Des chercheurs toulousains du laboratoire IPBS viennent de faire une découverte majeure dans la compréhension des allergies respiratoires. En identifiant une molécule présente dès le départ de l’inflammation dans les poumons, ils ouvrent une porte vers de nouveaux traitements notamment dans l’asthme sévère.
Comprendre ce qui déclenche les allergies respiratoires pour trouver un moyen de soulager des millions de patients (17 millions de personnes sont concernées en France dont 4 millions souffrent d’asthme). Cette quête, Jean-Philippe Girard et son équipe la portent depuis plus de 20 ans à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS), laboratoire toulousain (CNRS/Université Toulouse 3 Paul-Sabatier) spécialisé dans la recherche sur le cancer, les infections et les maladies inflammatoires.
Les chercheurs toulousains étaient déjà reconnus internationalement pour avoir découvert, en 2003, la protéine IL-33 (interleukine-33). En 2018, ils avaient montré que cette protéine était capable de détecter les allergènes et de déclencher une crise d’asthme. Aujourd’hui, ils viennent enrichir le catalogue de la connaissance des mécanismes de l’allergie avec l’identification d’une molécule qui joue un rôle majeur dans le déclenchement de l’inflammation. Leurs travaux sont publiés dans la revue Journal of Experimental Medicine.
A lire aussi : Asthme, détresse respiratoire : elle scrute dans le sang le début de l'inflammation pulmonaire
Deux molécules qui travaillent main dans la main pour alerter
"Jusqu’à présent, deux molécules étaient connues pour être impliquées dans le déclenchement de l’inflammation dans les poumons : IL-33, découverte ici à Toulouse, et TSLP, découverte aux États-Unis. Nous venons d’en découvrir une troisième, TL1A (identifiée par ailleurs dans la maladie de Crohn mais dont on ne savait pas qu’elle était constitutive du poumon). Ces molécules sont des alarmines, des signaux d’alarme émis par les cellules qui tapissent les poumons. Et, dans le cas de TL1A, on voit qu’elle agit en synergie avec IL-33 : en travaillant main dans la main, elles décuplent la réaction inflammatoire. Comme elles interviennent dès le départ, si on les bloque, on empêche la cascade de réactions et c’est ce qui représente un fort intérêt pour les malades", résume Jean-Philippe Girard, directeur de recherche INSERM à l’IPBS, qui a co-dirigé cette étude avec Corinne Cayrol, chercheur CNRS à l’IPBS. L’équipe d’Odile Burlet-Schiltz a été associée pour la partie protéomique (caractérisation des protéines et des cellules immunitaires).
A lire aussi : Un chercheur toulousain récompensé pour ses travaux sur l'asthme
Un espoir pour les patients
"Nous avons travaillé sur le champignon altenaria alternata, une moisissure très présente dans l’air extérieur, mais aussi intérieur, dont les spores se libèrent en nombre dans les situations d’atmosphères chaudes. Dans notre modèle, au laboratoire, après une seule inhalation de cette moisissure, le poumon émet un signal d’alarme en 15 minutes. L’allergène a envahi les voies respiratoires, les alarmines jouent leur rôle d’alerte et activent les globules blancs dans les muqueuses, ce qui déclenche une cascade de réactions inflammatoires", complète Corinne Cayrol.
A lire aussi : ENTRETIEN. "Asthme sévère : des traitements à base d'anticorps monoclonaux font déjà leurs preuves"
Cette découverte avance parallèlement à la progression des traitements à base d’anticorps monoclonaux qui améliorent la prise en charge de l’asthme sévère et bientôt – les chercheurs l’espèrent- de la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), une inflammation chronique des poumons, fréquente chez les fumeurs et contre laquelle il n’existe pas de traitement biologique. "Il y a actuellement six essais de phase 3 à base d’anticorps dirigés contre l’alarmine IL-33 pour la BPCO, c’est presque 10 000 patients, on avance ! Les big pharma investissent des milliards dans ces traitements. Et il n’est pas déraisonnable de penser que, d’ici cinq ans, des patients souffrant d’asthme sévère recevront des anticorps anti TL1A, voire des combinaisons anti IL-33 et TL1A. Comme on peut imaginer que cibler TL1A pourrait également être efficace pour la BPCO", s’enthousiasme Jean-Philippe Girard.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Allergies respiratoires : une découverte majeure pour mieux les comprendre et les traiter - LaDepeche.fr"
Post a Comment