- L’étude Vision, portée par le professeur Julien Mazières, du CHU de Toulouse, a fait l’objet d’une publication le 4 mai dans une prestigieuse revue d’oncologie.
- Cette étude tend à démontrer l’efficacité et la sécurité à long terme du tépotinib, une nouvelle molécule, chez les patients atteints d’un cancer du poumon avec une mutation génétique particulière.
- Si les essais cliniques sont concluants, la mise sur le marché de ce traitement n’est pas pour tout de suite…
Une anomalie ADN spécifique des cellules cancéreuses. Une médecine personnalisée. Et une molécule adaptée pour chaque cancer. C’est le dessein de la recherche médicale depuis des années. Avec elle, de nouveaux traitements appropriés voient le jour, porteurs de nouveaux espoirs face à la maladie.
C’est le cas avec le tépotinib, une nouvelle molécule, et l’essai clinique porté par le professeur toulousain Julien Mazières, pneumo oncologue au CHU de Toulouse, qui remplace la chimiothérapie par un simple cachet pour un certain type de cancer. « Depuis des années, on comprend mieux la biologie des cancers du poumon et ses variants, sa dizaine de "sous-groupes". On peut désormais faire des analyses plus poussées de ces cellules et mettre en lumière des anomalies moléculaires », explique le spécialiste. En fait, le cancer du poumon peut varier d’un groupe de personnes à un autre selon une mutation génétique particulière. En cela, la recherche médicale locale tout autant que mondiale se concentre à déterminer ces mutations et à trouver un traitement pouvant y répondre.
L’étude Vision, présentée le 4 mai au congrès mondial d’oncologie de Chicago et publiée le même jour dans la revue JAMA Oncology, s’est penchée sur l’utilisation du tépotinib pour traiter une mutation génétique qui touche 4 à 5 % des patients malades d’un cancer du poumon dit « non à petites cellules », représentant lui-même 80 à 90 % des cas. Cette mutation génétique initie et aggrave le cancer en favorisant la prolifération incontrôlée des cellules cancéreuses. Elle a un pronostic très sombre.
« On ne peut pas parler de guérison »
« Grâce au traitement par tépotinib, on a pu observer de véritables bénéfices pour les malades ayant cette mutation : réduction de la taille de la tumeur, diminution des métastases, une vie sans effets secondaires de chimio et sans développement aussi rapide de la maladie », souligne Julien Mazières. Grâce à un simple cachet, ces malades à un stade avancé connaissent une phase de répit, davantage de temps que ce que la chimio peut leur offrir. « La survie est prolongée sans pour autant qu’on puisse parler de guérison », précise le rapporteur de l’étude. « Ni ces molécules, ni la chimio ne permettent d’éradiquer totalement la maladie. Mais le tépotinib offre un meilleur confort de vie et allonge la survie sans récidive », ajoute-t-il.
Un essai clinique réussi et après ?
En ce qui concerne l’étude Vision, menée de septembre 2016 à mai 2021 et incluant 313 patients dans le monde, les résultats sont largement supérieurs à ce qui est habituellement observé dans le cadre des traitements de chimiothérapies, avec un taux de réponses objectives de 51,4 %. Mais pour l’instant, ce traitement n’est pas autorisé par l’Agence française du médicament. « Ils pourraient demander un nouvel essai clinique plus large ou de nouvelles études avant de se positionner. Il n’y a pas, en France, à l’heure actuelle, assez de preuves suffisantes pour que le tépotinib arrive dans les prochains mois sur le marché et soit remboursé. Ce traitement ne concerne, pour l’instant, que les essais cliniques », révèle le chercheur toulousain.
Mais un autre traitement, lui, arrive sur le marché français et est remboursé. Il s’agit de l’osimertinib (commercialisé sous le nom de Tagrisso) développé par le groupe pharmaceutique AstraZeneca et présentée également lors du congrès de Chicago le 4 mai. Il concerne les patients atteints d’un cancer dit « non à petites cellules » comme pour l’essai toulousain, et présentant également un type particulier de mutation, mais différent de celui de l’essai clinique de Vision.
Un autre traitement mis sur le marché
Cette mutation concerne 10 % à 25 % des patients atteints d’un cancer du poumon aux Etats-Unis et en Europe. L’essai clinique incluait 680 participants à un stade précoce de la maladie, dans plus d’une vingtaine de pays. La prise du comprimé après la chirurgie a entraîné une réduction de 51 % du risque de décès pour les patients traités, comparé au placebo. « C’est différent pour cet essai. L’anomalie génétique est plus commune tout d’abord et on parle de cancers plus précoces et opérés », décrypte Julien Mazières. Quoi qu’il en soit, l’analyse précise du profil moléculaire du cancer de chaque patient est nécessaire pour proposer le traitement le plus adapté. Toulouse se positionne dans ce sens dans sa recherche scientifique.
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