De quoi faire des cheveux blancs aux 24,7% de ménages français locataires de leur résidence principale dans le parc privé.
Être locataire dans le parc privé accélère le vieillissement: c'est ce qu'affirment des chercheuses de l'Université d'Essex (Royaume-Uni) et de l'Université d'Adélaïde (Australie), dans une étude dévoilée récemment. L'effet de vieillissement observé serait ainsi deux fois supérieur à celui engendré par l'obésité ou le chômage, relate The Guardian.
Publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health, l'enquête réalisée sur plus de 1.420 ménages britanniques révèle que louer son logement peut avoir des conséquences néfastes sur la santé, principalement un vieillissement biologique plus rapide: les dommages cumulés endommagent les tissus et les cellules de l'organisme.
«Notre logement a un impact très important sur notre santé»
N'étant qu'observationnelle, la recherche n'a pas pu déterminer avec certitude la cause du lien entre la location et l'accélération du vieillissement biologique. Mais certains, comme Dan Wilson Craw, directeur adjoint du groupe Generation Rent, qui se bat contre les expulsions des locataires dans le secteur privé, émettent leurs hypothèses: «L'environnement dans lequel nous vivons a un impact très important sur notre santé. L'incertitude quant à la durée pendant laquelle nous pourrons vivre quelque part peut être source de stress, tandis que le délabrement et l'humidité d'un logement peuvent rendre physiquement malade.»
En France, 24,7% des ménages sont locataires de leur résidence principale dans le parc privé. Certains sont victimes de mauvaises conditions d'hébergement –froid, humidité, délabrement, mauvaise isolation... En 2022, on dénombre dans l'Hexagone 3,1 millions de logements en location considérés comme des «passoires thermiques».
«Des politiques visent à réduire le stress engendré par la location»
Bonne nouvelle cependant: il est possible d'inverser la tendance. «L'amélioration ou la modification des conditions de vie des personnes dont le vieillissement biologique est plus rapide peut corriger ce phénomène», indiquent les chercheuses. «Des politiques visent à réduire le stress et l'incertitude associés à la location privée: la fin des expulsions sans faute, la limitation des augmentations de loyer, ou encore l'amélioration des conditions de location contribuent à réduire les impacts négatifs sur la santé des locataires.»
Contrairement à la location dans le parc privatif, les locataires de logements sociaux ne présentent, eux, pas davantage de signes de vieillissement que les propriétaires. Cela pourrait s'expliquer par le fait que leurs loyers sont généralement moins élevés et que le risque d'expulsion est minime.
Dan Wilson Craw tire la sonnette d'alarme: «Les locataires risquent l'expulsion, ceux qui vivent dans des logements médiocres peuvent développer des problèmes de santé, notamment en cette période de crise économique. Aujourd'hui, de plus en plus de personnes n'ont pas d'autre choix que de louer: les décideurs politiques doivent agir de toute urgence.»
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