Contrairement aux idées reçues, utiliser des coupes menstruelles ou des tampons bios ne protègent pas plus du syndrome du choc toxique, cette maladie infectieuse rare et aiguë, potentiellement létale, causée par une toxine bactérienne qui pénètre dans la circulation sanguine à la suite d'une infection par un agent pathogène. C'est en tout cas ce que démontre une nouvelle étude publiée dans le journal de la Société américaine de microbiologie Applied and Environmental Microbiology.
"Nos résultats ne soutiennent pas l’hypothèse qui suggère que les tampons composés exclusivement de coton bio pourraient être intrinsèquement plus sûrs que ceux faits d’un mélange de coton et de rayonne, explique Gérard Lina, professeur de microbiologie à l’université Claude Bernard de Lyon. Nous avons observé que l’espace entre les fibres qui contribue à l’apport d’air dans le vagin représente également le site majeur de croissance du staphylocoque doré (bactérie à l’origine du choc toxique, NDLR)." La croissance du staphylocoque doré est ainsi plus importante au sein des tampons dont la matière à été déstructurée lors de la fabrication, que dans les tampons non modifiés.
Le risque de staphylocoque doré plus élevé avec le cup
Les résultats de l’étude démontrent par ailleurs que les coupes menstruelles ne sont pas plus sûres que les tampons et qu'elles nécessitent des précautions similaires. Les chercheurs ont même observé une croissance plus importante du staphylocoque doré et une production de toxines plus élevée dans les coupes menstruelles que dans les tampons, peut-être en raison de l'air supplémentaire introduit dans le vagin par ce type de protection.
Quinze produits de protection intra-vaginale actuellement commercialisés ont été testés par les chercheurs, soit 11 types de tampons et quatre types de coupes menstruelles. Ils ont utilisé la méthode "du sac de tampon modifié" ("modified tampon sac method") en plaçant d’abord les tampons et les coupes dans des sacs en plastique, puis en injectant du liquide et une trace de bactérie prélevée sur une patiente ayant subi un choc toxique en 2014, et enfin en les fermant et en les laissant ainsi pendant huit heures. Aucune des études précédentes portant sur le choc toxique et les produits de protection intra-vaginale n’avaient jusqu’ici incluent les coupes menstruelles, pourtant très à la mode.
Quels sont les risques pour la santé ?
Les coupes menstruelles et les tampons bios doivent donc être changés le plus régulièrement possible. Les femmes utilisant les coupes menstruelles doivent également les faire bouillir avant chaque utilisation.
"Certaines femmes sont porteuses du staphylocoque doré, une bactérie qui n’est normalement pas dangereuse, explique à LCI le Dr Gérard Lina, biologiste médical au CHU de Lyon. Mais porter un tampon de manière prolongée peut la 'bloquer' au niveau du vagin. Alors, elle se multiplie et produit des toxines dangereuses", et un potentiel choc toxique. La plupart de ces infections sont faciles à guérir sans séquelles à deux conditions : prendre rapidement des antibiotiques et espérer que ceux-ci ne sont pas face à un microbe résistant. Dans le cas contraire, l'irrigation sanguine diminue et la tension artérielle s'abaisse, ce qui peut provoquer une perte de conscience, un coma ou un décès dans les cas les plus graves. Le poison bactérien peut attaquer les muscles, les reins, le foie, le coeur et les poumons, et être à l’origine d’amputation.
Depuis la fin des années 90, les cas de chocs toxiques augmentent chaque année en France : 5 en 2014, 19 en 2011 et 22 en 2014. Preuve de plus que la guerre contre la résistance aux antibiotiques due à notre surconsommation de ces médicaments (et leur utilisation dans l’élevage) est loin d’être gagnée.
L'impact écologique
En moyenne, une femme utilise 11 000 tampons au cours de sa vie. En matière de pollution, ils ont un impact considérable : selon un classement des déchets plastiques établi en 2016 par l’ONG Surfrider, les applicateurs de tampons figurent parmi les dix déchets plastiques les plus fréquemment présents dans les océans. Les serviettes aussi ont une empreinte écologique. D’après le livre Flow: The Cultural History of Menstruation, (Flux: l'histoire culturelle de la menstruation), une femme jette en moyenne à la poubelle, et dans sa vie, entre 100 et 150 kg de "serviettes, tampons et applicateurs".
Depuis quelques années, les femmes ont davantage de choix dans leurs protections intimes. Qu’il s’agisse de coupes menstruelles, de serviettes lavables ou de tampons en coton bio, toutes sont plus écologiques. Si les femmes se tournent de plus en plus vers ces produits d’hygiène intime alternatifs, c’est aussi parce qu’ils sont plus respectueux de la santé des femmes. À l’heure où les grandes marques de produits d'hygiène féminine ne cessent de devoir se justifier sur la composition de leurs produits et sont régulièrement mis en cause dans les cas de syndrome du choc toxique, ces nouvelles protections apparaissent comme plus sûres pour qui veut prendre soin de sa santé intime tout en limitant son empreinte écologique.
*Le syndrome du choc toxique (SCT) est une maladie infectieuse rare et aiguë, potentiellement létale, causée par une toxine bactérienne qui pénètre dans la circulation sanguine à la suite d'une infection par un agent pathogène.
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