Une étude publiée par The Lancet délimite le niveau de consommation sans danger exagéré à 100 g d'alcool pur par semaine et dénonce le laxisme de certains pays en matière de santé publique autour des risques liés à l'alcool.
Un petit rouge à midi la semaine, un repas d'affaires gastronomique conclu au digestif, un apéro un soir par-ci par-là, un pot de départ au bureau, une soirée d'anniversaire le samedi et le repas de famille du dimanche avec un risotto maison accompagné de Fiano Don Chisciotte, les occasions de boire sont nombreuses, sans se forcer, mais pas sans risques. Une étude publiée par The Lancet permet aujourd'hui de déterminer le plafond de consommation d'alcool jusqu'où le risque de mortalité est minimal.
A partir de 83 études médicales issues du monde entier -et des données sur la durée de vie et les causes d'une éventuelle mort chez environ 600.000 sujets buveurs, les chercheurs ont établi, tout en rappelant que le risque 0 n'existe pas, que le niveau de consommation sans danger exagéré est de 100 g d'alcool pur par semaine. Soit 10 verres de bière (25cl), de vin (10cl) ou d'alcool fort (3cl).
Diminution de l'espérance de vie
Plus préoccupant, l'étude précise qu'à partir de 40 ans, on diminue son espérance de vie de 6 mois avec 10 à 20 verres par semaine, d'1 à 2 ans avec 20 à 35 verres, et de 4 à 5 ans avec plus de 35 verres. Une donnée particulièrement intéressante pour Michel Reynaud, professeur de psychiatrie et d’addictologie : "on voit que l'espérance de vie diminue à partir de 10 verres par semaine, et de façon exponentielle. Avec d'autres spécialistes, nous clamons depuis des années que quand on en est à 2 verres par jour, on a un petit risque de mourir, et plus on augmente le nombre de verres, plus ce risque grandit. Eux l'ont pris d'une autre manière qui est la diminution du nombre d'années de vie, c'est plus parlant." Et d'ajouter : "mais il y a encore plus parlant comme constat à faire à partir de cette étude. C'est que chaque verre, au-delà des 10 verres par semaine, vous fait perdre 15 minutes de vie."
Et cette consommation a des conséquences, comme l'alertent régulièrement les pouvoirs publics et les spécialistes de santé publique. "La connaissance des dommages augmente", précise Michel Reynaud, "le fait que la consommation d'alcool est en lien avec la démence précoce, les conséquences de la consommation d'alcool pendant la grossesse (et pas que le grand syndrome d'alcoolisme fœtal), la notion de dépendance. Il n'y a que les dommages sociaux qui ne sont pas encore bien perçus, comme les violences conjugales, les violences sexuelles, etc... Tous les résultats des études sont publiés dans les médias scientifiques et généralistes. La population perçoit mieux les dangers et semble de plus en plus prête à accepter des mesures de santé publique."
Laxisme mondial
Mais d'un pays à l'autre, le niveau d'alerte varie et les politiques publiques aussi. The Lancet pointe le laxisme d'un certain nombre de pays en matière de recommandations de santé publique autour des risques liés à l'alcool. L'Italie, le Portugal, les Etats-Unis ou encore l'Espagne par exemple qui tolère jusqu'à 4 verres par jour. "L'Europe est la région la plus consommatrice d'alcool, donc il n'est pas étonnant de retrouver un tel constat pour des pays comme l'Espagne, l'Italie, le Portugal", confirme l'addictologue. Un constat qui explique que, toujours selon l'étude, 50% des buveurs disent consommer plus de 10 verres par semaine.
Avec 49 000 morts liés à la consommation d'alcool par an, la France, suite à une recommandation d'experts indépendants, a déjà abaissé la limite à 10 verres par semaine maximum. Les campagnes de sensibilisation sont efficaces, mais la pédagogie est encore nécessaire face aux idées-reçues et aux traditions qui ont la vie dure. Michel Reynaud : "l'alcool est dangereux pour la santé. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas agréable, que ça ne fait pas partie du patrimoine français et du plaisir. Je pense qu'on a le droit d'être informé que lorsqu'on est au-delà de 10 verres, on augmente un peu son risque. Et lorsque qu'on est bien au-delà, on augmente considérablement son risque."
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