
En pleine épidémie de Covid-19, une alerte de spécialistes britanniques, suivie par celles de médecins français, jette une nouvelle inquiétude. Il y aurait une recrudescence de cas de maladie de Kawasaki chez les enfants. Le point avec Christophe Marguet, pédiatre, chef du département de pédiatrie et de médecine de l’adolescent au centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen.
Pouvez-vous nous dire ce qu’est la maladie de Kawasaki ?
Christophe Marguet : « Le syndrome de Kawasaki est une vascularite, une inflammation qui a comme point de départ les vaisseaux de la paroi des artères coronaires. Chez l’enfant, dans la grande majorité des cas, ça se traite très bien, en faisant des perfusions d’anticorps de façon précoce. Et c’est une maladie qui ne récidive pas. Depuis de nombreuses années, on pense que c’est un syndrome post-infectieux, c’est-à-dire qu’il survient en raison de l’emballement des défenses après une infection virale. »
« Un seul Kawasaki il y a une dizaine de jours, testé négatif au Covid-19 »
Les cas découverts seraient-ils liés au Covid ? [L’entretien a été réalisé avant les annonces de l’AP-HP, NDLR]
« Il y a quand même une relation avec le temps, car ces cas surviennent alors que l’épidémie de Covid est en train de se terminer sur l’ensemble de la France, mais est encore un peu active en Île-de-France et dans le nord de la France. »
Y a-t-il des cas au CHU de Rouen ?
« Jusqu’à maintenant, aucun en réanimation. Mais en refaisant un peu le tour, nous avons eu un seul Kawasaki il y a une dizaine de jours, qui a été testé négatif au Covid. Et en regardant ce qui se passe actuellement, peut-être que oui. Il y a eu des alertes données par les médecins anglais et les Parisiens se sont aperçus que dans leurs services de réanimation il y avait des cas similaires en France. Mais tous ne sont pas positifs au Covid-19. Certains enfants ont un tableau cardiaque parfois un peu plus sévère, mais jusqu’à maintenant, les informations qui circulent, c’est que les enfants évoluent bien. »
« Répondre et rassurer »
Pouvez-vous rassurer les parents ?
« Si l’on se fie à nos expériences, il semble que ce sont des conséquences d’une infection virale. Elles surviennent après l’infection. Donc même si vous avez fait une forme asymptomatique, il peut très bien y avoir des complications après coup. Mais c’est vrai avec tous les virus, pas qu’avec le Covid-19. Pour répondre et rassurer, il faut bien insister sur le fait que, dans toute la littérature médicale, les formes pédiatriques de Covid-19 sont bénignes chez l’enfant. Pour cette raison d’ailleurs, ils peuvent retourner à l’école, sauf cas particulier. Les enfants qui vont bien n’ont aucune raison de ne pas y aller. Ceux qui ont des maladies chroniques et qui sont traités et stables, avec les précautions classiques, peuvent y aller aussi. Et pour ceux qui ne sont pas en forme, il faut l’avis du médecin. Je rappelle quand même que tout virus peut entraîner des formes très graves chez
les enfants. Et heureusement peu
fréquentes. »
Un dispositif a-t-il été mis en place pour endiguer cette épidémie de maladie de Kawasaki ?
« On peut parler d’épidémie de Covid-19. Pas d’épidémie de maladie Kawasaki car il s’agit d’une complication. Cette maladie rentre dans les formes compliquées du Covid-19, mais doit être dissociée de l’épidémie de Covid-19. On a très peu de données sur la relation « contagion —enfant » ; comme ils ont été très peu malades du Covid-19, on a beaucoup de mal à savoir s’ils ont participé à l’épidémie en étant contagieux. »
« Tous ont été en contact » mais le lien reste à établir
La vingtaine d’enfants et adolescents touchés en Île-de-France par une maladie inflammatoire grave qui suscite l’inquiétude avaient tous été en contact avec le nouveau coronavirus, ont indiqué jeudi 30 avril 2020 des responsables médicaux, soulignant malgré tout que le lien de causalité n’était pas établi.
L’alerte est partie d’Angleterre, avec un signalement du service public de santé faisant état d’une augmentation du nombre d’enfants présentant des symptômes ressemblant à la maladie de Kawasaki, un syndrome vasculaire dont la cause reste indéterminée. Dans la foulée, un petit nombre de cas similaires a été mentionné en France, aux États-Unis, en Espagne ou en Belgique. Concernant la France, « plus de vingt enfants », âgés de 3 à 17 ans, ont été répertoriés en Île-de-France depuis le 15 avril 2020, a indiqué le Dr Sylvain Renolleau, chef du service de réanimation de l’hôpital Necker enfants malades, alors qu’en temps normal, il y a moins d’un cas de ce type par mois.
Certains patients étaient positifs, d’autres pas
« Ces enfants ont tous été en contact avec ce virus (le nouveau coronavirus) à un moment ou un autre », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse téléphonique organisée par l’AP-HP. Ce contact a été prouvé soit par un test virologique positif, mais « faible », donc plutôt en fin d’infection, soit par un test sérologique positif (présence d’anticorps), qui prouve aussi qu’ils ont été contaminés dans les semaines précédentes, a précisé le médecin. Dans un premier temps, les autorités médicales des différents pays concernés avaient indiqué que certains patients étaient positifs, d’autres pas.
Hypothèse
Malgré tout, « on n’a pas tous les arguments de certitude pour dire qu’il y a un lien de causalité directe » entre le nouveau coronavirus et ces cas inhabituels, a ajouté son collègue Damien Bonnet, chef du service de cardiologie médicale pédiatrique. Toutefois, les médecins ont avancé l’hypothèse que la survenue de cette maladie inflammatoire soit similaire à l’orage de cytokine décrit chez les adultes, un emballement de la réaction immunitaire qui provoque les cas respiratoires graves. « Chez l’enfant, c’est aussi une réaction inflammatoire exagérée, mais qui apparaît plus tardivement, à la 3 e ou 4 e semaine, et qui est plutôt une atteinte du muscle cardiaque », a estimé le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP.
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