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"Mon pronostic vital était engagé": son papillomavirus lui a provoqué deux cancers, cette jeune Azuréenne raconte - Nice matin

Un rapport sexuel non protégé a failli coûter la vie de Stacy. Le responsable? Le papillomavirus, une famille de virus provoquant des infections sexuellement transmissibles (IST) et, dans les cas les plus graves, des cancers. 

Environ 6.400 cas de cancers liés au HPV (papillomavirus humains) sont diagnostiqués chaque année en France, principalement du col de l’utérus (44%), de l'anus (24%) et de l'oropharynx (22%), d'après l'Institut national du cancer

À 28 ans, Stacy est en rémission de deux cancers du col de l'utérus et du côlon, provoqués par le HPV. "Je suis un cas rare", confie avec un sourire la Théoulienne. 

Ablation de l'utérus et curiethérapie

Tout a commencé en mai 2020, cinq mois après l'accouchement de son premier enfant. Inquiète de continuer à saigner, elle prend rendez-vous chez une gynécologue, qui lui fait un frottis pour la première fois, cet examen étant recommandé à partir de 25 ans.

"C'est là que j'apprends que j'ai le papillomavirus, se souvient Stacy. Jusqu'ici, tout va relativement bien. Ce n'est pas très grave, ça se soigne." 

Son optimisme s'éteint lorsqu'on lui annonce, après des tests avancés, qu'elle est atteinte d'un cancer provoqué par ce virus et qu'elle ne va pas pouvoir garder son utérus. 

"J'ai demandé en pleurant au chirurgien si je pouvais faire un deuxième enfant avant, il m'a répondu "vous pouvez mais ce bébé n'aura plus de maman"."

Pour éviter la ménopause, donc un vieillissement précoce, Stacy se fait transplanter les ovaires en dessous des côtes. "J'ai pu conserver mon cycle menstruel mais je n'ai plus d'écoulement."

En parallèle, elle commence la curiethérapie, pour irradier la tumeur directement et à forte dose. "Vous gardez un boîtier à l'intérieur du vagin donc c'est très douloureux mais très efficace. Ça n'a pas été facile à vivre, beaucoup d'humiliation parce que ce n'est pas une zone très agréable à montrer sans arrêt aux médecins."

Tumeur de neuf centimètres au côlon

En décembre 2020, l'état de la Théoulienne se dégrade. Elle perd 12 kilos et ses selles deviennent sanguinolentes. Son oncologue puis un gastro-entérologue lui assurent que c'est probablement un effet de la curiethérapie et qu'il ne faut pas s'inquiéter. 

"Personne ne me croyait donc j'ai fait mes affaires et je me suis rendue à la clinique où je m'étais déjà fait opérer." Enfin prise en charge, Stacy passe plusieurs examens. 

"Mon chirurgien, celui qui a opéré mon premier cancer, vient dans ma chambre en m'annonçant que c'est peut-être difficile à croire mais j'ai un cancer au niveau du côlon et la tumeur fait neuf centimètres."

"Sur le coup, je n'ai pas les mots. Je n'ai rien qui me vient à part le choc de me dire que, neuf mois après, j'enchaîne encore un cancer alors que je suis jeune, jeune maman en plus. Le monde s'est un peu écroulé mais j'ai décidé de garder la tête haute."

La biopsie révèle que la tumeur provient du papillomavirus, faisant de Stacy un "cas rare". Elle endure une lourde opération par laparotomie, c'est-à-dire à ventre ouvert, pour l'enlever de son côlon ainsi qu'une partie du rectum. "Je reviens de loin parce que j'ai appris par la suite que mon pronostic vital était engagé."

L'opération par laparotomie a laissé à Stacy une cicatrice allant du haut du nombril jusqu'au vagin. Photo Lauriane Sandrini.

Prévention sur les réseaux sociaux

Aujourd'hui, deux ans après, Stacy va mieux mais garde des séquelles de ses opérations. Reconnue handicapée de catégorie 2, la pâtissière de formation ne peut plus travailler. 

"Je ne peux plus contenir mes selles comme tout le monde, je dois aller aux toilettes 15 à 20 fois par jour et c'est très embêtant." Pour vivre, la Théoulienne touche le montant maximum de l'allocation adulte handicapé (AAH), soit 956€. 

