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Trois ans et demi de Covid : quels effets collatéraux ? - Le Monde

Dans le service de réanimation de l’hôpital Antoine Beclere AP-HP à Clamart (Ile de France), le 23 décembre 2021.

Très vite, il est apparu que le virus qui déferlait sur le monde, début 2020, allait être un tueur en série. Responsable d’une épidémie de pneumonie bientôt baptisée « Covid-19 », le SARS-CoV-2 éliminait directement ses victimes les plus fragiles, qui développaient une détresse respiratoire aiguë, souvent couplée à une réaction inflammatoire incontrôlée provoquant un « choc septique » fatal. Au total, au moins vingt millions de personnes sont mortes de ces complications directes du Covid-19 dans le monde. De nombreuses personnes infectées, par ailleurs, souffrent toujours d’un Covid long, un ensemble de symptômes persistants qui concernerait de 10 % à 15 % des personnes infectées selon l’OMS, mais de 23 % à 80 % des patients hospitalisés pour Covid, selon les symptômes.

Mais ce virus a aussi provoqué des dégâts plus sournois. D’une façon indirecte, il a aggravé l’état de santé de nombreux patients « non-Covid » : ceux qui souffraient déjà d’une autre maladie ou qui en ont développé une durant la pandémie. Il fallait, en effet, absorber l’afflux massif de malades du Covid-19 dans les services de réanimation. De nombreux soins ont dû alors être reportés, voire annulés, en 2020, 2021 et début 2022 – surtout au printemps 2020. Des diagnostics ont par ailleurs été retardés, en particulier pour les cancers, occasionnant de graves pertes de chance. A cela s’est ajoutée la peur des patients qui, par crainte d’être contaminés, ont d’eux-mêmes renoncé à certaines prises en charge.

« Pour dresser un panorama exhaustif des conséquences de l’épidémie sur les patients non-Covid, il faudra encore attendre quelques années », écrivent les auteurs d’un premier bilan de ces dégâts collatéraux en France, les journalistes Sylvain Labaune et Jean-Yves Paillé, de l’Agence de presse médicale (APM), dans leur ouvrage Les Retards de soins : la bombe à retardement (Les Asclépiades, 320 pages, 19,80 euros).

Des décès supplémentaires attendus

Mais, d’ores et déjà, de premiers chiffres peuvent être avancés pour la France. Environ 3,5 millions de séjours hospitaliers n’ont pas été effectués entre mars 2020 et fin 2022, estime la Fédération hospitalière de France. Les retards de diagnostic de cancers, entre mars et juillet 2020, pourraient entraîner 1 000 à 6 000 décès supplémentaires dans les années à venir, avance la Fédération Unicancer. L’activité de greffes d’organes, elle, a chuté de 25 % sur l’année 2020 – d’où une espérance de vie réduite des patients en attente de greffe de rein.

En orthopédie, les déprogrammations massives – le nombre de pose de prothèses de genou a chuté de 25 % en 2020 – ont entraîné des pertes d’autonomie. En France, 42 % des personnes atteintes d’une maladie chronique – diabète, maladies neurodégénératives, troubles mentaux… – ont vu certains soins annulés ou reportés début 2020. Le Covid-19, par ailleurs, a provoqué une dégradation importante de la santé mentale des Français, plus encore des populations fragiles, a averti Santé publique France.

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