Une nouvelle formule du Levothyrox, médicament destiné aux personnes souffrant d’hypothyroïdie, est commercialisée depuis mars. Si de nombreux patients se plaignent d’effets secondaires, l’Agence nationale de sécurité du médicament se veut rassurante. C’est ce que dit le Dr Isabelle Yoldjian, cheffe du pôle des médicaments en endocrinologie à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Entretien.
Vertiges, épuisement, déprime… Plus de 80 000 personnes ont signé une pétition en ligne contre la nouvelle version du Levothyrox, qui serait, selon eux, à l’origine de biens des effets secondaires.
Le Dr Isabelle Yoldjian, cheffe du pôle des médicaments en endocrinologie à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), estime, elle, qu'il est inutile de retirer le médicament du marché.
Pourquoi l’ANSM a-t-elle demandé au laboratoire Merck une nouvelle formule ?
Isabelle Yoldjian : Ce médicament est utilisé en cas d’hypothyroïdie, chez les quelque trois millions d’individus qui font état d’un déficit en hormones thyroïdiennes. Cette maladie peut être auto-immune, mais elle résulte aussi d’une ablation chirurgicale de la glande sécrétrice.
Après analyse pharmaceutique, l’ANSM a constaté que, malgré la prise de Levothyrox, certains patients restaient en situation de déséquilibre hormonal. L’efficacité de la molécule utilisée à l’époque a été remise en cause sur le long terme. Nous avons donc demandé au laboratoire Merck de la retravailler pour la rendre plus stable.
Dans les faits, qu’est-ce qui a changé entre les deux formules du médicament ?
Merck n’a pas changé la substance active du médicament, la lévothyroxine [une hormone de synthèse stimulant la production d’hormones thyroïdiennes, N.D.L.R.]. Ce sont les autres éléments qui composent le médicament, qu’on appelle excipients, qui ont été modifiés.
Le lactose, connu pour ses effets secondaires, a été remplacé par le mannitol, qu’on retrouve dans de nombreux aliments. De l’acide citrique a également été ajouté, ce qui ne pose pas de problème vu qu’il est dépourvu d’effets indésirables. Concrètement, des études ont démontré la bioéquivalence entre les deux formules.
Que va-t-il se passer pour le Levothyrox après les retours des patients ?
On assistera ni à un retrait du marché ni à un rétropédalage vers l’ancienne formule. Ce serait inutile : les désagréments signalés par les patients ne devraient durer que le temps de la période transitoire entre les deux formules. Chacun d’entre eux a sa propre susceptibilité aux différents composants, donc cette durée pourra varier. Il sera également possible de modifier la posologie, si besoin. Mais pas question d’arrêter net le traitement.
Certaines personnes à risques, qui souffrent de pathologies concomitantes, peuvent être exposées à davantage d’effets indésirables. Dans les prochaines semaines, la pharmacovigilance sera importante. Les malades doivent consulter leur médecin s’ils font état d’inconforts. D’une part, parce que je suis certaine que les professionnels font de leur mieux pour les accompagner. Mais, surtout, car c’est ce qui sortira de ces consultations qui nous permettra d’avérer ou non une relation de cause à effet entre le Levothyrox et les désagréments signalés par les patients.
L’ANSM a activé un numéro vert pour répondre aux inquiétudes des patients souffrant d’hypothyroïdie. Le service est joignable du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h, au 0800.97.16.53.
Qu’est-ce que la thyroïde ?
Humeur, libido, croissance… La glande thyroïdienne, située à la base de notre coup, régule une grande partie de notre organisme grâce aux hormones qu’elle sécrète. Il est possible de vivre sans elle, à condition de la remplacer par une hormone de synthèse que l’on retrouve dans le Levothyrox. Avec l’âge, la thyroïde peut nous jouer des tours. Ainsi, elle cause des problèmes à près de 50 % des patients de 50 ans, dont seulement 5 à 7 % sont des cancers. Les dysfonctionnements de la thyroïde concernent environ six millions de Français en 2017. L’hyperthyroïdie, le fait de sécréter trop d’hormones, accélère l’activité de notre organisme, tandis que l’hypothyroïdie la ralentit.
Les femmes sont davantage concernées par les problèmes de thyroïde que les hommes, du fait de facteurs hormonaux qui leur sont propres. La grossesse et la ménopause sont deux périodes à surveiller. Certaines associations de patients dénoncent les conséquences de l’accident nucléaire de Tchernobyl, malgré la réserve de la communauté scientifique à ce sujet. Les médecins misent davantage sur la carence en iodes (sel), dont il faudrait idéalement consommer 150 microgrammes par jour et par personne.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Levothyrox : « Les effets indésirables ne dureront pas », selon l'Agence du médicament"
Post a Comment