Alimentation
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et peut-être aussi à ceux qui avalent leur bol de céréales aux aurores. C’est en tout cas ce qu’ont observé des chercheurs dans une vaste étude, pilotée notamment par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), publiée jeudi 14 décembre dans Nature Communications. Ses résultats montrent un lien entre l’heure de prise du petit-déjeuner ainsi que du dîner, et le risque de maladie cardiovasculaire – la principale cause de mortalité dans le monde, avec près de 18 millions de décès par an, dont 40 % liés à l’alimentation. En résumé, des repas pris plus tôt et une période de jeûne nocturne allongée semblent réduire le risque de contracter des AVC ou encore des infarctus.
Par exemple, une personne habituée à prendre son petit-déjeuner à 8 heures a, selon les calculs des chercheurs, 6 % de risques en plus de développer une maladie cardiovasculaire par rapport à une autre attaquant ses tartines à 7 heures. Et si elle mange à 9 heures, le risque augmente encore de 6 %. L’heure du dernier repas de la journée a aussi son importance : s’attabler après 21 heures est associé à une hausse du risque de 28 % par rapport à un dîner à 20 heures.
«Horloges biologiques centrales et périphériques»
Pour obtenir ces résultats, les chercheurs se sont appuyés sur les données de plus de 100 000 personnes, qui déclarent depuis 2009 un ensemble d’informations sur leur mode de vie. Tous les six mois, elles enregistrent ce qu’elles ont mangé et à quelle heure sur trois jours. Les scientifiques ont ensuite mêlé ces données avec le risque de chaque participant d’avoir une maladie cardiovasculaire, en écartant des biais statistiques comme le tabac, l’alcool, le manque de sommeil et la qualité nutritionnelle de leurs repas. «On a aussi observé que la durée du jeûne [entre le dernier repas et celui du lendemain, ndlr], pourrait être protectrice si elle est allongée», explique à Libération Bernard Srour, le professeur de l’Inrae qui a coordonné l’étude. Ces résultats nous laissent penser qu’il est préférable d’allonger la durée de jeûne nocturne sans décaler le petit-déjeuner, donc en commençant et en finissant de manger tôt dans la journée.»
Son équipe avait déjà mis en évidence une tendance similaire sur le risque de diabète de type 2 dans une autre étude publiée il y a quelques mois. «On sait qu’il y a des horloges biologiques centrales, régulées surtout par la lumière, et d’autres dites périphériques : pour ces dernières, l’alimentation serait un peu le chef d’orchestre de leur activité. C’est très important, parce que ces horloges-là synchronisent notre tension artérielle, notre température, notre cycle de l’éveil du sommeil, la sécrétion d’hormones…» avance le chercheur en épidémiologie nutritionnelle.
Qualité nutritionnelle
Il y a, bien sûr, déjà eu des recherches liant rythme des repas et santé. Certaines ont montré qu’on serait davantage sensibles à l’insuline le matin – cette hormone qui permet au glucose d’être distribué aux cellules et converti en énergie –, ou intolérants au glucose le soir. D’autres ont avancé un lien entre le saut du petit-déjeuner et la prise de poids.
Reste que ces résultats s’appuient uniquement sur des observations statistiques. Elles ne permettent donc pas, pour l’heure, de tirer des conclusions sur la causalité. La suite du travail des scientifiques de l’Inrae consistera à comprendre ce qu’il se passe dans l’organisme suivant les différents rythmes. L’heure des repas n’est d’ailleurs qu’une partie de l’impact de l’alimentation sur la santé. La qualité nutritionnelle en est une autre, primordiale : avaler des sucreries et des aliments ultra-transformés à l’aube ne sera pas bénéfique pour autant.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Manger tôt le matin et plus tôt le soir pourrait réduire le risque de maladie cardiovasculaire - Libération"
Post a Comment