Depuis décembre dernier, le nouveau coronavirus chinois a déjà contaminé plus de 20 600 personnes et fait plus de 427 morts, dont deux hors de Chine, poussant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à classer l’épidémie comme une « urgence de santé publique de portée internationale ». Le point sur ce virus appartenant à la famille des coronavirus, pour le moment identifié sous le nom de 2019-nCoV.
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Quelle origine ?
La piste d’un virus provenant des chauves-souris semble se confirmer. Selon une étude publiée lundi dans la revue Nature, le génome du virus est « identique à 96% » à celui d’un coronavirus qui circule chez les chauves-souris. Mais la transmission ne s’est peut-être pas produite directement entre la chauve-souris et l’humain, car pour un passage à une autre espèce, il faut des contacts nombreux et répétés, explique dans The Conversation le virologue Meriadeg Le Gouil.
Et pour l’heure, l’animal à l’origine de la transmission à l’homme n’a pas encore été identifié avec certitude, ajoute l’Institut Pasteur. Or identifier l’hôte intermédiaire pourrait contribuer à juguler l’épidémie. Dans le cas du Sras, où l’animal en cause s’était avéré être la civette, l’interdiction de la consommation de ce mammifère avait permis de « prévenir toute réintroduction » du virus, rappelle le Pr Arnaud Fontanet. À l’inverse, l’épidémie de Mers se poursuit en partie parce que le réservoir du virus est le dromadaire, un animal domestique.
Quelle contagion ?
Les premiers cas concernant uniquement des personnes ayant fréquenté le marché d’animaux vivants de Wuhan, l’hypothèse d’une zoonose (maladie transmise par les animaux) avait été immédiatement privilégiée et le risque de transmission interhumaine avait été écarté. Mais depuis, il a finalement été bel et bien été établi que le virus se transmettait entre humains.
Reste à savoir à quel point. Selon différentes équipes de recherche, un patient infecté contaminerait entre 1,4 et 5,5 personnes. La dernière étude en date, parue dans la revue médicale américaine NEJM, avance que chaque malade a infecté en moyenne 2,2 personnes. C’est plus élevé que la grippe hivernale (de l’ordre de 1,3), nettement inférieur à la rougeole (plus de 12, très contagieuse), et comparable au Sras (3).
Les autorités chinoises ont par ailleurs avancé que la contagion était possible avant que des symptômes n’apparaissent, comme c’est par exemple le cas pour la grippe. Cette hypothèse n’est pour l’heure pas confirmée avec certitude mais rendrait très difficile le repérage des personnes contaminées, ce qui poserait de sérieux problèmes de contrôle de la propagation du virus. Des chercheurs décrivent également dans la revue médicale The Lancet le cas d’un enfant vivant au sein d’une famille infectée, qui ne présentait aucun symptôme mais dont un scanner thoracique a révélé qu’il souffrait d’une pneumonie et était contaminé par le coronavirus. Une découverte qui suggère qu’il est possible que des enfants et des individus jeunes soient infectieux alors qu’ils ne présentent aucun symptôme.
Le Pr Arnaud Fontanet, de l’Institut Pasteur à Paris précise toutefois que la toux d’un patient infecté est un vecteur important de transmission. Or un patient sans symptôme ne tousse pas.
Quels symptômes ?
Et justement, après l’étude des 99 premiers cas repérés en Chine, le tableau clinique de la maladie se précise. Tous ces patients avaient une pneumonie, la plupart avaient de la fièvre et toussaient et un tiers souffrait d’essoufflement. Dans les cas les plus graves, qui semblent concerner à ce jour principalement des personnes vulnérables en raison de leur âge ou de maladies associées, le patient peut être atteint d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë, d’une insuffisance rénale aiguë, voire d’une défaillance multiviscérale pouvant entraîner le décès, précise l’Institut Pasteur.
Pour ce qui est du délai d’incubation de la maladie, il semble être de l’ordre de 7 jours mais peut aller jusqu’à 14 jours. On ignore en revanche si le virus peut persister dans l’environnement, et le cas échéant, pendant combien de temps.
Quel est le profil des malades ?
