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La résistance aux antibiotiques, "l’une des pires menaces pour la santé de l’humanité" - Sud Ouest

C’est l’une des dix principales menaces qui pèsent sur la santé de l’humanité pour cette année 2019 : la résistance aux antibiotiques "risque de nous ramener à l’époque où les traitements courants contre des affections comme la pneumonie, la tuberculose, la gonorrhée et la salmonellose faisaient défaut", avertit l’Organisation mondiale de la santé (OMS)

Car exposées de manière prolongée ou répétée à un même antibiotique, les bactéries finissent par muter et lui résister. Le phénomène existe depuis l’utilisation du premier antibiotique. Mais ces dernières années, les médecins se heurtent de plus en plus souvent à des superbactéries, ou bactéries multirésistantes.

Des milliers de morts 

Or ces infections qui ne cèdent pas devant un traitement antibiotique classique peuvent "frapper n’importe qui, à n’importe quel âge, dans n’importe quel pays", selon l’OMS. À l’échelle mondiale, elles seraient actuellement responsables de 700 000 morts par an. Et "si rien ne change dès aujourd’hui, une personne mourra toutes les trois secondes d’une infection bactérienne résistante en 2050", selon un rapport paru en 2016

En France, l’antibiorésistance causerait entre 5 500 décès et 12 500 décès par an. Chez nous, les entérobactéries (celles du tube digestif) sont actuellement les plus préoccupantes en termes d’émergence de résistance", selon Pierre Tattevin, président de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF). "Et c’est probablement parce qu’on consomme trop d’antibiotiques".

Moins d’antibiotiques, moins de résistances

Car si la consommation a baissé entre 2002 et 2007 suite à la campagne "Les antibiotiques, c’est pas automatique", elle est repartie à la hausse entre 2007 et 2017. Sans revenir aux niveaux les plus hauts, la France est l’un des plus gros consommateurs d’antibiotiques d’Europe dans le domaine de la santé humaine.

Nous faisons en revanche mieux pour ce qui est de la consommation animale, qui a baissé de 46% entre 2010 et 2016. "Et il est intéressant de voir qu’avec ces progrès, depuis quelques années, les bactéries identifiées sur la viande française sont beaucoup moins résistantes", relève Pierre Tattevin. "Et c’est là aussi une bonne nouvelle : la résistance fonctionne dans les deux sens".

Un nouvel antibiotique en 2019

Réduire la consommation est donc d’autant plus important que ces dernières années, "il n’y a pas vraiment eu de nouvelle classe d’antibiotiques", selon le Professeur Tattevin, seulement "des améliorations de ceux que l’on connaît déjà".

Cela pourrait toutefois changer cette année. L’entreprise pharmaceutique japonaise Shionogi a annoncé le 1er avril que l’Agence Européenne du médicament avait accepté sa demande d’autorisation de mise sur le marché de céfidérocol, un tout nouvel antibiotique qui devrait sortir cette année. "Il passe par le système de captation de fer des bactéries, explique Pierre Tattevin. "Or elles auront du mal à se passer de ce système. Il est indispensable à leur survie. On en attend donc beaucoup".

D’autres moyens de lutter contre l’antibiorésistance

Parallèlement, à la recherche de nouveaux antibiotiques, la France compte s’engager sérieusement dans l’utilisation des phages, ces virus capables de tuer les bactéries multirésistantes. Dès cette année, l’Agence du médicament (ANSM) compte délivrer des autorisations temporaires d’utilisation. Un tournant dans la lutte contre les infections multirésistantes ? "Nous l’espérons", souffle Pierre Tattevin. "Mais ce sont des virus, des êtres vivants, il est donc difficile de les reproduire comme des médicaments". 

Il faut "également utiliser et optimiser du mieux possible nos ressources actuelles", estime Céline Pulcini, chef de projet national à l’antibiorésistance au ministère de la Santé. Elle évoque en particulier les "commandos" spéciaux que l’on trouve dans certains hôpitaux. Composés d’un médecin infectiologue (spécialiste des antibiotiques et des infections), d’un pharmacien et d’un bactériologiste (qui étudie les bactéries en laboratoire), ils sont "capables d’identifier précisément la ou les bactéries en cause, de trouver les moyens de les atteindre là où elles sont retranchées et de prescrire un traitement antibiotique complexe". Mais pour l’heure, seulement 43% des hôpitaux français disposent d’une telle équipe. 

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