L'Organisation mondiale de la santé a annoncé ce vendredi qu'elle se préparait au «pire des scénarios» concernant la propagation de l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo (RDC). Le pays fait face à une nouvelle épidémie. De nouveaux cas suspects ont été détectés.
Alors que la République démocratique du Congo fait face à un nouvel épisode de l'épidémie d'Ebola, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé «élevé» le risque de propagation de l'épidémie ce vendredi, alors qu'un nouveau cas suspect a été admis à l'hôpital central de Bikoro (nord-ouest de la RDC). Des épidémiologistes de l'OMS et des équipes de Médecins sans frontières se sont rendus sur place afin d'évaluer l'ampleur de l'épidémie. L'OMS a annoncé ce vendredi qu'elle se préparait au «pire des scénarios». «Nous sommes très préoccupés et nous nous préparons à tous les scénarios y compris au pire», a alerté Peter Salama, le directeur du Programme de gestion des situations d'urgence de l'OMS, lors d'un point de presse à Genève. Le directeur a précisé que l'agence avait comptabilisé trente-deux cas, dont dix-huit décès, dans la région de Bikoro (nord-est de Kinshasa) entre le 4 avril et le 9 mai. Toutefois, la fièvre d'Ebola n'est pour l'heure confirmée que dans deux des dix-huit décès.
«La situation est absolument désastreuse sur le plan de l'infrastructure»
Sur place, l'OMS qui dispose déjà d'experts, espère mettre en place un laboratoire mobile dès ce week-end. Une autre équipe de 30 à 40 personnes, comprenant notamment des épidémiologistes, des logisticiens et des spécialistes des vaccins, doit aussi être envoyée. Un vaccin expérimental contre le virus pourrait également être distribué mais l'OMS attend l'autorisation des autorités de la RDC pour l'administrer. Peter Salama a toutefois mis en garde sur le fait que ce vaccin n'était pas d'une utilisation aisée et n'agissait pas comme une baguette magique.
Le directeur de l'OMS a également déclaré que l'ONU espérait mettre en place un pont aérien dès «ce week-end», qui disposerait d'hélicoptères pour acheminer le matériel nécessaire. Mais il n'existe à ce jour aucune piste pour atterrir. «La situation est absolument désastreuse sur le plan de l'infrastructure, il y a très peu de routes pavées, d'infrastructures électriques, très peu d'eau et d'infrastructures sanitaires», a déploré Peter Salama. Et d'ajouter que «l'accès est extrêmement difficile. Il faut 15 heures en moto depuis la ville la plus proche», ajoutant que «la réponse sera très compliquée et coûteuse».
Le risque de propagation élevé
Les cas les plus nombreux recensés se trouvent dans le village d'Ikoko Impenge, dans une zone frontalière du Congo-Brazzaville (à 600 km au nord-ouest de Kinshasa), et difficile d'accès. Alors même si l'épidémie semble à ce jour «géographiquement limitée (...) dans une région éloignée» l'agence alerte que «trois emplacements distincts» ont été signalés et que trois des trente-deux cas recensés font partie du personnel soignant (dont un est mort). Élément qui préoccupe très fortement l'OMS, pouvant en effet avoir un rôle «d'amplificateur» de l'épidémie.
L'agence alerte ainsi que le risque immédiat serait de voir la maladie se propager dans la ville de Mbandaka (Équateur), qui compte un million d'habitants. «Si une ville de cette taille est gagnée par la maladie d'Ebola, il y aura un important foyer urbain, ce qui sera un vrai défi». «Lorsqu'Ebola gagne des zones urbaines, notamment des bidonvilles, il est extrêmement difficile de venir à bout de la maladie», a continué Salama. Neuf pays voisins ont également été mis en «état d'alerte».
Peu d'informations et aucune disposition prise
L'alerte a été donnée suite à l'analyse de cinq échantillons prélevés chez des cas suspects par l'Institut national de recherches biologiques (INRB) de Kinshasa le 6 mai. Deux se sont révélés positifs. Et les premiers tests montrent qu'il s'agit de la souche «Zaïre» de la fièvre hémorragique, l'une des plus grave. Mais à ce jour, les habitants restent très mal et peu informés sur cette épidémie. Fabien Mongunza, un représentant de la société civile dans la ville de Mbandaka explique qu'«officiellement, aucune disposition n'est prise», alors que la fièvre hémorragique Ebola vient d'un virus qui se transmet par contact physique avec des liquides corporels infectés (notamment le sang).
L'épidémie d'Ebola la plus violente de l'histoire avait frappé l'Afrique de l'Ouest entre fin 2013 et 2016, causant plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés, à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. L'OMS avait alors été vivement critiquée pour la lenteur de sa réaction, beaucoup l'accusant d'avoir beaucoup trop tardé à décréter une «urgence de santé publique de portée internationale». La dernière épidémie en RDC remonte à 2017. Rapidement circonscrite, elle avait fait officiellement quatre morts.
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