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Plan autisme : le grand défi de la scolarisation

La philosophie d'inclusion du plan est saluée mais les moyens sont jugés insuffisants pour mettre tous les enfants à l'école.

Toute la génération des enfants autistes nés en 2018 aura-t-elle sa place sur les bancs de l'école en 2021? C'est en tout cas un des objectifs les plus ambitieux du quatrième plan autisme, dévoilé vendredi par le premier ministre, Édouard Philippe, et la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel. Très attendue par des familles excédées par la difficulté de la France à rattraper ses «quarante ans de retard» sur la prise en charge de l'autisme, cette nouvelle stratégie sur cinq ans (2018-2022), entièrement fondée sur l'inclusion, a été globalement bien reçue par le milieu associatif. Son budget de 344 millions d'euros, contre 205 millions pour le plan précédent, a cependant été jugé encore insuffisant.

Le budget dédié à la scolarisation stricto sensu s'élèvera à 103 millions d'euros. Cette somme doit notamment servir à tripler le nombre d'unités d'enseignement maternel autisme (UEMa)

Des doutes persistent donc sur la mise en œuvre de ces fortes ambitions. Il faut dire que le défi est de taille. Car aujourd'hui, les portes de l'école restent le plus souvent closes pour les enfants autistes. Seuls 30 % d'entre eux sont scolarisés à la maternelle et, en moyenne, moins de deux journées par semaine. À l'âge de l'élémentaire, seuls 40 % des enfants autistes sont scolarisés à l'école ordinaire, pointent également les services de Matignon.

Pour répondre au défi de la scolarisation, le gouvernement a prévu d'actionner plusieurs leviers. Le premier est la création à partir du 1er janvier 2019 d'un «forfait d'intervention précoce», soit le remboursement par l'Assurance-maladie des séances avec des thérapeutes (psychomotriciens, ergothérapeutes…), dès la détection des premiers troubles. Cet accompagnement au début de la vie de l'enfant, avant l'âge de l'école, devrait permettre à certains d'entre eux de rattraper leur retard ou d'éviter de le creuser. Une manière de mieux les préparer à intégrer l'école.

Le budget dédié à la scolarisation stricto sensu s'élèvera à 103 millions d'euros. Cette somme doit notamment servir à tripler le nombre d'unités d'enseignement maternel autisme (UEMa) - au nombre de 110 aujourd'hui - à même d'accueillir des enfants touchés par des troubles sévères. Ces dernières ne comptent cependant que très peu d'élèves (moins d'une dizaine). Des unités d'enseignement élémentaire vont également être créées pour des enfants à partir du CP et le nombre d'Ulis (Unités localisées pour l'inclusion scolaire) sera augmenté. Malgré ces efforts, «le nombre de places ne semble pas suffisant alors que 8.000 enfants autistes naissent tous les ans», relève Sophie Biette, administratrice et spécialiste des questions autisme à l'Unapei.

«Si on ne forme pas spécifiquement certaines AVS à l'autisme et qu'on ne les fidélise pas, on n'arrivera à rien»

Olivia Cattan, présidente de l'association SOS Autisme France

Pour les enfants autistes accueillis à l'école «ordinaire», le plan mise sur le recrutement de 100 enseignants spécialisés sur l'autisme, soit un par département, pour soutenir les équipes pédagogiques sur le terrain. Des équipes médico-sociales ou libérales pourraient également intervenir dans les classes en renfort.«Les enseignants ont impérativement besoin d'être soutenus mais il ne faut pas que cette aide soit saupoudrée, juge Francette Popineau, du syndicat d'enseignants Snuipp-FSU. Il faudrait plutôt 500 enseignants spécialisés pour mailler le territoire.»«I l semble difficile d'accueillir correctement des écoliers autistes dans des classes de trente. D'autant que certaines classes comptent plusieurs enfants handicapés ou en difficulté. Ces classes devraient impérativement être dédoublées», abonde Sophie Biette.

Enfin, le gouvernement promet de professionnaliser et de valoriser les AVS (auxiliaires de vie scolaire), ces personnes qui aident les enfants handicapées à l'école. Peu rémunérés, peu formés, souvent en contrat de courte durée, ces accompagnants sont difficiles à recruter. Mais les associations et les parents craignent que le nouveau plan ne mette pas fin à leur «galère» de recrutement et de fidélisation de ces aides indispensables. «Si on ne forme pas spécifiquement certaines AVS à l'autisme et qu'on ne les fidélise pas, on n'arrivera à rien», lance Olivia Cattan, présidente de l'association SOS Autisme France. Également maman d'un enfant autiste, elle paye aujourd'hui 3.000 euros par mois une AVS privée pour permettre à son fils d'aller à l'école. Un montant à mettre en regard avec les 850 euros d'allocation «handicap» qu'elle reçoit… Face au manque de professionnels formés à l'autisme, la facture des familles risque de rester lourde. «L'école française doit être l'école de tous les enfants. Mais pour que cette école inclusive soit bien vécue par tout le monde, il faut impérativement un accompagnement à la hauteur», avertit Francette Popineau.

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