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VIH : Pourquoi le nouveau cas de guérison confirmé est à prendre avec des pincettes - 20 Minutes

Après le « patient de Berlin » en 2009 et le « patient de Londres » en 2019, une troisième personne atteinte du VIH a été guérie : le « patient de Düsseldorf » n’a plus aucune trace du virus dans son organisme depuis quatre ans. Cette guérison, qui a été annoncée lundi par l’hôpital de Düsseldorf (Allemagne), a été permise par le consortium international d’instituts de recherche scientifiques IciStem, dont fait partie l’Institut Pasteur.

Deux autres cas de guérison auraient également eu lieu l’an dernier, mais n’ont pas encore donné lieu à des publications en bonne et due forme. Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur et coauteur de l’étude confirmant la guérison du patient explique à 20 Minutes comment cet homme a vaincu le VIH.

Qui est le « patient de Düsseldorf » ?

Diagnostiqué en 2008 du VIH et sous traitement antirétroviral, l’homme a développé une leucémie en 2011. Après un traitement chimiothérapeutique, une rechute a incité ses médecins de l’hôpital allemand à procéder à une greffe de moelle osseuse. Or, ici, le donneur est porteur d’une mutation génétique rare - 1 % de la population mondiale la possède - qui empêche le VIH d’entrer dans les cellules, dite CCR5Δ32.

« Lors d’une greffe de moelle osseuse, on élimine et on remplace les cellules immunitaires du patient, qui se développent anormalement dans le cas d’une leucémie, par celles d’un donneur. Ici, leur disparition signifie également une suppression des cellules porteuses de VIH », explique Asier Sáez-Cirión. Ainsi, quatre ans après l’arrêt du traitement antirétroviral, les chercheurs n’ont pas trouvé de particules virales, ni de réservoir viral activable, ni de réponses immunitaires contre le virus dans l’organisme du patient. Le patient est donc « probablement guéri », ne risquant pas d’être à nouveau séropositif, à l’inverse d’une rémission, où la personne séropositive peut arrêter son traitement et être négative au test de détection d’anticorps anti-VIH, mais peut tout de même avoir un risque de voir son virus se réactiver.

Quel avenir pour ce traitement ?

Malheureusement, « cette stratégie n’est pas extrapolable ». Jusqu’ici, tous les patients guéris ont en commun un cancer du sang, qui leur a permis de bénéficier d’une greffe de cellules souches, renouvelant en profondeur leur système immunitaire. « La greffe de moelle est une intervention à risque, qui est donné aux personnes ayant des pathologies spécifiques, comme la leucémie, et qui n’ont pas d’autres options thérapeutiques », explique Asier Sáez-Cirión. En effet, de nombreuses complications, comme une aplasie, peuvent avoir lieu suite à l’opération, qui requiert une longue hospitalisation. De plus, d’après le scientifique, le taux de mortalité post-greffe reste élevé. Pour ces raisons, ce protocole médical n’est pas envisageable pour les personnes séropositives sous traitement antirétroviral sans comorbidité.

Ajouter à ça les règles de compatibilité donneur receveur et la faible fréquence de la mutation Δ32, « on ne peut pas proposer cela aux 38 millions de personnes séropositives dans le monde », glisse le chercheur.

Quels enseignements sont à tirer de cette découverte ?

« Pour être honnête, quand nous avons eu cette annonce d’une troisième guérison, nous nous sommes demandé ''quoi de neuf ?'' », confie à 20 Minutes la directrice générale du Sidaction Florence Thune. « Nous sommes mesurés vis-à-vis de cette découverte », détaille-t-elle. De facto, les conditions du traitement du « patient de Düsseldorf » sont si précises, qu’elles ne permettent pas d’imaginer une généralisation de ce protocole risqué aux 173.000 Français et Françaises porteurs du VIH.

Cependant, « les résultats acquis lors de l’étude donnent des pistes pour développer des thérapies », relève le scientifique. « Notamment, pour développer un traitement afin de permettre davantage de rémissions », complète la directrice du Sidaction. Si le but d’un traitement pour guérir du VIH reste un objectif à long terme, il paraît éloigné tellement ce virus est complexe. « Aujourd’hui, grâce à une injection, les personnes séropositives peuvent mettre sous cloche le virus pendant deux mois, explique Florence Thune, l’objectif est de permettre une rémission à long terme grâce à une seule prise de traitement. »

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