- Ce mardi, la psychiatre Donata Marra rendait son rapport au gouvernement sur la Qualité de vie des étudiants en santé.
- La ministre de la Santé et la ministre de l'Enseignement supérieur ont dévoilé dans la foulée quinze mesures pour améliorer les bien-être des étudiants en santé.
- Mieux encadrer les stages, faire de la prévention, créer un centre national d'appui... Voici les principales pistes pour lutter contre les souffrances avérées des futurs soignants.
Comment soigner avec bienveillance quand on est soumis à un stress, des angoisses, des remontrances, voire une maltraitance ? Il y a moins d’un an, les syndicats d'étudiants en médecine pointaient la grande souffrance des apprentis soignants. Ce mardi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, et de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ont présenté ce mardi quinze mesures contre la souffrance des étudiants en santé.
Face à certaines situations de souffrance des étudiants en santé, nous avons décidé avec Frédérique Vidal de confier au Dr Donata Marra, une mission en juillet dernier. Objectif : mieux comprendre ces situations pour mieux agir. #PrendreSoinDesSoignantspic.twitter.com/K71cLOJwzj
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) April 3, 2018
Un plan large, ambitieux et un poil flou qui suscite la satisfaction des associations d’étudiants en médecine… toutefois prudentes.
Présentation ce matin du rapport du Dr Donata Marra au Ministère @sup_recherche qui propose la mise en place d’une force spécifique vers l’ensemble des étudiants en santé. Une initiative que nous saluons. Des objectifs doivent être atteints ! cc @VidalFrederique@agnesbuzyn
— ISNI (@ISNItwit) April 3, 2018
C’est la psychiatre Donata Marra, qui a planché sur le sujet et remis sa copie ce mardi. Quels sont les principaux engagements annoncés ?
Un centre national d’appui
Principale innovation, souhaitée par Donata Marra, la création d’un centre national d’appui en lien avec les associations étudiantes. Objectif ? Organiser la formation pour les enseignants et les étudiants, identifier les facteurs de risques psycho-sociaux propres aux étudiants, proposer un site d’informations et de formations.
«Le centre national d’appui, chargé de coordonner les actions et de suivre l’évolution de la situation ne devra pas se limiter à un simple rôle d’observatoire, nuance dans un communiqué l'ISNAR-IMG (InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale). Il devra également être une ressource, un soutien, et surtout une référence en termes de recherche en pédagogie.»
« On y met beaucoup d’attente, complète Yanis Merad, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Aujourd’hui, la formation de nos enseignants à la pédagogie et à l’encadrement manque vraiment, ce qui mène à des situations difficiles en stage. On espère que ce centre pourra faire des propositions pour améliorer les maquettes pédagogiques, servira de baromètre actualisé et général sur la souffrance des étudiants en santé. »
Faciliter la prévention
Pour aider les étudiants qui ont besoin de soutien, chaque faculté de santé sera dotée d’une « structure d’accompagnement » pour faciliter le « dépistage des signes de souffrance mentale » et « l’obtention d’un avis psychiatrique », selon le communiqué du ministère de la Santé. L’ensemble des formations en santé devront par ailleurs inclure « un module transversal concernant les risques psycho-sociaux et la gestion du stress ».
Des « structures régionales » seront en outre créées « en lien avec les associations étudiantes » afin de trancher les « difficultés non résolues localement, notamment pour les internes ». Enfin, Santé Publique France s’appuiera sur les associations étudiantes, qui connaissent bien le sujet, pour réaliser un clip sur les risques des maladies psychiques.
Encadrer mieux les stages
Les conditions de travail des stagiaires seront aussi au programme, avec des objectifs comme le « respect strict du repos de sécurité » et la « limitation à 48 heures du temps de travail hebdomadaire ». Un préalable nécessaire pour Yanis Merad. « Quand on a une garde la veille d’un partiel, on ne fait pas le fier ! », résume le président de l’ANEMF. Qui nuance : « on salue cette volonté de respecter mieux le repos de garde et le temps de travail. Mais il faudrait aussi parler de l’intérêt, du contenu du stage, alors que les tâches administratives sont de plus en plus nombreuses. »
Une question qui pourrait peut être être abordée lors « d’une évaluation systématique par les étudiants, et ce, dans toutes les filières des stages », dévoilée ce matin par Agnès Buzyn. Ces évaluations devront permettre, le cas échéant, de déclencher une procédure de réexamen de l’agrément ou des conventions des terrains de stage.
@agnesbuzyn : "Les lieux de stage doivent être évalués systématiquement par les étudiants et leur agrément ou leurs objectifs pédagogiques revus et réévalués en conséquence". Remise du rapport #Marra au @sup_recherche cc @ANEMF@ISNItwit@ISNARIMG
— Samuel Valero (@Samuel_ANEMF) April 3, 2018
Repenser les études de médecine
Mais ces mesures abordent plus largement la philosophie des études de médecines. Le plan prévoit de « repenser les cursus » pour « sortir d’une logique de compétition », en particulier lors des épreuves classantes nationales (ECN), qui déterminent la spécialité des futurs internes en médecine et dont les ministres souhaitent la « disparition dans sa forme actuelle ».
>> A lire aussi : Plan de prévention santé: A quoi va ressembler le service sanitaire?
Le statut d’enseignant, problème oublié ?
Des formulations assez vagues pour le moment… Si l’ANEMF applaudit des deux mains la prise de conscience au plus haut niveau des souffrances de ces futurs soignants, elle souligne qu’une question clef a été survolée : le statut des enseignants.
Nous avons entendu les signaux sur les conditions d'études des étudiants en santé. Nous mettons en place des mesures concrètes, pragmatiques et opérationnelles pour y répondre. #PrendreSoindesSoignantspic.twitter.com/KpglN6VmFr
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) April 3, 2018
« Aujourd’hui, de plus en plus de médecins se détournent de l’enseignement, souligne Yanis Merad. Car les hospitalo-universitaires partagent leur temps entre patients, cours et recherche. Souvent, la pédagogie est reléguée au dernier plan. Il faut séparer les missions pour avoir des gens qui font uniquement de la pédagogie et valoriser ce choix. Aujourd’hui, tout le monde fait mal un peu de tout alors qu’on peut dans une équipe se répartir les missions. C’est dommage que cette question, le nerf de la guerre pour nous, n’ait pas été abordée… »
Autre regret : « pratiquer sur des mannequins, favoriser les jeux de rôle, échanger avec des patients-experts sont des façons de limiter le stress, reprend le président de l’ANEMF. Or, on a du mal à financer des centres de simulation qui devraient être proposés dans tous les CHU ».
Mais plus largement, les étudiants attendent de voir comment ces annonces vont se concrétiser. « Il faut que tout le monde s’implique dans ces mesures, conclut Yanis Merad. Il y a des choses à améliorer sur le plan législatif, mais il faudrait surtout valoriser une bienveillance des formateurs par rapport aux étudiants, des stagiaires entre eux. Et par extension aux patients. »
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