Alerte rouge. La Société française de pharmacologie (SFPT) met en garde contre l’augmentation « inquiétante » du recours à l’oxycodone, un médicament opiacé très addictif utilisé dans la prise en charge de la douleur. Cet antalgique est chargé d’une histoire lourde puisqu’il s’agit du premier médicament qui s’est trouvé au centre de la crise des opioïdes aux Etats-Unis, dans les années 90.
En France, son implication dans les décès toxiques par antalgiques a quadruplé entre 2013 et 2017. Si le premier antalgique de niveau 3 utilisé est toujours la morphine, il est suivi de près par l’oxycodone en forte augmentation (+ 738% depuis 2006), à la fois en ville et à l’hôpital.
L'oxycodone accroche plus que la morphine
Préconisé dans la prise en charge des douleurs post-opératoires, l’oxycodone ne doit pas être prescrit en première intention, signale la société savante, mais seulement quand la morphine n’est pas efficace. En raison, notamment, de son « profil plus addictogène ». Les pharmacologues ajoutent que cet opiacé ne présente pas d’avantage pharmacologique par rapport à la morphine.
Face à cette évolution inquiétante, la Société française de pharmacologie souhaite voir si une portion de population reçoit des prescriptions qui se prolongent au-delà de 15 jours, afin d’identifier un potentiel mésusage, voire un « trouble de l’usage ».
Chaque jour, huit personnes sont hospitalisées pour une overdose
D’après les données de l’Observatoire français des médicaments antalgiques (Ofma), on estime que chaque jour, huit personnes sont hospitalisées pour une overdose due à un antalgique opioïde, et que plus de quatre en meurent chaque semaine. Parmi les médicaments les plus impliqués, on retrouve le tramadol (37 décès en 2016), la morphine (22 décès), la codéine (16 décès) et l’oxycodone (8 décès).
La situation en France est sans commune mesure avec l’ampleur de la crise américaine, mais elle est très surveillée par l’Agence du médicament et le réseau addictovigilance. L’exemple américain montre qu’une fois la crise installée, on ne peut plus l’arrêter. Outre-Atlantique, des années de prescriptions et de pressions de l’industrie pharmaceutique ont conduit à une épidémie de décès par overdoses dues aux opiacés de synthèse (un demi-million d’Américains sont morts en vingt ans). Et ces dernières années, malgré les mesures prises par les pouvoirs publics, la crise américaine s’accélère.
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