Alors que la menace de nouveaux virus en provenance des animaux pèse sur la situation sanitaire mondiale, une nouvelle pandémie n'est pas à exclure dans les prochaines années selon la virologue Anne Goffard.
Après le choc provoqué par la pandémie de Covid-19, de nombreuses questions se posent quant à l'émergence de nouveaux virus d'origine animale qui pourraient menacer la santé humaine. Mais ces inquiétudes sont-elles fondées ? Réponse avec Anne Goffard, virologue et médecin au CHU de Lille.
La Dépêche du Midi : Pensez-vous que de nouvelles pandémies pourraient avoir lieu dans les années à venir ?
Anne Goffard : On ne peut pas dire quand ni comment mais cela va se reproduire, la communauté des virologues a d'ailleurs déjà alerté les autorités à ce sujet. Cela pourrait se déclencher avec le virus de la grippe aviaire, qu'on connaît déjà et qui est surveillé au niveau international, ou avec un virus que l'on ne connaît pas encore et qui pourrait se diffuser chez l'humain.
Ce virus sera-t-il forcément d'origine animale ?
Tous les virus qui infectent les humains ont une origine animale, plus ou moins lointaine, qu’on est capables de tracer ou pas. C'est le cas des virus grippaux, du Covid-19, du Monkeypox ou encore d'Ebola et de la fièvre jaune. Cela s'explique notamment par la présence de plus en plus forte des humains dans l'habitat des animaux mais aussi de la consommation alimentaire et du dérèglement climatique qui peut amener les animaux dans des endroits qu’ils ne fréquentaient pas avant.
Vous évoquez le Covid-19, pensez-vous que de nouveaux variants du virus pourraient encore apparaître ?
Actuellement, il y a toujours de nouveaux variants en circulations. Toutefois, ce sont des dérivés d'Omicron et non plus du virus original. Typiquement, le SARS-CoV2 était un virus animal qui s'est adapté très rapidement aux humains et qui est devenu extrêmement virulent. Son origine explique également le fait que nous n'arrivons pas à le traiter puisqu’il est inconnu des scientifiques.
Sommes-nous prêts à faire face à une nouvelle pandémie ?
Je suis sceptique quant aux moyens que nous avons pour assurer une telle pandémie. En effet, l'outil de surveillance des eaux usées (Obépine) mis en place lors de la pandémie de Covid-19 et qui permet de surveiller la présence de génomes viraux dans les eaux, a été repris par Santé Publique France et s'appelle désormais SUMO. Depuis, nous n'avons plus accès à aucun résultat. Nous nous inquiétons de savoir si la surveillance est bien effectuée puisque cet outil est très utile pour prévenir la propagation massive d'un virus.
Pourquoi ce dispositif mérite-t-il d'être conservé ?
C'est un dispositif relativement simple à utiliser pour tracer un virus et qui évite de faire des prélèvements sur des humains. Concrètement, les eaux usées sont extraites des stations d'épuration et analysées par des spécialistes qui peuvent détecter la présence d'un génome viral et ainsi, préparer les hôpitaux et les généralistes à une future vague de contaminations près de trois semaines avant qu'elle arrive. Cela nécessite un budget conséquent mais c'est un investissement nécessaire pour prévenir une future catastrophe !
La France est-elle en retard quant à la prévention des maladies infectieuses ?
Je n'ai pas l'impression que la France se donne les moyens d'être prête. Nous ne devons pas attendre que l'alerte soit donnée par l'OMS ou nos voisins belges et suisses pour faire attention. C'est dommage de dépendre des gens autour quand on a toutes les compétences pour être à la hauteur. Dans l'idéal, il faudrait financer une école de santé publique en maladies infectieuses avec des spécialistes qui mèneraient des actions concrètes auprès de la population. Il y a beaucoup à faire sur le sujet.
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