"L'après-cancer est presque plus difficile à vivre. Tout le monde vous croit guérie, il n'y a plus d'opération, on n'en parle plus mais je reste perpétuellement dans ce sujet puisque j'ai un suivi pendant cinq ans."

Son corps a changé et son état de fatigue reste constant, l'amenant à restreindre sa vie sociale. "Souvent, on me dit "allez Stacy, sors, va faire du sport" mais non, je n'en suis pas capable en fait, j'ai besoin de me reposer."

L'après-cancer est presque plus difficile à vivre.

Malgré la présence de ses proches, la jeune maman s'est sentie "seule face au cancer". "J'aurais aimé qu'on réponde à mes questions, ne pas affronter tout ce que j'ai vécu dans l'inconnu le plus total."

C'est pour cela qu'elle s'est lancée sur les réseaux sociaux, en espérant pousser les gens à se dépister du papillomavirus et à se protéger pendant leurs rapports sexuels. Aujourd'hui, plus de 21.000 personnes la suivent sur TikTok. 

"Ce n'est absolument pas normal de ne pas avoir de frottis avant 25 ans puisque, de manière générale, les premiers rapports se déroulent avant. Nous n'avons pas assez de prévention, pas assez de contrôles et pas assez d'écoute au sujet du papillomavirus."

Stacy souhaite intervenir dans les établissements scolaires pour raconter son histoire et continuer à faire de la prévention. Dans cette optique, elle aimerait écrire un livre. "J'ai envie de le crier au monde entier parce qu'aujourd'hui c'est moi mais peut-être que demain ce sera vous."

Malgré son parcours terrible, la jeune femme se dit heureuse. "Psychologiquement, je vais très bien. C'est triste de devoir passer par des épreuves aussi difficiles pour se rendre compte à quel point la vie est belle. Aujourd'hui, je me contente vraiment d'un rien, tout me fait plaisir. Je suis devenue une autre femme et j'en suis très fière."

Papillomavirus: dépistage et vaccin

"La plupart des femmes et des hommes sexuellement actifs seront infectés" par le papillomavirus "au cours de leur vie", prévient l'Institut national du cancer. Il peut être transmis malgré l'usage d'un préservatif, y compris par le sexe oral et par des caresses.

"90% des infections détectées sont éliminées naturellement dans les deux ans et la majorité des infections à HPV [papillomavirus humains] sont asymptomatiques. Lorsque l'infection par certains HPV à haut risque (notamment les 16 et 18) persiste, elle peut entraîner le développement de lésions précancéreuses et cancéreuses atteignant le col de l'utérus, l'anus, l'oropharynx, la vulve, le vagin, le pénis, la cavité orale et le larynx."

En cas de lésions pouvant évoluer vers un cancer du col de l'utérus, une conisation est recommandée. Cette intervention permet d'enlever chirurgicalement ces lésions de "haut grade". 

Dépistage

Un seul dépistage existe et ne concerne que les femmes: le frottis, qui permet de prélever des cellules superficielles par léger frottement dans le vagin. 

Cet examen est recommandé à partir de 25 ans puis une fois tous les deux ans jusqu'à 29 ans, une fois tous les trois ans de 30 ans 35 ans et une fois tous les cinq ans jusqu'à 65 ans. 

Le frottis peut notamment être réalisé par un gynécologue ou une sage-femme. 

Vaccin

"Le dernier vaccin commercialisé (Gardasil 9) protège contre les infections à HPV notamment en cause dans 90% des cancers du col de l'utérus, 80% des cancers de l’anus et 90% des verrues ano-génitales (condylomes)", assure l'Institut national du cancer. 

Le vaccin est recommandé pour les filles et garçons de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage possible entre 15 et 19 ans révolus, et jusqu'à 26 ans pour les hommes homosexuels. 

Il peut être réalisé par un médecin, une sage-femme, un infirmier sur prescription médicale, à l’hôpital, dans certains centres de vaccination publics, dans un Centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) ou un centre de planification familiale.

"L'efficacité et la sécurité des vaccins contre les HPV sont scientifiquement démontrées. Malgré cela, la couverture vaccinale reste basse en France (21% pour le schéma complet à 16 ans)."

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