
À l’aide d’électrodes, il est possible de stimuler des circuits nerveux qui s’opposent à la douleur. Une technique qui révèle une efficacité surprenante chez certains patients.
Stimuler électriquement le corps pour l’apaiser? L’idée peut sembler étrange, mais il s’agit là d’une technique utilisée pour certaines douleurs rebelles, que ni traitements médicamenteux ni thérapies alternatives ne parviennent à soulager. Le principe est simple: s’appuyer sur l’électricité pour stimuler des circuits nerveux s’opposant à la perception douloureuse. «Il s’agit de modifier l’activité de nerfs qui sont en lien avec la douleur. Ces techniques s’appliquent donc avant tout à des douleurs neuropathiques, et le plus souvent, à celles qui viennent de nerfs situés en périphérie», explique le Pr Serge Perrot, rhumatologue et responsable du centre de la douleur de l’hôpital Cochin, à Paris.
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On met en œuvre plusieurs types de stimulations plus ou moins invasives, c’est-à-dire comportant un appareillage à l’intérieur du corps, ou bien un dispositif extérieur. On peut stimuler les nerfs périphériques, ou au contraire, le système nerveux central. Comme, par exemple, la neurostimulation magnétique transcrânienne (dite répétitive, car plusieurs séances doivent être effectuées), qui vise le cortex cérébral: il s’agit d’appliquer un champ magnétique sur le cuir chevelu pour générer des microcourants dans le cortex situé au-dessous. L’effet antalgique de cette technique a été mis en lumière à la fin des années 1990, mais la neurostimulation magnétique est pour l’heure privée d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en France, et fait encore l’objet d’essais cliniques.
Au contraire, la neurostimulation électrique transcutanée est largement prescrite. Non invasive, elle consiste en la pose d’électrodes sur la peau, près de l’endroit douloureux, pour stimuler de grosses fibres nerveuses qui inhibent l’influx douloureux. Son efficacité reste très discutée, certains estimant qu’elle n’a pas plus d’effet qu’un placebo. Il n’empêche ; parfois, elle soulage suffisamment pour que l’on renonce à des interventions plus radicales — bien que rien ne l’interdise.
Des électrodes implantées dans un nerf ou le cerveau
Les techniques électriques invasives sont, par exemple, utilisées pour soulager des maux de tête qui font suite aux microlésions d’un nerf. On implante une électrode à l’aplomb qui stimulera les fibres nerveuses. Ces neurostimulations périphériques peuvent diminuer de moitié la fréquence des céphalées. On peut aussi agir à un niveau central, en introduisant des électrodes dans l’espace qui sépare les vertèbres de la moelle épinière, pour traiter les douleurs des jambes ou des bras. La méthode, qui date des années 1970, a fait la preuve de son efficacité.
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En cas de douleurs vraiment rebelles, comme celles qui surviennent parfois à la suite d’un AVC, il existe un troisième type d’intervention: cette fois, au niveau du cerveau, plus précisément entre la dure-mère et le crâne. Cette stimulation corticale, dont les modalités ont été définies en 2011, semble réduire l’intensité de la douleur de moitié, voire parfois la faire disparaître. Une piste prometteuse, même s’il faut en passer par une opération crânienne et l’implantation d’un dispositif dans le corps.
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