
Alors que Lactalis avait déjà rappelé douze références de laits infantiles fabriqués dans son usine de Craon (Mayenne), le 2 décembre, pour cause de salmonelles, l’établissement a retiré 600 lots de la vente dimanche. Plusieurs millions de boîtes et des tonnes de lait sont concernées. «En vertu d'un arrêté préfectoral, l’usine ne pourra reprendre sa production sans les mesures correctives qui s'imposent», a indiqué le directeur général de la Santé, Benoît Vallet. Le fonctionnaire a précisé que cet arrêt concerne uniquement la production de lait maternisé, en particulier la partie de séchage où les prélèvements positifs ont été réalisés.
Ce lundi, le papa d’un bébé de deux mois a porté plainte contre la société Lactalis pour «mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger», selon France Bleu Mayenne. En outre, il entend monter un collectif pour que les familles concernées par une éventuelle contamination par des salmonelles puissent lancer une action de groupe contre Lactalis. Ce même jour, Kruidvat, une chaîne néerlandaise de magasins, a retiré de la vente une série de laits infantiles de sa propre marque risquant d’être contaminés par des salmonelles.
Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de 60 millions de consommateurs, magazine publié par l’Institut national de la consommation (INC), revient pour Libération sur cet épisode de salmonellose.
Selon le porte-parole Lactalis, une «cause probable de contamination» a été détectée début mai dans une tour de séchage de Craon. Pourquoi a-t-il fallu attendre aussi longtemps pour l’apprendre? Et pourquoi les produits fabriqués n’ont-ils pas fait l’objet du sacro-saint «principe de précaution» et retirés préventivement de la vente?
Les seuls à pouvoir répondre, c’est Lactalis. Là où j’ai une incertitude, c’est par rapport à la contamination. A quel moment cette dernière, qui remonte au mois de mai, a-t-elle été identifiée? C’est un point que j’ignore, mais il est essentiel.
Quelle peut être la cause d’une telle contamination?
Les bactéries salmonelles, on les trouve un peu partout dans l’environnement. On les trouve aussi dans les intestins, notamment des volailles. Quand on se retrouve avec ce type de contamination, c’est, généralement, qu’il y a des problèmes de pratiques d’hygiène, lesquelles devraient être scrupuleuses, surtout dans une usine fabriquant des aliments pour bébés. Tous ces scandales alimentaires font parfois très peur au consommateur, mais il ne faut pas faire de comparaison avec certains scandales comme les œufs au fipronil et les lasagnes à la viande de cheval, où là il y avait eu une fraude.
Connaissez-vous des précédents aussi importants de contamination alimentaire de produits infantiles?
En 2005, une épidémie de salmonellose a concerné du lait infantile en poudre. 150 nourrissons avaient été touchés. En 2008, un autre précédent, qui lui ne concernait pas les enfants, s’est produit en région Rhône-Alpes sur de la charcuterie, de la rosette pour être précis. Mais au-delà de ces épisodes qui peuvent de façon ponctuelle toucher beaucoup de gens, il faut être conscient que les rappels de produits pour cause de salmonelles ne sont pas rares. A 60 millions, nous suivons au jour le jour, semaine par semaine, ces rappels de produits par les fabricants. L’an passé, nous avions étudié les rappels sur une période de deux années: 15% des rappels étaient faits pour cause de salmonelles. Généralement, il s’agit de charcuterie, de fromages…
Avez-vous eu vent dernièrement de telles contaminations?
Depuis septembre, une dizaine de produits alimentaires ont connu des soucis dus aux salmonelles: du chorizo, du reblochon, des salades prêtes à manger, du saucisson sec, des moules… De plus, une étude qui remonte à quelques mois estimait les conséquences des infections alimentaires liées aux salmonelloses à quelque 4200 hospitalisations et 67 décès en moyenne chaque année.
Quel impact peut avoir cet épisode sur la confiance entre les producteurs et les consommateurs, notamment concernant les populations les plus fragiles comme les nourrissons?
A chaque fois qu’il y a eu des crises sanitaires autour de l’alimentation, cela s’est évidemment vu sur la courbe des ventes des produits concernés. Là, les parents vont bien être obligés de continuer d’acheter du lait en poudre. Donc on peut imaginer que l’effet va être limité aux marques concernées. Les questions sont: combien de temps va durer cet effet? A quel moment y aura-t-il un rebond? Combien de temps va-t-il falloir pour restaurer la confiance des consommateurs?
Le site Lactalis de Craon, en Mayenne, où s’est déroulée la contamination, peut-il être menacé?
Si j’ai bien compris, ce site ne produit pas que du lait infantile. Ce qui est indéniable, c’est qu’il s’agit d’un choc important pour l’industriel. A la fois en termes d’image et sur le plan financier. Mais ce n’est pas ma préoccupation première, qui concerne les impacts sur la santé des consommateurs.
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