Cette légère épidémie est surveillée de près. Les scientifiques du Centre national de référence pour Escherichia coli, Shigella et Salmonella de l’Institut Pasteur ont révélé dans un communiqué publié le 15 mars l’émergence de souches de Shigella sonnei.
La shigellose est une maladie diarrhéique hautement contagieuse, qui dure généralement 3 ou 4 jours avant de se résoudre d’elle-même, transmise par contact direct, par des aliments, ou de l'eau contaminée. « C’est une infection intestinale. Les selles des patients sont contaminées et s’il y a contact, on peut être infecté », décrit Sophie Lefèvre, responsable adjointe du Centre national de référence Escherichia coli, Shigella et Salmonella à l’Institut Pasteur.
Les symptômes se caractérisent généralement par des douleurs abdominales, des vomissements et des selles fréquentes et glairo-sanglantes. Des complications existent, notamment chez les plus jeunes, qui mènent parfois à la mort. A l’échelle mondiale, cette maladie tue 200 000 personnes chaque année, dont 65 000 enfants de moins de 5 ans, selon l'Institut Pasteur.
De la maladie du voyageur à l’IST
En France, la bactérie est présente depuis 2015. Le premier foyer épidémique a été identifié dans le pays en 2017 dans une école située en Gironde. Un enfant revenait de voyage en Asie du Sud-est avec sa famille. Ce cas n’était pas surprenant : généralement, la shigellose est considérée comme « une maladie du voyageur ». Toutefois, les circonstances de son apparition changent et la maladie intervient désormais dans un cadre encore jamais décrit dans l’Hexagone.
Lors de ses recherches, l’Institut Pasteur a en effet remarqué que les patients contaminés par cette souche Shigella sonnei, en grande majorité des hommes, ne revenaient pas de voyage. « Les Anglais ont conclu que c’est une souche qui circule parmi les personnes bisexuelles ou homosexuelles », indique Sophie Lefèvre.
La progression de cette souche interviendrait ainsi comme une infection sexuellement transmissible (IST). Cette bactérie pourrait être transmise dans le cadre de pratiques avec contact oral anal, quelle que soit l’orientation sexuelle des patients, hommes et femmes.
Bientôt un vaccin ?
Y a-t-il matière à s’inquiéter ? Pas vraiment pour Sylvie Lefèvre. « Ce n’est pas général, il y a un profil de patient avec lesquels il faut faire de la prévention. Il faut penser à cette possibilité-là du côté des médecins généralistes aussi », explique-t-elle. Le seul problème étant que la souche résistante aux antibiotiques implique une prise en charge plus complexe dans les cas les plus graves, notamment à l’hôpital.
L’OMS rappelle que la shigellose est le plus souvent « une maladie de courte durée avec un faible taux de létalité ». Lorsqu’elle est résistante, la pathologie constitue toutefois « un problème de santé publique, car les options thérapeutiques sont très limitées pour les cas modérés à sévères ». A ce jour, aucun vaccin n’existe pour se protéger de la shigellose. L’Institut Pasteur planche sur le sujet depuis déjà plusieurs années, et « ce n’est pas encore au point », précise Sylvie Lefèvre.
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