À ce jour, on estime que 10% de la population française est touchée par des troubles de l’odorat, selon l’association Anosmie.org. C’est le cas de Caroline Bigot-Rablet.
En novembre 2020, un traumatisme crânien la privait de son odorat. Aujourd’hui encore, à 36 ans, elle souffre de cette anosmie qui ternit sa vie au quotidien. Alors que la Journée mondiale se tient ce lundi 27 février, elle nous confie ses craintes et ses espoirs.
Anosmie et Covid-19
Dès le début de la pandémie de Covid-19, la perte de l’odorat - mais aussi celle du goût (agueusie) - est apparue comme l'un des symptômes les plus fréquents du Covid-19. La raison : le coronavirus infecte les neurones sensoriels et provoque une inflammation persistante de l’épithélium (tissu formé de cellules jointives) et du système nerveux olfactif. La majorité des personnes atteintes retrouve l’odorat une à deux semaines après l’avoir perdu. Le Covid long avec anosmie persistante représente 20 % des deux millions de Français touchés.
Actu : Comment cette anosmie dont vous souffrez s'est-elle déclarée ?
Caroline Bigot-Rablet : Il y a un peu plus de deux ans, alors que j'étais enceinte, j'ai fait un malaise et je suis tombée sur l'arrière du crâne. Mon cerveau a rebondi à l'intérieur, abîmant le système olfactif. Durant mon hospitalisation, mon mari m'a apporté un smoothie et m'a demandé s'il était bon. Je n'ai pas su répondre : c'est comme ça que j'ai réalisé que j'avais perdu le goût et l'odorat.
Plus tard, j'ai fait une IRM qui a révélé un amas fibreux à l'endroit du bulbe olfactif. Aujourd'hui, aucun médecin ne peut certifier si mon odorat reviendra et dans combien de temps. Mais je garde espoir : certaines personnes retrouvent leur odorat plusieurs années après un accident, parfois même trente ans après.
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« Être privée de ce sens est un calvaire quotidien »
Mais vous avez retrouvé le goût...
C. B.-R. : Oui mais je peux seulement reconnaître les goûts sucré, salé, amer, acide et umami. Je commence également à retrouver la sensation des textures, du froid, du chaud, du croquant ou du moelleux.
En revanche, en raison de ma perte d'odorat, je n'ai pas retrouvé le goût des saveurs ; je ne peux pas faire la différence entre une fraise et une framboise, par exemple. Et je pourrais boire de l'eau de Javel, je ne m'en rendrais pas compte.
Comment vivez-vous cette anosmie au quotidien ?
C. B.-R. : Lorsque j'étais enfant, je voulais devenir nez dans la parfumerie ; c'est vous dire à quel point l'odorat est un sens très important pour moi. Donc être privée de ce sens est un calvaire quotidien.
Avant, j'étais une bonne cuisinière, mais aujourd'hui, j'ai perdu l'envie de cuisiner et de manger, car rien ne me fait envie. J'ai perdu toute sensation de faim et de plaisir à manger. En outre, j’ai renforcé tous mes gestes d’hygiène : je fais le ménage à fond et j'essaie d'éviter que les vêtements soient sales ou sentent mauvais.
« L’anosmie entraîne un isolement, une perte de confiance en soi puissance 10 000 »
Votre vie sociale a-t-elle été touchée ?
C. B.-R. : L'anosmie entraîne un isolement, une perte de confiance en soi puissance 10 000. Avant, j'étais quelqu’un de joyeux, qui sortait au restaurant ou dans les bars. Aujourd’hui, aller au restaurant est devenu une épreuve et je ne peux plus boire d'alcool parce que ça me brûle.
Toutes mes sensations sont exacerbées : les huîtres sont devenues trop gluantes, les glaces trop froides, le fromage trop salé, les pâtisseries trop sucrées, le café trop amer et quand je bois de l'eau pétillante, j'ai l'impression d'avaler des oursins.
Avez-vous des craintes ?
C. B.-R. : J'ai une peur énorme avec le gaz et lorsque j'ai déménagé, j'ai changé la plaque de gaz pour une plaque électrique. Ayant une chaudière et une cheminée au gaz, j'ai l'intention d'installer des capteurs de gaz, car je ne serais pas capable de repérer une fuite de gaz. Même chose en cas d'incendie.
Et quand je suis dehors avec ma fille, je sais que ça peut sentir les pots d'échappement ou la cigarette alors j'ai toujours l'œil alerte pour repérer les panaches de fumée parce que je n'ai pas envie de lui faire sentir ça.
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« Il n’y a pas de solution »
Que ressentez-vous psychologiquement ?
C. B.-R. : Une grande anxiété. J'ai même frôlé la dépression. J’ai contacté des psychologues, mais ils n'étaient pas formés pour un cas comme le mien. Heureusement, ma petite fille n’a pas eu de séquelles après mon accident et c'est un moteur fort pour continuer et m'en sortir.
Existe-t-il des traitements ?
C. B.-R. : Aujourd'hui, pour une anosmie traumatique comme la mienne, il n'y a pas de solution. Donc moi, j'essaye tout : l'acupuncture, la médecine chinoise, le magnétisme, le reiki (circulation des énergies), la rééducation olfactive avec des huiles essentielles...
Et si, demain, on teste un implant olfactif, je serais immédiatement partante pour le faire. À 36 ans, j'ai encore plein de choses à vivre.
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