Achats compulsifs, hyperactivité sexuelle, addiction aux jeux d’argent... Une nouvelle étude montre que de nombreux patients parkinsoniens développent des troubles du comportement.
Certains traitements prescrits aux malades de Parkinson peuvent dérégler leur capacité à contrôler leurs impulsions et ainsi entraîner des troubles du comportement. Achats compulsifs, troubles alimentaires, hyperactivité sexuelle ou encore addiction aux jeux d’argent seraient le lot quotidien d’un bon nombre de patients sous agonistes dopaminergiques. Et ces troubles augmenteraient avec la dose et la durée du traitement, selon une étude française publiée le 20 juin dans la revue Neurology.
Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, le nombre de neurones fabriquant la dopamine - une molécule vitale qui régule les mouvements - diminue progressivement. Cette perte provoque les symptômes bien connus de la maladie: tremblements, lenteur et raideur. Deux grandes classes de médicaments sont actuellement utilisées pour limiter ces symptômes: la L-dopa, une molécule capable de se transformer en dopamine, et les agonistes dopaminergiques, des médicaments qui miment l’action de la dopamine.
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Casino, sexe et boulimie nocturne
Plusieurs cas de troubles du comportement chez des patients traités avec des agonistes dopaminergiques ont été rapportés ces dernières années. Mais ni leur fréquence, ni l’effet de la dose du traitement n’avaient encore été évalués sur le long terme. C’est désormais chose faite avec cette nouvelle étude conduite dans plusieurs CHU français et hôpitaux d’Ile-de-France. Au total, plus de 400 parkinsoniens (majoritairement des sextagénaires) ont été suivis pendant cinq ans. Au début de l’étude, 20% d’entre eux présentaient déjà des troubles du contrôle des impulsions.
«Ce sont des gens qui vont se ruiner au casino, se lever la nuit pour vider leur frigo, ou avoir une sexualité débordante. Par exemple être arrêtés pour exhibitionnisme ou divorcer parce qu’ils ont multiplié les conquêtes», explique le Pr Jean-Christophe Corvol, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière (Paris) et directeur du Centre d’investigation clinique à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière. Pendant le suivi, les trois-quarts ont eu recours à des agonistes dopaminergiques. Et parmi eux, 52% ont développé des troubles, alors que cela n’a concerné que 12% de ceux n’ayant jamais utilisé d’agoniste dopaminergique.
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Des troubles qui disparaissent à l’arrêt du traitement
«Ils vont se mettre à acheter des voitures de luxe, poursuit le spécialiste. Un patient qui avait beaucoup d’argent disait qu’il avait acheté une Porsche, et sa femme corrigeait: non, tu en as acheté quatre d’un coup». Autre conclusion de l’étude: ces effets indésirables augmentent avec la dose et la durée de prise de ces médicaments. «Si on arrête le traitement, ça disparaît, dans l’année chez la plupart», précise le Pr Corvol. Pendant le suivi, 30 patients souffrant de troubles du contrôle des impulsions ont cessé leur traitement. Leurs troubles ont alors diminué progressivement et la moitié de ces personnes n’en avait plus du tout un an après l’arrêt.
Selon les auteurs de l’étude, ces nouveaux résultats ne remettent pas en cause l’efficacité de ces médicaments mais ils doivent inciter les médecins à prévenir les patients et leur famille, ainsi qu’à surveiller attentivement le comportement des patients parkinsoniens. «L’entourage ne s’en rend pas compte au départ, alors que quand on prévient le couple par exemple, il y a une vigilance», affirme le Pr Corvol. Toutefois, tout n’est pas noir: au lieu de développer des troubles du comportement, certains patients voient leur créativité artistique être décuplée sous l’effet de ces médicaments.
La maladie de Parkinson, deuxième maladie neurodégénérative la plus courante, touche environ 150.000 personnes en France et une dizaine de millions dans le monde.
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