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Coronavirus : Cas en hausse, décès en baisse… Le virus serait-il moins virulent qu’auparavant ? - 20 Minutes

Illustration du Covid-19. — Pixabay
  • Le nombre de cas supplémentaires de Covid-19 en 24 heures avoisine les 5.000, tandis que le nombre de décès reste sous la barre des 20, selon les derniers chiffres de la DGS.
  • Une courbe étonnante, qui laisse à penser que, peut-être, ce coronavirus serait devenu moins virulent.
  • Il est encore trop tôt pour savoir si le nombre de décès restera bas durant les prochains mois, notamment avec les températures qui vont chuter et la rentrée, mais deux experts, l’un épidémiologiste, l’autre modélisateur, nous aident à y voir plus clair.

Près de 4.900 cas positifs au coronavirus et un seul décès supplémentaire en 24 heures. Les chiffres dévoilés par la DGS dimanche soir confirment la tendance de cette dernière semaine : les contaminations augmentent rapidement. Mais le nombre de décès, en revanche, reste bas et stable, tout comme les hospitalisations en réanimation.

Certains en déduisent que le coronavirus aurait perdu de sa dangerosité. En fait-on trop ? Ou, au contraire, allons-nous regretter dans quelques mois de ne pas avoir tiré des leçons de la première vague ?

Une mutation ?

Plusieurs pistes peuvent éclairer ce décalage entre le nombre de cas et le nombre de morts. Parmi celles-ci, le virus Sars-CoV-2 serait moins virulent. Une hypothèse qui s’appuie notamment sur une étude de chercheurs britannico-américains parue dans la revue scientifique Cell le 2 juillet, laquelle met en avant une mutation du Sars-CoV-2 qui l’aurait rendu plus infectieux. Cela veut-il dire qu’il serait plus contagieux, mais moins virulent ?  Les infectiologues invitent à la plus grande prudence. Tout d’abord parce que ces travaux, en laboratoire, doivent être complétés par d’autres études, notamment sur des êtres vivants. « Ce n’est pas parce qu’un virus mute que ça change fondamentalement les choses en termes de virulence, prévient Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie à l’Université de Montpellier. Par ailleurs, les variants [les nouvelles formes du coronavirus observées aujourd’hui] qu’on observe dans cette étude étaient présents depuis plusieurs mois en Europe. Ils ont donc déjà participé à la première vague. Il n’y a pas eu, pendant l’été, une modification du coronavirus qui a changé sa létalité. »

Cette hypothèse ne convainc pas non plus le ministre de la Santé, qui n’a cessé cet été d’appeler à la vigilance et au respect des gestes barrières : « aucun argument scientifique ne vient étayer cette théorie, hélas, a ainsi balayé Olivier Véran dans le JDD. Le Covid qui se propage est le même que celui qui a coûté la vie à 30.000 Français. »

Certains médecins préviennent que la courbe des morts liés au coronavirus risque de rejoindre l’envolée des cas détectés. En effet, beaucoup rappellent que le virus met quelques semaines avant d’envoyer certains patients en réanimation. « Virulence et contagiosité peuvent être décorrélés, car leur expression ne se fait ni dans le même temps (le pic de contagiosité a lieu un jour avant l’expression des symptômes, mais la dégradation de l’état intervient en moyenne trois semaines après les symptômes), ni dans les mêmes organes, puisque la contagiosité est due à une réplication dans le pharynx et la virulence s’exprime dans les poumons », synthétise Mircea Sofonea.

La question des tests

Difficile, donc, de savoir si ces décès bas doivent inviter à la plus grande prudence ou à l’optimisme… Certains pensent que si seul le nombre de cas augmente, c’est tout simplement parce qu’on teste davantage. Il est vrai qu’on est passé de 50.000 tests par jour début juillet à plus de 100.000 au quotidien depuis le 14 août, mais on constate que le taux de positivité (nombre de cas positifs sur 100 personnes testées) atteint 3,4 % le 21 août, contre 1,6 % le 6 août. « Sur les deux dernières semaines en Ile-de-France, on note que le taux de positivité augmente de 42 % alors que le nombre de tests est stable », souligne Jean-Stéphane Dhersin, modélisateur et directeur adjoint scientifique de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS. Qui ajoute : « Lors de la première vague, on n’avait pas la capacité de test qu’on a aujourd’hui. Les gens étaient testés uniquement à l’hôpital. A l’époque, les patients atteints du Covid 19 étaient essentiellement âgés. » Il est donc possible que le graphique qu’on lit aujourd’hui se rapproche du schéma hypothétique qu’on aurait eu début mars si on avait pu tester au hasard la population française.

Moins mortelle ?

Pour le moment, donc, rien ne permet d’assurer que le coronavirus  serait moins virulent. Cette deuxième vague potentielle sera-t-elle moins mortelle ? « C’est une autre question », nuance Mircea Sofonea. Qui liste deux pistes de réflexion. Tout d’abord, les soins procurés aux patients se sont améliorés ces derniers mois. « Avec du recul, de l’expérience, des connaissances affinées, des services non saturés actuellement, on prend mieux en charge, avance l’épidémiologiste. On a remarqué que la mortalité enregistrée dans les services de réanimation atteignait 24 % du début de l’épidémie jusqu’à fin avril, et a baissé à 19 % entre le début de l’épidémie et aujourd’hui. Les réanimateurs nous disent qu’ils arrivent davantage à éviter l’intubation. »

Deuxième paramètre à prendre en compte : l’âge des patients. On sait maintenant qu’une grande partie des nouveaux cas sont des jeunes. « La part des 20/40 ans parmi les personnes infectées a augmenté au cours de l’été, alors que la contribution des personnes âgées, plus à risque, a diminué, synthétise l’épidémiologiste. Ce qui a un effet sur la létalité. » Un impact qu’on ne peut imaginer durable qu’à condition que ces personnes infectées ne contaminent pas des personnes âgées ou fragiles… Il faudrait donc, dans les prochains jours, garder un œil sur l’âge des personnes infectées.

Beaucoup d’inconnus dans la période qui s’ouvre

« La semaine dernière, il y a eu autour de 20 décès par jour, c’est autant que le 16 mars, c’est-à-dire la veille du confinement. On n’est pas sur des chiffres ridicules ! Il y a un rebond des cas qui peut se transformer en deuxième vague s’il n’y a pas de changement de la dynamique, soit par une réappropriation collective des gestes barrières, soit par des décisions politiques de reconfinements localisés. Mais sans tomber dans trop de pessimisme non plus. Ce maintien de l’épidémie sous contrôle, il s’est déjà vu en juin : le R0 était alors inférieur à 1 et pourtant, nous étions déconfinés et l’école avait repris. »

Et Mircea Sofonea d’expliquer pourquoi la période qui s’ouvre comporte beaucoup d’inconnus qui interdisent toute prédiction. « La rentrée est risquée du point de vue sanitaire parce qu’il y a beaucoup de brassages avec les retours de congés, la reprise à l’école, les déplacements au travail. Et la saison froide qui favorise les épidémies à cause des regroupements dans des milieux clos et des muqueuses nasales, barrière contre les virus, qui sont moins efficaces quand il fait froid et sec. Autant, les modèles sont relativement performants quand les paramètres sont constants (même mobilité, même température, même précaution sanitaire), autant dès qu’il y a un changement, il est compliqué d’imaginer la suite. »

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