Toujours selon l’étude des 99 premiers cas, publiée dans la revue The Lancet, l’âge moyen des patients contaminés par le coronavirus est de 55 ans, les deux-tiers sont des hommes et la moitié souffraient de maladies chroniques (problèmes cardiovasculaires, diabète…).
Plus en détail, les 99 premiers patients sont âgés de 21 à 82 ans. Les personnes âgées de 50–59 ans sont les plus touchées (30%). Viennent ensuite à égalité les 40–49 ans et les 60–69 ans (22%), suivis par les plus de 70 ans (15%) et les moins de 39 ans (10%). En revanche les enfants de moins de 15 ans semblent très peu touchés, ou du moins ils ne développent pas de symptômes. Pourquoi ? « On ne le sait pas, même si cette nouvelle-là est rassurante », répond dans La Croix le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat, à Paris.
Quelle dangerosité ?
Coté dangerosité, le 2019-nCoV semble pour l’instant plus mortel que la grippe, mais moins virulent que les précédentes épidémies de coronavirus (Sras et Mers). Pour l’heure, 425 patients sont morts sur plus 20 400 cas confirmés en Chine. Deux décès ont également été signalés hors du pays : un Chinois de 44 ans originaire de la ville de Wuhan est mort aux Philippines, ainsi qu’un habitant de Hong Kong qui s’était rendu en janvier à Wuhan.
Au total, pour l’instant, 13% des personnes hospitalisées ont développé des formes sévères du coronavirus et « 2% des cas confirmés sont morts, ce qui reste élevé quand on compare à la grippe saisonnière », selon Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS.
Ce taux est « équivalent à toutes les pneumonies virales présentes à l’hôpital. Ce n’est pas un meurtrier aveugle d’une dangerosité extrême », tempère de son côté Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, tout en reconnaissant que « la gravité réelle de cette infection respiratoire ne sera connue qu’à la fin de l’histoire ». Il reste notamment à comprendre pourquoi l’état de certains patients semble s’aggraver au septième jour, comme le souligne le professeur Yazdan Yazdanpanah.
Mais pour l’heure, le taux de mortalité, donné à titre indicatif, baisse chaque jour puisque proportionnellement le nombre de nouveaux cas recensés augmente plus vite que celui des décès, tandis que le nombre de personnes déclarées guéries a dépassé la barre des 700 ce mardi.
Quelle propagation ?
Outre la dangerosité du virus, c’est aussi sa capacité à se transmettre qui déterminera la gravité de l’épidémie. « Un virus relativement peu agressif peut quand même faire de gros dégâts si beaucoup de gens le contractent », rappelle Michael Ryan. Or on ignore combien de personnes sont réellement infectées. Une étude parue vendredi dernier dans The Lancet se basant sur des projections statistiques évalue par exemple à 76 000 le nombre de personnes infectées rien qu’à Wuhan, berceau de l’épidémie.
Crédit photo : Global Initiative on Sharing All Influenza Data
Et ce mardi, Singapour a fait état de quatre cas issus d’un foyer local. Il s’agit des premières contaminations qui ne sont pas directement liées à la ville de Wuhan. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que l’épidémie ne constituait pas pour le moment une « pandémie », terme qui s’applique à une situation de propagation mondiale d’une maladie.
Quel traitement ?
Par ailleurs, si l’étude de la séquence génétique du virus a permis de mettre au point des tests de diagnostic, il n’existe actuellement ni vaccin ni médicament pour le soigner. Sa prise en charge consiste donc pour l’instant à traiter les symptômes, dont la fièvre. Certains patients se voient également administrer des antiviraux, dont l’efficacité est en cours d’évaluation.
Au rang des nouvelles encourageantes, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont annoncé vendredi dernier être parvenus à isoler et à mettre en culture des souches du coronavirus, une première en Europe qui représente « une avancée majeure » dans la course au vaccin dans laquelle se sont engagés divers laboratoires pharmaceutiques à travers le monde. Mais même en allant très vite, « aucun fabricant n’est capable d’avoir un vaccin prêt pour l’été, ni même l’automne », a estimé dans la foulée Stéphane Bancel, directeur général de la société biotechnologique américaine Moderna Therapeutics. Or selon lui, « il est très dur de prédire aujourd’hui si la situation va être grave à l’automne ou si le virus aura disparu »…
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