- Le don de plasma reste encore assez méconnu en France avec seulement 250.000 dons collectés chaque année.
- Il est pourtant essentiel pour la fabrication de médicaments pour des personnes souffrant de déficience immunitaire ou de maladies hémorragiques.
- Hyperdépendante des Etats-Unis, où le don de plasma est rémunéré, la France cherche à rattraper son retard et à recruter de nouveaux donneurs.
Il y a parfois des situations tendues avec des réserves dans le rouge, notamment pendant les périodes de vacances. Mais dans l’ensemble, on répond plutôt bien aux besoins en sang en France avec plus de 1,5 million de donneurs réguliers. C’est beaucoup moins vrai pour le plasma avec seulement 250.000 dons collectés chaque année. Ce composant liquide du sang est pourtant vital car ses protéines entrent dans la fabrication d’une quinzaine de médicaments indispensables aux malades souffrant de déficience immunitaire. « Cela sert aussi pour des maladies hémorragiques comme l’hémophilie ou la maladie de Willebrand et parfois en soins intensifs », indique Bruno Danic, directeur de l’Établissement français du sang (EFS) en Bretagne, estimant à 500.000 le nombre de malades soignés avec des médicaments dérivés du plasma.
Mais faute de dons suffisants, LFB, seul laboratoire français autorisé à fractionner le plasma national, a du mal à se fournir en matière première. « On est dans une situation de pénurie permanente », alarme Bruno Danic. Seulement un tiers des médicaments utilisés en France proviennent en effet de plasma collecté sur le territoire national, les deux autres tiers provenant des États-Unis. Comment expliquer une telle dépendance ? D’abord car le don de plasma est assez méconnu. Plus contraignant aussi car un don de plasma dure environ une heure, contre dix minutes seulement pour un don du sang. Il ne peut en plus être réalisé que dans une maison du don et non pas lors d’une collecte mobile, obligeant les donneurs à faire plus de kilomètres.
Le don rémunéré aux Etats-Unis, chose inimaginable en France
Mais l’explication de cette dépendance vis-à-vis des États-Unis tient surtout au fait que le don de plasma est rémunéré de l’autre côté de l’Atlantique, chose inimaginable en France. « Il y a ici un principe éthique de non-marchandisation du corps humain », souligne le directeur de l’EFS Bretagne, pointant les dérives du modèle américain qui repose « sur une forme d’exploitation de la pauvreté ». Là-bas, les donneurs peuvent également donner tous les deux jours alors qu’on doit en France respecter un délai de deux semaines entre chaque don. « On ne connaît pas les conséquences de donner si souvent donc il y a un vrai risque sur la santé du donneur », assure-t-il.
Alors que la pandémie de Covid-19 a mis en lumière l’enjeu de la souveraineté sanitaire, la France cherche donc à sensibiliser sur le don de plasma avec une grande campagne lancée par l’Établissement français du sang. Un plan plasma a également été mis sur pied par les autorités sanitaires avec l’objectif de collecter 1,4 million de litres de plasma d’ici cinq ans, ce qui représente 700.000 dons supplémentaires chaque année. « La marche est haute, reconnaît Bruno Danic. Mais cela répond à l’ampleur du besoin qui augmente en plus chaque année. »
Pour accélérer dans la collecte, une première maison du don entièrement dédiée au plasma a été inaugurée début juin à Hazebrouck dans le Nord. « C’est une solution mais il va aussi falloir que l’on trouve de nouveaux donneurs », prévient le directeur de l’EFS Bretagne.
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