TÉMOIGNAGE. « Je me suis libéré de devoir cacher ma séropositivité » : Yann vit avec le VIH - Ouest-France

« Aujourd’hui, je vais bien. Je me sens bien avec moi-même et mon travail m’épanouit. » Yann Giuliano, 39 ans, est séropositif depuis quinze ans. Il a appris à vivre avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), le virus du Sida. Tous les matins, il prend son traitement antirétroviral. Deux comprimés à avaler chaque jour. « Pour certains, c’est un poids qui leur rappelle le VIH au quotidien, décrit cet habitant de Thionville, en Moselle. Pour moi, ce sont des super-pouvoirs grâce auxquels je peux vivre comme tout le monde, sans stress non plus pour les relations de couple. »

Aussi, Yann ne souhaite pas passer à une injection de traitement tous les deux mois. Une possibilité désormais offerte par les avancées de la médecine. « Il y a eu d’importants progrès médicaux, relève celui qui veut porter « un message d’espoir » en témoignant. Mais « il y a encore d’importants progrès sociaux à faire. » Lui-même a fait les frais de la discrimination.

« J’ai pensé : “Je vais mourir” »

Retour en arrière. En 2008, le jeune homme fait un dépistage de routine. Il sort d’une relation. Sa deuxième avec un homme. « J’avais 23 ans et j’assumais à peine mon homosexualité, raconte-t-il. Au bout d’un mois, on avait retiré le préservatif. On se faisait confiance mutuellement… »

Mais voilà que le médecin veut le voir pour parler des résultats du test. « J’étais à des années-lumière de me penser positif. J’étais peu renseigné à l’époque. » Ce jour-là, il se retrouve à l’hôpital face au médecin, avec une infirmière à ses côtés. « Il m’a annoncé que j’étais séropositif au VIH. Je ne comprenais pas ce que ça voulait dire. Ça me renvoyait à des choses des années 1990… Puis les mots « virus du Sida » sont sortis de la bouche du docteur… Je suis resté bloqué. J’ai pensé : “Je vais mourir.” » Yann n’écoute alors plus rien. Ses yeux bleus débordent. Il s’effondre en larmes. L’infirmière à ses côtés lui répète : « Il y a des traitements, ça va aller. »

Sous le choc, il a du mal à l’entendre et encore plus à l’intégrer. « On fait toujours l’erreur de confondre le VIH, qui est le virus, et le Sida, qui est la maladie », explique-t-il aujourd’hui. Le VIH peut attaquer le système immunitaire du corps mais, grâce aux traitements, les personnes séropositives peuvent tout à fait avoir une vie longue et en bonne santé. Mais si l’infection n’est pas traitée, elle peut évoluer vers le Sida (syndrome d’immunodéficience acquise).

Lire aussi : Sida : quarante ans après son identification, le VIH n’est que contrôlé

« J’avais honte »

À l’époque, tout ça est flou pour Yann. « Je pensais que j’allais mourir et j’avais honte, confie-t-il. Vous vous sentez coupable. » Aujourd’hui, il l’analyse en observant que les maladies sexuellement transmissibles sont encore très stigmatisées. « La société considère le VIH et le Sida comme des choses sales. » Il se répète alors qu’il aurait « dû faire attention ». Il apprend qu’il a sans doute été contaminé par son second partenaire. « Lui m’a dit que ce n’était pas lui… De toute façon, j’ai ma part de responsabilité. Je n’avais pas envie de remonter à l’origine. J’avais besoin de m’occuper de moi à ce moment-là. »

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