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[VIDEO] Jeux de grattage : "Ça coûte plus cher que la drogue..." Pourquoi ils sont devenus "l'addiction la plus méconnue de France" - LaDepeche.fr

l'essentiel Colorés, ludiques, peu chers, les jeux à gratter sont attractifs, et très addictifs. On en parle moins que l'alcoolisme ou la toxicomanie, pourtant l'addiction aux jeux de grattage est très répandue et fait des ravages. Un Français sur deux est joueur et parmi eux, 6% sont "problématiques". La psychologue clinicienne Elisabeth Rossé, spécialiste des addictions nous parle de ces "gratteux". 

Elle entre dans un café, le plus glauque possible, s'assoit toujours à la même table, commande la même chose que d'habitude et sort une pièce. L'espace d'un instant, tous ses problèmes s'envolent. Elle fait durer le plaisir, car, une fois gratté, c'est fini, plus de mystère, plus de surprise. Pendant ce rituel, elle se balance d'avant à arrière, se berce, recherche cet état de consolation si apaisant, et gratte. Quelques minutes après, la tension reviendra et l'envie de retrouver cet état de sérénité se fera plus fort. Comme cette patiente, de nombreux Français vivent pour ce frisson du jeu à gratter, dans l'attente du "Big Win" (le jackpot). 

Près de 6% des joueurs de cartes à gratter présenteraient un comportement problématique face aux jeux d'argent et de hasard. Élisabeth Rossé les accompagne, dans les locaux de l'association Clémence Isaure, à Toulouse. Elle raconte les dessous d'une addiction singulière. "Contrairement à l'alcool ou à la drogue, l'addiction aux jeux d'argent ne porte pas d'atteinte au corps", c'est au porte-monnaie qu'elle laisse des séquelles. "Ça coûte plus cher que la drogue", assure la psychologue clinicienne.

Une addiction encore sous-estimée

Pourtant, cette maladie n'est reconnue que depuis quelques années (1), et les praticiens spécialisés dans cet aspect bien particulier, de l'addiction se comptent sur les doigts de la main. En cause, la position ambiguë de l'État face à cette dérive. "Comment réguler sa manne financière?", s'interroge la spécialiste toulousaine. "Quand Marc Valleur, l'un des pionniers de la discipline consacrait des financements de la Ddass (direction départementale des affaires sanitaires et sociales) à la prise en charge des accrocs aux jeux d'argent, il se faisait taper sur les doigts", raconte celle qui a travaillé avec lui à l'hôpital Marmottan à Paris. 

Ce n'est qu'en 2008 que les Centre de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (Csapa), regroupant tous les aspects de l'addiction, sont créés. Sur les hauteurs du quartier Matabiau, une équipe pluridisciplinaire reçoit les patients. Parmi eux, plusieurs anciens sportifs en manque d'adrénaline et des personnes accablées de dettes, souvent déjà très isolées par cet appât du gain dévastateur. 

"Le jeu de grattage peut mener à l'isolement et parfois au suicide"

Pour les aider à vaincre l'addiction, Elisabeth Rossé travaille sur différents aspects, la cognition, le comportement et l'aspect médical de l'addiction. "Il faut par exemple qu'ils acceptent qu'ils ne peuvent pas contrôler le hasard", explique la psychologue. "De la même façon qu'en lançant un dé fort, les gens pensent pouvoir faire un 6, certains pensent qu'ils peuvent influer sur le résultat de leur grattage, la superstition joue également un rôle important chez les addicts", détaille-t-elle. Les affichent "Ici un joueur a gagné" font aussi beaucoup de mal. 

La clinicienne travaille également sur les comportements à éviter pour ne pas se laisser tenter, mais là encore, il faut accepter les rechutes. Élisabeth Rossé donne l'exemple d'un patient, conscient de son problème, admettant que les jeux sont la cause d'une grande détresse chez lui, mais se précipitant dans un bureau de tabac à peine sorti de sa consultation... 

Pour oublier, pour vivre cette attente, comparable, dans une certaine mesure à celle de Noël pour les enfants, certains perdent pied. Derrière leur apparence colorée et bon enfant, certains petits cartons à gratter peuvent ruiner des vies. Élisabeth Rossé tient à le rappeler, il n'y a pas de "sous-addiction", les jeux à gratter sont à manipuler avec précaution et à tenir éloignés des mains des enfants.

Sur son site internet, la Française des Jeux rappelle elle aussi les risques liées à une consommation excessive des jeux de hasard : interdiction aux moins de 18 ans, surveillance de pratique et de son budget... le groupe propose également une mise en contact avec des organismes d'aide en ligne et au téléphone.

(1) Un rapport important a été publié par l'Inserm en 2008 : "Jeux de hasard et d'argent : contextes et addictions. Rapport. Paris : Les éditions Inserm, 2008

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