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Actes médicaux inutiles : entre pression des patients et appât du gain

Une étude et un sondage commandés par la Fédération Hospitalière de France (FHF) et publiée dans le Journal du Dimanche fait état d’un nombre impressionnant de prescription d’actes inutiles. Cinq pratiques chirurgicales courantes ont notamment fait l’objet d’une enquête minutieuse révélant, au-delà du gaspillage, de grosses disparités régionales dans les pratiques.

9 médecins interrogés sur 10 ont déjà prescrit des actes inutiles

Césarienne, pontage coronarien, chirurgie du dos, pose de stent (petit ressort) coronarien ou vasculaire et chirurgie du cristallin : ces 5 interventions ont vu leur consommation jaugée dans chaque département, montrant un écart très important dans les pratiques. Le nombre de pontages coronariens peut ainsi être multiplié par cinquante et les césariennes par vingt d’une région à une autre. « La césarienne est un acte mieux rémunéré qu’un accouchement par voie basse », explique Frédéric Valletoux, président de la FHF, à RTL. C’est aussi un acte « qu’on peut programmer », ce qui est plus confortable.

Du côté des professionnels de santé sondés, le constat est tout aussi alarmant : 88 % avouaient avoir déjà prescrit des actes inutiles. « On ne parle pas que des opérations », précise Frédéric Valletoux, mais aussi d’examens médicaux répétés ou inutiles, comme « une IRM à la place d’un scanner », pourtant moins coûteux, pour être sûr de se couvrir vis-à-vis de patients de plus en plus exigeants.

30 à 50 milliards d’euros gaspillés

Chacun de ces actes médicaux sont en effet rémunérés à la Tarification à l’Activité (T2A), qui prévoit un montant fixe encaissé par l'établissement pour chaque type de prise en charge. Ainsi, certaines interventions sont considérées comme particulièrement rémunératrices. « Certains établissements se concentrent presqu’exclusivement sur des gestes rémunérateurs et programmables, comme la cataracte par exemple », commente Frédéric Valletoux. Dans un contexte d’austérité dans les hôpitaux, beaucoup de praticiens sont donc tentés d’intervenir plus qu’il ne le faudrait pour que l’établissement soit rémunéré… Ou pour justifier l’emploi d’un infirmier ou d’une sage-femme que l’on souhaite conserver.

Résultat, selon Frédéric Valletoux, « en 2017 en France, selon le territoire où l’on habite on n’est pas pris en charge de la même manière ». Il affirme que ce constat est connu depuis des années parmi les spécialistes, mais juge l’alerte de l’opinion publique nécessaire pour faire bouger les choses. « Il nous faut une volonté politique pour réduire les écarts entre les pratiques », dit-il. Ces examens peu utiles coûtent selon lui entre 30 et 50 milliards d’euros, argent qui pourrait « être réinjecté pour sauver notre système de santé » et qui correspondrait aux 30 % de dépenses de santé qu'Agnès Buzyn considérait comme "non pertinentes" le 22 octobre 2017.

Demander un second avis… Et relâcher la pression

Finalement, pour éviter au mieux de soi-même subir des actes inutiles, c’est à la restauration de la confiance qu’appelle la FHF. « Ces actes inutiles, c’est aussi des médecins qui se protègent contre les poursuites », explique Frédéric Valletoux, mettant en cause « la pression qu’exerce le patient » qui parfois jugent trop « de la qualité du médecin à la longueur de l’ordonnance ».

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https://www.sciencesetavenir.fr/sante/actes-medicaux-inutiles-entre-pression-des-patients-et-appat-du-gain_118666

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