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Covid-19 : les vacances gonflent-elles le nombre de nouveaux cas à Paris ? - Le Parisien

La précision, d'importance, apparaît en toute fin du point épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France du jeudi 6 août. « Les personnes qui acquièrent l'infection dans leur lieu de vacances sont comptabilisées dans la base Si-Dep selon leur commune de résidence habituel », peut-on lire en page 32. Ainsi, si un Francilien en vacances sur la Côte d'Azur ou en Bretagne y est dépisté porteur du coronavirus SARS-CoV-2, cela ajoutera une unité au nombre de tests positifs dans le département de région parisienne où il vit habituellement. Au risque d'en gonfler le nombre artificiellement.

Le président du Syndicat national des biologistes, François Blanchecotte, « confirme » auprès du Parisien cette méthode de recensement des tests positifs. « Dans le tuyau du Si-Dep, on ne peut rentrer qu'une adresse, et c'est forcément l'adresse de résidence habituelle. À un moment, il y a eu des discussions pour pouvoir en mettre deux (avec celle où le test a eu lieu, NDLR), mais c'était très compliqué en pratique », appuie-t-il.

Taux d'incidence au-dessus du seuil d'alerte à Paris

Or le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas durant la semaine écoulée pour 100 000 habitants, fait partie des indicateurs semblant attester d'une dégradation de la situation épidémique en région parisienne. Ce lundi, à Paris il a même dépassé le seuil d'alerte (50). À l'échelle de l'Île-de-France, on est à 31,9. Et ces taux ont fortement augmenté puisqu'ils étaient sous le seuil de vigilance (10) au début ou au milieu du mois de juillet.

Covid-19 : les vacances gonflent-elles le nombre de nouveaux cas à Paris ?

Mais Santé publique France met en garde : « Pour les régions avec de fortes progressions, comme l'Île-de-France, une part de cette progression est certainement imputable à une transmission en zone de vacances ». « Forcément, cela peut biaiser le véritable taux d'incidence, notamment à Paris », appuie François Blanchecotte.

En temps normal, cette méthode consistant à retenir le lieu de résidence facilite sans doute la tâche de l'Assurance maladie, chargée de retracer les cas contact de chaque malade. Mais en période estivale, qui brasse son lot de vacanciers aux quatre coins du pays, la tâche s'annonce plus ardue.

Une augmentation de circulation du virus bien réelle

Contactée ce lundi afin de savoir plus précisément dans quelle mesure cela pouvait impacter l'évolution du taux d'incidence, qui reflète la situation épidémique dans un territoire à un instant donné, Santé publique France nous répond « ne pas encore disposer de cette précision ». « Une analyse selon le laboratoire de réalisation du test permettra d'appréhender plus finement le lieu de contamination en cette période estivale », admet-on.

Du côté de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France, dont le directeur général adjoint constatait ce dimanche auprès du Parisien « un début de rebond de l'épidémie », on ne dispose pas non plus du nombre de tests réalisés dans la région et ailleurs.

Mais l'ARS met en avant d'autres éléments qui peuvent expliquer l'augmentation très forte du nombre de tests positifs : l'obligation du dépistage de personnes avant d'embarquer dans un avion ou de se faire opérer, la multiplication des campagnes de test organisées ponctuellement, ou encore la levée de la prescription médicale pour se faire dépister. « Le nombre de tests réalisés a triplé entre la mi-juin et aujourd'hui : de 50 000 par semaine à près de 150 000 par semaine », souligne l'Agence.

« Même en prenant en compte tous ces effets, il y a une augmentation de la circulation du virus modérée mais bien réelle », appuie le Pr Jean-Daniel Lelièvre, le chef du service infectiologie de l'hôpital Mondor, à Créteil.

« On risque de se tromper de cible »

Reste que cette façon de comptabiliser les tests positifs interroge plusieurs médecins que nous avons contactés, certains semblant même la découvrir. « L'outil de surveillance paraît du coup un peu désuet. Si la carte du taux d'incidence par département en France correspond au lieu de résidence, cela n'a plus tellement de sens vu qu'on est en période de grand chassé-croisé avec les vacances », juge Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches.

« Cela me surprend totalement puisque cela rend extrêmement compliqué l'interprétation et on risque de se tromper de cible », développe-t-il, faisant référence au port du masque désormais obligatoire dans plusieurs zones de la capitale.

VIDÉO. Masque obligatoire à Paris : « C'est très mal indiqué »

On observe d'ailleurs que, en Île-de-France, c'est à Paris que le taux d'incidence a le plus augmenté. Or la situation socio-économique dans la capitale est meilleure que dans des départements limitrophes comme la Seine-Saint-Denis et davantage de gens partent pendant l'été, relèvent des spécialistes que nous avons contactés. Ce qui pourrait corroborer l'impact des vacances sur l'évolution du taux d'incidence.

« Trois des territoires où le taux d'incidence est très élevé, à savoir Paris, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis, ont des populations très différentes. L'été, il y a beaucoup plus de mouvements de population dans la capitale », juge le Pr Lelièvre.

Quid au moment du retour ?

Néanmoins, si une personne habitant en Île-de-France est dépistée sur son lieu de congés, elle a quand même peut-être été infectée dans son département de résidence habituel. Tout dépend de l'intervalle de temps entre son départ et le dépistage. Là aussi, il n'est pas enregistré dans la base de données lorsque le test est effectué.

« Comme certains porteurs sont asymptomatiques et qu'on ne connaît pas bien la durée de portage de ce virus, peut-être étaient-ils déjà infectés lorsqu'ils étaient encore en Île-de-France », note le Pr Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Avicenne de Bobigny.

Reste à savoir ce qu'il adviendra de ces Franciliens lorsqu'ils reviendront chez eux. Même s'ils sont toujours contagieux, ils ne devraient pas représenter de danger sanitaire à condition qu'ils respectent parfaitement les mesures d'isolement demandées à chaque individu testé positif.

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