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Marc Eloit, vétérinaire devenu pêcheur de virus - Le Monde

Marc Eloit, responsable du laboratoire « découverte de pathogènes » de l’Institut Pasteur,  dans le hall du bâtiment Yersin de l’institut, à Paris, en avril 2020.

Les chasseurs de virus n’ont pas toujours bonne réputation. Pour dénicher la pépite – la plus pathogène, la plus infectieuse, celle qui fera saliver les meilleurs journaux scientifiques –, on les dit prêts à tout, ou presque. Jouer des coudes, tirer la couverture à eux, et le tapis de sous les pieds du concurrent, prendre même quelques libertés avec la sécurité sanitaire… Marc Eloit n’est pas de cette espèce. Bien sûr, il aime bourlinguer, au gré des sites de collecte et des collaborations avec les Instituts Pasteur d’Asie ou d’Afrique avec lesquels, de la maison mère parisienne, il collabore depuis quinze ans. Certes, il se reconnaît compétitif. Après sa découverte, en 2021, du virus de la chauve-souris le plus proche du SARS-CoV-2 jamais identifié à ce jour, il admet avoir poussé toute son équipe à « travailler énormément pour publier le plus rapidement possible ». Pas question de se faire griller par les cow-boys américains. Mais lors de la sortie triomphale de l’article dans Nature, en février 2022, il n’a jamais manqué de dire que rien n’indiquait encore une parenté entre son pathogène et celui qui a provoqué la pandémie, ce qui s’est du reste confirmé par la suite. Et surtout d’insister sur « le mérite premier des équipes laotiennes ». Pas vraiment la coutume du Far West virologique.

Un petit parfum de revanche

« Une question de justice », dit-il simplement. Mais aussi de tempérament. En réalité, Marc Eloit ne se sent pas tout à fait chasseur de virus. « Pêcheur me va mieux », sourit-il. Sans doute faut-il y voir un clin d’œil à sa passion pour la pêche à la mouche, qui l’a conduit à acheter une maison en Lozère. Un petit parfum de revanche aussi. « Quand il est arrivé à l’Institut Pasteur, en 2008, certains estimaient que l’utilisation du séquençage à haut débit pour la découverte de pathogènes relevait plus du marteau-pilon que de la science de précision », se souvient le professeur Marc Lecuit, qui l’accueillit alors dans son laboratoire. L’intéressé s’en amuse. « Ceux qui se moquaient de nos méthodes disaient qu’on partait à la pêche. Qu’on ne faisait aucune hypothèse préalable. Rien de plus faux. On n’échantillonne pas n’importe où. Il faut connaître le terrain. Et ensuite, il faut savoir lire les séquences qui sortent de l’ordinateur, déceler celles qui peuvent avoir un intérêt ou non. Comme on apprend à lire une rivière. Nous faisons tout cela. »

Nous, c’est l’équipe de douze personnes du laboratoire « découverte de pathogène ». « Ça peut sembler un cliché, mais c’est vraiment un travail collectif. Je suis le chef d’orchestre. Sans les instrumentistes, pas de musique », insiste cet amoureux d’opéra et des chansons de Georges Brassens. Le « je », il le réserve au passé, à l’enfance dans le Morbihan, aux classes préparatoires à Rennes.

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