La nutrition, englobant au sens large l’alimentation, la corpulence et l’activité physique, est aujourd’hui reconnue comme un des principaux facteurs modifiables intervenant dans le déterminisme des maladies les plus répandues dans le monde industrialisé : obésité, cancers, maladies cardiovasculaires, diabète…
Les relations entre alimentation et santé sont étudiées de manière transversale, mêlant des approches épidémiologiques, des approches expérimentales sur modèles cellulaires et animaux des approches toxicologiques, microbiologiques ou génétiques.
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Au cœur de la recherche en santé environnementale, l’étude de cohorte examine également les facteurs sociodémographiques, les influences environnementales et les prédispositions génétiques qui peuvent affecter les comportements alimentaires et les résultats de santé.
Ces connaissances ont permis d’établir des niveaux de preuves élevés pour plusieurs facteurs nutritionnels protecteurs ou délétères, qui ont servi de base à l’établissement de la politique nutritionnelle en France, incarnée par le Programme national nutrition santé (PNNS).
Avec :
Mathilde Touvier directrice de recherche à l'Inserm et investigatrice principale de l’étude NutriNet-Santé, professeure du Collège de France en Santé publique sur la chaire annuelle 2022-2023
Grand bien vous fasse !
50 min
"Que ton aliment soit ta seule médecine"
Cette phrase est attribuée à Hippocrate, médecin de la Grèce antique, considéré comme le père de la médecine moderne, et elle illustre également un sujet qui nous intéresse tous, l'importance de l'alimentation dans le maintien de la santé et la prévention des maladies. L'alimentation est bien plus qu'une simple nécessité biologique, c'est un pilier fondamental de notre bien-être physique et mental. Chaque bouchée que nous prenons influe sur notre santé de manière profonde et durable. Aujourd'hui, la prise de conscience de l'impact de notre alimentation sur la santé est plus importante que jamais. Alors que les régimes à la mode et les messages contradictoires pullulent dans les médias, il est crucial de revenir à une approche fondée sur des travaux scientifiques et des recommandations nutritionnelles solides.
Un lien indéniable entre l’alimentation et le risque de maladies
Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'INSERM et investigatrice principale de l’étude NutriNet-Santé, a toujours voulu être "chercheuse en santé humaine" comme elle aimait le dire à l’adolescence. Elle a ensuite fait une école d’ingénieur et des stages en laboratoire, où elle s'est retrouvée en blouse à décapiter des animaux. L’ambiance ne lui a plu que moyennement. Puis, elle a découvert la santé publique et une approche plus globale de l'être humain et des enjeux aussi économiques et politiques : « Cette approche de la santé publique appliquée à notre alimentation et au risque de maladie m’a vraiment intéressé. » Aujourd’hui, elle dirige une équipe d'épidémiologistes nutritionnels à l’INSERM : « On met en place des études sur de grandes populations pour regarder ce que les personnes consomment, leur alimentation, leur activité physique, leur statut pondéral, leur anthropométrique et le risque, au fil du temps, de développer des maladies comme des cancers, des maladies cardiovasculaires, du diabète, mais aussi des maladies mentales, ostéo articulaires ou encore respiratoires. »
L'invité de 6h20
8 min
Des maladies multifactorielles liées à l’alimentation
En moyenne au cours d'une vie, une personne ingère 30 tonnes d'aliments et 50 000 litres de boisson. Aujourd’hui, lorsqu’on s'intéresse à l'obésité, aux cancers, aux maladies cardiovasculaires, ou au diabète, on parle de maladies multifactorielles. Il y a des facteurs génétiques, ceux liés à la pollution, à l'exposition solaire ou encore à l'alimentation qui rentrent en jeu : « Pour arriver à isoler l'effet de tel ou tel facteur nutritionnel, ce n’est pas simple et ça demande de combiner différents types d'études et d’approches en population épidémiologiques et de faire des études expérimentales pour vraiment construire l'image globale et réunir un faisceau d'arguments. »
Les aliments transformés et les additifs alimentaires
Historiquement, les épidémiologistes nutritionnels s’intéressaient à la question du gras et du sucre. Puis, on s’est aperçu qu'il y avait d'autres caractéristiques de nos aliments qui pouvaient jouer, notamment la manière dont on les transforme, c’est ce qu’on appelle les aliments ultratransformés. Ce sont ceux, par exemple, qui sont soit chauffés à très haute température, issue de procédés qui modifient vraiment de manière importante les matrices alimentaires, ce qu’on appelle les extrusions hydrogénées : « C’est tout un ensemble de procédés, par exemple pour fabriquer les céréales du petit-déjeuner. Ils ne ressemblent pas au blé initial comme on le voit dans le champ, il y a des procédés de cracking où on va isoler toutes les parties de certains végétaux pour en refaire des ingrédients et réassembler ça de manière différente. Il y a l'aspect procédé et puis celui de l’ingrédient. Ce sont des aliments qui généralement vont contenir des additifs alimentaires dont on pourrait se passer, qui ne sont pas là pour protéger le consommateur, mais là pour faire joli et pour vendre plus de produits. Avec l'étude nutrition de santé, on a pu montrer que lorsque la part d'aliments ultratransformés augmente dans le régime, cela est associé à une augmentation de risque de cancers, de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2. »
Pour en savoir plus, écoutez l'émission...
L'invité du week-end
18 min
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