rendez-vous peut être dissuasif pour certaines femmes. »

Pour Michel Harmand, vice-président à la Ligue contre le cancer, « entre la bonne intention et la réalité, il y a tout un monde », souffle-t-il au téléphone. Regrettant que « le département soit bien doté en mammographes, que nous contribuons d’ailleurs à financer, mais qu’il n’y ait parfois pas de radiologues pour les faire fonctionner ».

 Il y a beaucoup de demandes et nous avons des problématiques de personnels médicaux.

Pour Marie-Claude Savoye, chargée de communication à l’ARS, avec neuf centres d’imagerie médicale sur son territoire, la Charente se situerait « dans la moyenne haute », au regard « du délai entre l’invitation à la mammographie et la réalisation de l’examen ». Celui-ci « variant de 2 à 13 semaines dans le département, selon le site géographique. »

Alors que le dépistage dès 50 ans est parfois remis en question (risque de sur-diagnostic ou de sur-traitement notamment), pour Laetitia Mallet, la parade à cette réalité reste l’auto-palpation. Ambassadrice Poitou-Charentes de Jeune et Rose, association de soutien aux patientes de moins de 50 ans, cette Gond-Pontolvienne a eu un double cancer du sein à 26 et 34 ans que seule le toucher a détecté. « Beaucoup de femmes avec qui nous sommes en lien se sont elles-mêmes sauvé la vie », rappelle celle qui croit plus que jamais à cette approche.

47,6 %

« En Charente, seules 47,6 % des femmes ciblées participent au dépistage organisé”, rappelle Benjamin Gandouet, directeur général du Centre régional de coordination des dépistages des cancers de Nouvelle-Aquitaine. “Contre 54,6 % en moyenne, en Nouvelle-Aquitaine. » L’enjeu pour les autorités de santé est donc « d’aller chercher » les femmes les plus rétives afin de combler « les inégalités sociales de santé ».

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