Des scientifiques de l’Inserm, du CNRS et de l’université Toulouse III-Paul Sabatier travaillent sur un vaccin permettant de lutter contre l’asthme allergique. Ils viennent de franchir une étape décisive.
Dans le langage scientifique, la "prouesse" est un terme bien souvent galvaudé. Mais ce que viennent de réaliser les scientifiques de Toulouse constitue une avancée majeure qui pourrait bien, à terme, changer le quotidien de dizaines de millions de personnes dans le monde. Car les chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’université Toulouse III-Paul Sabatier, en collaboration avec l’entreprise française Neovacs, ont passé une étape décisive dans la conception d’un nouveau vaccin efficace contre l’asthme allergique : un mal qui touche environ 2 millions de personnes en France.
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Après une première publication dans la revue Nature Communications (notre article du 11 mai 2021), les scientifiques annoncent des avancées majeures, observées durant des phases de test qui se sont déroulées en 2021, et dont les résultats ont été récemment dévoilés au grand public, dans la revue Allergy. Les essais, réalisés sur des souris, ont permis de montrer que le sérum – baptisé "Kinoïde®" – permettait de déclencher des anticorps contre des protéines humaines.
Réguler l’inflammation des bronches
En pratique, chez les personnes asthmatiques, l’exposition aux allergènes – acariens, graminées, pollens – est susceptible d’entraîner "une cascade de réactions aboutissant à une hyperréactivité des voies respiratoires et une surproduction de mucus", détaille le communiqué de l’Inserm. Le vaccin a ainsi permis de bloquer le déclenchement de crises d’asthme chez des rongeurs allergiques aux acariens. "L’idée c’est de réguler définitivement l’inflammation des bronches anormalement élevée, pour faire en sorte que les gens n’aient plus de symptômes, commente le professeur Gilles Garcia, président de l’association Asthme & Allergies. Il y a une ambition absolument magique derrière ce vaccin."
" Une vaccination contre l’asthme allergique représente un espoir de traitement à long terme de cette maladie chronique, et, au-delà, une perspective de réduction des symptômes d’allergie liés à d’autres facteurs", commente Pierre Bruhns, responsable de l’unité Anticorps en thérapie et pathologie à l’Institut Pasteur. Les scientifiques estiment que ce vaccin pourrait même permettre de prévenir d’autres pathologies allergiques, comme les dermatites atopiques et les allergies alimentaires.
Aujourd’hui, les formes les moins graves de la maladie sont traitées grâce à l’inhalation de corticoïdes. Pour les formes les plus sévères, les patients concernés font l’objet de traitements à base d’anticorps monoclonaux thérapeutiques, des médicaments "onéreux et contraignant les patients à effectuer des injections pendant des années, voire tout au long de leur vie", explique l’Inserm.
Les formes sévères d'asthme occasionnent 900 décès chaque année en France
Ce nouveau vaccin, c’est donc la promesse d’un traitement plus accessible pour de nombreux malades. D’autant qu’en France, les formes sévères d’asthme sont directement associées " à plus de 60 000 hospitalisations et à près de 900 décès par an".
Il faudra cependant se montrer patient avant la mise sur le marché du précieux vaccin. Comme pour les sérums destinés à lutter contre le Covid-19, " Kinoïde® " doit encore faire l’objet d’une phase d’essai sur l’homme avant de – peut-être – recevoir les autorisations des différentes autorités sanitaires.
En France, la maladie progresse. De 4,4 % en 2003, le nombre de Français ayant eu une crise d’asthme est passé à 6,7 % en 2022.
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