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Cancer colorectal : « Mars bleu, où comment un simple test de dépistage m'a sauvée » - Sud Ouest

Florence est une rescapée. Et aujourd’hui cette rayonnante quinquagénaire Bordelaise est devenue la meilleure ambassadrice du dépistage du cancer colorectal qui soit...

Florence est une rescapée. Et aujourd’hui cette rayonnante quinquagénaire Bordelaise est devenue la meilleure ambassadrice du dépistage du cancer colorectal qui soit. Bon, dis comme ça, l’idée n’est pas des plus glamour, n’empêche, son discours est parfaitement rodé. Elle tanne ses copines au club de gym, ses collègues de travail, ses amis en week-end, ses frangines. Elle tanne tous ceux qui autour d’elle, de près ou de loin, ont plus ou moins 50 piges, puisque c’est l’âge minimum requis pour avoir le privilège de participer à la campagne de dépistage du cancer colorectal, qui dure tout le mois de mars. Détail très important, le dépistage ne se limite pas au mois de mars « bleu », on peut aussi s’adonner au test en avril, mai, juin… Seul le résultat compte.

« Évidemment, moi non plus lorsque mon généraliste m’a glissé le test dans mon sac à main l’année dernière, lors d’une consultation j’ai tiqué, se souvient Florence. 55 ans, pleine forme, sportive, je ne bois pas, je ne fume pas, je mange super équilibré. Franchement, je pensais plutôt que mon mari était plus à risque. Je ne me sentais pas concernée. » C’est un peu pour bousculer son mari qu’elle a décidé de le faire ce test, en même temps. Même pas inquiète du résultat, sauf que lorsqu’il est tombé, son mari était négatif et elle… positive. « J’ai repris rendez-vous avec mon médecin, sans panique j’ai pensé que j’avais un polype, bref, il m’a envoyée à la clinique Jean Villar de Bruges, où j’ai été prise en charge par un gastro-entérologue. La suite a été rapide, j’ai fait une coloscopie laquelle a révélé que j’avais un cancer du côlon, carrément. »

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Chaque année, 43 000 Français apprennent qu’ils sont atteints d’un cancer colorectal. Et 1 000 patients perdent la vie des suites de la maladie. Deux chiffres qui pourraient largement diminuer si nous étions plus nombreux à nous plier aux recommandations du dépistage. Et plus précisément à la pratique du test immunologique, c’est-à-dire le prélèvement de selles pour détecter la présence de traces de sang, marqueurs de possibles polypes.

« Je me suis positionnée en mode guerrière »

Je n’avais aucun signe avant-coureur, j’allais parfaitement bien, je n’avais personne dans ma famille touchée par cette maladie

Scanner, prises de sang, opération. Florence a été opérée le 25 mai dernier, le diagnostic ayant été posé moins d’un mois avant. « Quand je suis entrée à la clinique, je me suis positionnée en mode guerrière, Warrior. J’étais prête à la chimiothérapie s’il le fallait, à la radiothérapie. J’étais prête et pas question de me faire plaindre, ça m’aurait fait perdre mes forces, raconte-t-elle. J’étais bien câblée dans ma tête et quand mes amis me répétaient, mais pourquoi toi ? Tu as une vie parfaitement saine. Je les envoyais balader. »

Benjamin Gandouet directeur du centre de coordination des dépistages des cancers en Nouvelle-Aquitaine, il se bat pour aller chercher les usagers jusque devant chez eux.
Benjamin Gandouet directeur du centre de coordination des dépistages des cancers en Nouvelle-Aquitaine, il se bat pour aller chercher les usagers jusque devant chez eux.

Thierry David

En se réveillant de l’intervention chirurgicale, les nouvelles sont bonnes. Le bout du côlon malade a été ôté, et raccordé au sain. Pas de chimio, pas de rayons. Florence a pu rentrer chez elle. « Le cancer a été pris suffisamment tôt et l’histoire s’arrête là, j’ai eu très très chaud, car ce cancer est envahissant, il peut très vite toucher d’autres organes. Aujourd’hui, je suis suivie de près, avec des examens réguliers pour bien contrôler. Je vais bien, je mange encore plus sain, je fais encore plus attention à moi, mais surtout, j’assure une propagande de fou autour de moi pour le dépistage. Je n’avais aucun signe avant-coureur, j’allais parfaitement bien, je n’avais personne dans ma famille touchée par cette maladie. Et pourtant ça peut arriver. J’ai vraiment le sentiment d’avoir échappé au pire, depuis que je milite en faveur du dépistage, j’ai connu trois personnes touchées dans mon entourage, dépistées trop tard. Deux sont mortes. »

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Les pharmacies impliquées

Le Centre régional de coordination des dépistages des cancers Nouvelle-Aquitaine est en ce moment au maximum de sa mobilisation pour inciter les plus réticents à participer à cette opération de santé publique. Benjamin Gandouet, directeur de ce centre régional, ne veut rien lâcher : « Troisième cancer le plus fréquent, deuxième le plus meurtrier, assène-t-il. Ce cancer provoque 18 000 décès chaque année en France, alors que, détecté tôt, il se guérit dans 9 cas sur 10. Nous devons venir à bout des freins. Le test est très simple à réaliser, avant, il fallait prendre rendez-vous chez son médecin-traitant, lequel délivrait un kit de test. Désormais, les pharmacies se sont emparées de cette mission, pour faciliter l’accès des patients au dépistage. Le renoncement à la prévention, c’est un renoncement à la santé ! »

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En Nouvelle-Aquitaine aujourd’hui 2 061 pharmacies sont équipées et ces 1 800 pharmaciens ont été formés. Le dernier dépistage du cancer colorectal s’élève à 34,6 % dans la région, soit 5,2 % de plus que la précédente campagne. « Ça reste insuffisant, déplore Benjamin Gandouet. En plus des pharmaciens, les infirmiers, aides-soignants, les collectivités constituent aujourd’hui une équipe contre le cancer. Notre système de santé est en mutation, la prévention est en cours de développement. Nous allons poursuivre le mouvement pour aller chercher les plus fragiles jusque devant chez eux, puisqu’on sait que ce sont eux, les plus exposés aux cancers. »

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