C'est le premier plan de sortie de crise du coronavirus posé sur la table. Il a été conçu par l'Institut Santé, un think tank regroupant chercheurs et professionnels, et transmis vendredi dernier à l'Elysée et à Matignon, sur lequel ont planché quelque 80 experts, économistes, chercheurs, enseignants, sociologues, psychologues, médecins, infirmières… qui proposent plusieurs scénarios pour sortir du confinement. Quand? Qui? Comment? Ce plan, assorti de six recommandations, vise à définir au plus vite une stratégie pour être prêt le jour J et au-delà. Il a été remis à Emmanuel Macron et Édouard Philippe, ainsi qu'au Comité scientifique qui conseille le Président de la République.
Parmi les signataires, figurent Philippe Sansonetti, microbiologiste, chercheur à l'Institut Pasteur et enseignant au Collège de France, la philosophe Catherine Audard, de la London School of Economics, Alain Deloche, cofondateur de Médecins du monde ou encore le Pr René Frydman, gynécologue et expert des questions d'éthique.
Fin du confinement le 4 mai
L'Institut Santé préconise « un timing court et de la visibilité pour tout le monde », résume son président fondateur, l'économiste Frédéric Bizard. Plusieurs hypothèses sont avancées mais celle d'une sortie de confinement dès le lundi 4 mai est privilégiée. Pour arrêter cette date, le think tank a étudié l'évolution de la pandémie et les résultats des stratégies à l'étranger. Selon les dernières estimations, le pic de la pandémie en France est quasiment atteint. « On commence à le voir avec la baisse, depuis quatre jours, du nombre d'entrées à l'hôpital, constate l'économiste et expert en santé. Et on a vu en Chine qu'il faut compter ensuite deux à trois semaines pour que le nombre de contaminations baisse des deux-tiers. En France, ce cap se situera autour du 4 mai. » Mais attention, prévient-il, « Ceux qui, comme le Medef, commencent à dire qu'il faudra travailler plus dur à la sortie du confinement se trompent! La vie d'après ne sera normale pour personne, au moins jusqu'à ce que l'on trouve un vaccin. La reprise d'activité ne pourra être que progressive et conditionnelle. »
Déconfinement généralisé… sous conditions
Début mai, estime l'Institut Santé, la France disposera d'un arsenal suffisant pour que les gestes barrières soient respectés (masques, gel, blouses…) et les malades détectés et pris en charge. Mais il faut lancer au plus vite un « Plan Marshall de production et d'acquisition » de cet arsenal, notamment des masques, respirateurs, tests PCR (par prélèvement naso-pharyngés)… « L'intérêt de définir au plus vite une date de sortie du confinement c'est de mettre la pression pour être prêt », insiste Frédéric Bizard. Le plan préconise de mettre fin au confinement, dès le 4 mai, pour ceux qui ne sont pas ou plus porteurs du virus et de ne maintenir confinées que les personnes en quarantaine ou en soins. En refusant le principe de sortie progressive par groupe de personnes à risques ou par région…, ce plan « ne suscitera pas de sentiment d'injustice et de rejet », plaide l'économiste.
Une brigade sanitaire pour autoriser les reprises d'activité
Dans les entreprises, il sera de la responsabilité des employeurs, dans le cadre du dialogue social, de garantir aux collaborateurs des conditions sanitaires de travail répondant aux règles de prévention en vigueur. « Mais à chaque fois que le télétravail sera possible, il faudra le poursuivre », insiste l'économiste qui suggère la création d'une brigade sanitaire chargée d'accorder les autorisations de reprise d'activité ou de régler les contentieux éventuels. Mais toutes les activités ne reprendront pas le 4 mai : « On ne va pas rouvrir les discothèques demain ! » glisse encore Frédéric Bizard.
PODCAST. Comment le coronavirus fait basculer l'économie mondiale dans l'inconnu
Retour à l'école en septembre
Parce que le respect des règles de distanciation sociale est impossible à l'école et jusqu'au lycée, le rapport préconise de ne rouvrir les établissements « qu'en septembre ». Sinon, justifie Frédéric Bizard, « on prendrait le risque que 12 millions d'élèves ramènent le virus chez eux. Les limites du téléenseignement ne sont rien comparées au risque de rouvrir toutes les écoles. »
Dépistage massif et rapide
L'Institut Santé préconise un dépistage massif de la population. « C'est possible, insiste Frédéric Bizard, nous disposons déjà de deux millions de tests ». Ensuite seraient créés trois groupes de population. Le premier réunira les personnes immunisées au Covid-19, suite à un test sérologique. Ce premier groupe, protégé, sera le pilier du plan, appelé en renfort dès que nécessaire, par exemple pour organiser la garde des enfants, suivre les patients à domicile… Le deuxième groupe rassemblera les personnes positives au test PCR et devant donc restées confinées ou hospitalisées. Enfin, dans le groupe C figureront tous les autres. Au moindre symptôme, toute personne sera testée et, le cas échéant, strictement confinée, ses derniers contacts seront recherchés et également testés, comme en Corée.
Tests généralisés dans les Ehpad
S'agissant des établissements pour personnes âgées, dont plus de la moitié est aujourd'hui touchée par la pandémie, l'Institut Santé préconise de tester chaque résident et personnel à la moindre suspicion de contamination. Tout test positif se solderait par un strict confinement.
Contrôles aux frontières
Pas de fermeture des frontières, recommande les experts, mais de stricts contrôles, avec test et mise en quarantaine au moindre signe.
VIDÉO. Déconfinement par tranches d'âge: «C'est le seul scénario qui permet de savoir quand on va sortir»
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Covid-19 : une sortie de confinement le 4 mai et sous conditions, préconisent 80 experts - Le Parisien"
Post a Comment