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Quand les migrants d'Afrique subsaharienne contractent le sida en France

Parmi les 6000 découvertes de séropositivité en France, près d’un tiers concernent des personnes nées en Afrique subsaharienne. Pour beaucoup l’infection a eu lieu dans notre pays lors d’un rapport hétérosexuel.

Originaires de pays durement frappés par l’épidémie de sida, les migrants d’Afrique subsaharienne arriveraient en France déjà infectés par le VIH. Si cette affirmation peut paraître logique, elle est en réalité fausse. L’épidémie de VIH chez les migrants n’est pas une maladie «d’importation». Entre 35% et 49 % des immigrés séropositifs nés au Cameroun, Mali, Congo ou encore en Côte d’Ivoire ont été contaminés sur le sol français. Pour plus de la moitié d’entre eux, l’infection est survenue au cours de leurs six premières années de vie dans l’Hexagone, selon l’enquête «Parcours» de l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS) présentée à la 22ème Conférence internationale sur le VIH/sida qui se tient actuellement à Amsterdam.

Pour déterminer ce délai, les chercheurs ont interrogé 277 hommes et femmes originaires d’Afrique subsaharienne et vivant avec le VIH en région parisienne sur leurs histoires de vie. Ils ont également pris en compte des informations biologiques qui renseignent sur le stade de l’infection.

L’enquête montre que la moitié des migrants ont obtenu un logement et des ressources stables, ainsi qu’un titre de séjour au bout de six ans. «Avant ce moment charnière, ils traversent de nombreuses périodes de précarité. Or on sait que ces périodes d’instabilité sont associées à un risque accru de contamination», commente au Figaro Anne Gosselin, chercheuse au Centre Population et Développement (Institut de recherche pour le développement/Université Paris Descartes) et responsable de ces travaux.

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Les femmes paient un lourd tribut de cette instabilité administrative et financière. Environ une femme d’Afrique subsharienne séropositive sur trois a été infectée après son arrivée en France. À nouveau l’enquête ANRS Parcours met en lumière qu’il existe une corrélation entre le fait de contracter le VIH en Hexagone et celui d’avoir subi un acte sexuel forcé. «Pendant ces périodes de grande instabilité, certaines sont amenées à accepter des relations sexuelles en échange d’un hébergement», illustre la chercheuse.

«Dans ces conditions de vie précaires, il est certain que la question de la santé sexuelle et de la prévention n’est en général pas placée au premier plan»

François Berdougo, co-responsable du groupe réduction des risques de Médecins du Monde.

Cette situation de dénuement conduit également les hommes à adopter des comportements à risques. L’enquête montre que l’usage de préservatif est loin d’être systématique, alors même qu’ils ont plusieurs partenaires. «Ces hommes et femmes font face à des urgences vitales au quotidien. Dans ces conditions de vie précaires, il est certain que la question de la santé sexuelle et de la prévention n’est en général pas placée au premier plan», soulève François Berdougo, co-responsable du groupe réduction des risques de Médecins du Monde.

Sensibiliser les populations de migrants à la prévention

Toutefois, l’enquête ANRS Parcours montre que plus de deux contaminations sur cinq ont lieu après cette période critique de 6 ans. «C’est pourquoi la prévention auprès de cette population installée depuis plus longtemps doit aussi être une priorité pour faire reculer l’épidémie», insiste Anne Gosselin.

Pour les spécialistes, l’un des outils primordiaux est le dépistage. Proposer un test rapide dès l’arrivée des populations migrantes permettrait d’identifier les séropositifs qui s’ignorent et leur proposer un traitement. Une prise en charge bénéfique pour eux mais également pour leurs partenaires: une fois la multiplication du virus contrôlée, il devient indétectable. Les risques de transmission sont alors quasi-nuls. «Le dépistage est également une opportunité pour parler de santé sexuelle, de prévention, de préservatif mais aussi de la PrEP pour prophylaxie préexposition», commente François Berdougo.

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Autorisée depuis janvier 2016 en France, la PrEP consiste à prendre un médicament, le Truvada, en continu ou avant et après un rapport sexuel non protégé afin de réduire le risque de contamination par le VIH. Près de 7000 personnes en France en bénéficient, dont plus de 97% des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). «Mais aujourd’hui, on bute sur la diffusion de cet outil dans d’autres groupes de population, et en particulier les migrants d’Afrique subsaharienne qui représentent pourtant le deuxième groupe de population le plus touché par l’épidémie de VIH derrière les HSH», regrette François Berdougo, qui souligne que «la PrEP pourrait notamment permettre aux femmes d’être maîtresses de leur protection, indépendamment de leur partenaire».

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