Le cancer de l'endomètre ou cancer du "corps" de l'utérus est le quatrième cancer chez la femme en France. Il est plus fréquent que le cancer du col de l'utérus mais on en parle beaucoup moins.
Le cancer de l'endomètre ou cancer du "corps" de l'utérus (différent du cancer du "col" de l'utérus) est la quatrième cause de cancer chez les femmes en France. Il touche près de 8000 femmes chaque année, contre 3000 pour le cancer du col de l'utérus et pourtant on le connait moins. Le cancer de l'endomètre est un cancer qui touche surtout les femmes âgées, après la ménopause, autour de 70 ans. "Ce cancer touche la femme ménopausée, souvent obèse, parce qu'après la ménopause, l'endomètre reste stimulé par les œstrogènes contenus dans la masse grasse sans être contrebalancés par la progestérone que les ovaires ne fabriquent plus", nous explique la gynécologue Odile Bagot. Le 31 octobre 2023, l'Agence du médicament a annoncé la mise à disposition d'un nouveau médicament pour soigner les femmes qui présentent une forme avancée de ce cancer : le Jemperli (dostarlimab), fabriqué par le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK). Précisément, Jemperli est indiqué en association avec une chimiothérapie, chez les patientes de plus de 18 ans, atteintes d'un cancer de l'endomètre et candidates à un traitement systémique (qui a une action sur l'ensemble du corps). Il est administré en perfusion.
C'est quoi le cancer de l'endomètre ?
Chez la femme, l'utérus peut être atteint de tumeurs cancéreuses, dont deux types sont distincts :
- le cancer du col de l'utérus dont on entend plus souvent parler (environ 3000 cas par an)
- le cancer de l'endomètre ou cancer du corps de l'utérus (environ 8000 cas par an)
L'endomètre est le nom de la muqueuse utérine, couche de cellules tapissant l'intérieur de cette cavité. Dans plus de 90% des cas, les cancers de l'endomètre prennent naissance dans la première couche de l'endomètre, l'épithélium. On parle d'adénocarcinomes. Le reste étant majoritairement représenté par des sarcomes se développant dans le myomètre ou dans le chorion cytogène de l'endomètre.
Quels sont les symptômes d'un cancer de l'endomètre ?
Dans la grande majorité des cas, le cancer de l'endomètre se découvre devant des saignements vaginaux en dehors des règles chez la femme non ménopausée ou après la ménopause. Une femme ménopausée qui saigne doit consulter un médecin pour en parler. Le cancer de l'endomètre peut aussi être associé à :
- des pertes blanches inhabituelles
- des infections (urinaires ou gynécologiques) récidivantes
- parfois aussi des douleurs dans le bas du ventre, de la fièvre.
Mal de dos ? "Le cancer de l'endomètre n'est pas associé au mal de dos", observe le Dr Odile Bagot.
Pronostic : le cancer de l'endomètre est-il mortel ?
Selon les derniers chiffres publiés par Santé Publique France, le nombre de décès lié au cancer de l'endomètre était de 2 415 en 2018, sur 67 800 décès par cancers enregistrés chez la femme cette année-là, soit 3,6% des décès. Le pronostic de la maladie varie selon son grade et son stade au moment du diagnostic mais "le cancer de l'endomètre est de bon pronostic (survie relative à 5 ans = 95 %) puisqu'il entraîne des signes d'alerte assez tôt. Par conséquent, le diagnostic est posé de façon précoce et les chances de survie sont importantes", indique le Dr Odile Bagot. Les cancers de l'endomètre "ont le meilleur pronostic des cancers gynécologiques, après celui du sein" confirme l'Institut national du cancer sur son site.
Devant des signes évocateurs :
- une échographie endovaginale sera réalisée
- une biopsie d'endomètre au cabinet et/ou une hystéroscopie
Si des lésions sont retrouvées, des prélèvements ou biopsies seront faits pour analyse plus précise.
"Face à une femme ménopausée et en surpoids, on recommande le dépistage systématique du cancer de l'endomètre par des échographies endovaginales régulières"
En cas de cancer, un bilan d'extension sera nécessaire, c'est-à-dire la recherche par divers examens d'autres localisations du cancer par migration de cellules. "Face à une femme ménopausée et en surpoids, on recommande le dépistage systématique du cancer de l'endomètre par des échographies endovaginales régulières", commente la gynécologue. L'imagerie permettra de déterminer le stade et le grade du cancer avant l'intervention chirurgicale. Ils sont définis à partir de la taille de la tumeur, de sa localisation et de son éventuelle propagation.
Quels sont les différents stades d'un cancer de l'endomètre ?
Le cancer de l'endomètre évolue en quatre stades :
- Stade 1 : la tumeur se trouve dans l'utérus.
- Stade 2 : la tumeur s'est propagée au col de l'utérus.
- Stade 3 : la tumeur s'est propagée au-delà de l'utérus et du col (organes génitaux de la femme : vagin, ovaire, trompe de Fallope).
- Stade 4 : la tumeur s'est propagée à d'autres organes comme la vessie, les intestins.
"Les stades sont d'autant plus graves que les cellules cancéreuses pénètrent en profondeur dans le muscle utérin", ajoute la gynécologue.
Quel traitement pour soigner un cancer de l'endomètre ?
Le traitement du cancer de l'endomètre va dépendre de la nature de la tumeur et des résultats des biopsies mais aussi de ceux du bilan d'extension. Classiquement dans les stades peu avancés, une ablation chirurgicale de la totalité de l'utérus ainsi que des structures avoisinantes, trompes et ovaires, sera réalisée : on parle d'hystérectomie totale élargie avec annexectomie. Les ganglions situés à proximité seront aussi prélevés. Parfois une partie du vagin sera aussi enlevée. Une radiothérapie, une chimiothérapie ou une curiethérapie, c'est-à-dire un traitement localisé après implantation d'une source radioactive, seront envisagées en fonction des critères de classification de la tumeur.
"On sait que la prise de la pilule en diminue le risque de manière significative (de même que le risque de cancer de l'ovaire). Le plus important est de lutter contre l'obésité qui représente le principal facteur de risque du cancer de l'endomètre", ajoute la gynécologue. Parmi les autres facteurs de risque de ce cancer : le diabète et un traitement par tamoxifène. Enfin, une puberté précoce et une ménopause tardive sont des facteurs susceptibles d'augmenter le risque.
Merci au Dr Odile Bagot, gynécologue et auteure de "Vagin & Cie, on vous dit tout !" aux éditions Mango.
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