Après une première mise en garde fin 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) enfonce le clou et appelle à ne plus utiliser de comprimés contre le rhume. Ils seraient susceptibles de provoquer des effets indésirables rares mais dévastateurs (infarctus, AVC...). Les laboratoires pharmaceutiques producteurs estiment l’annonce prématurée.
Les vasoconstricteurs ont longtemps été dans le vent pour déboucher le nez. Au début des années 2000, ils arrivaient dans le Top 5 des médicaments les plus vendus en pharmacie. Mais c’est au gendarme du médicament qu’ils ont fini par donner des maux de tête.
De 2012 à 2018, la base nationale de pharmacologie a répertorié 307 cas graves d’AVC ou d’infarctus chez des personnes qui avaient pris un cachet pour soigner un simple rhume !
En cause, son principe actif : la pseudoéphédrine. Que ce vasoconstricteur soit habillé par Actifed, Dolirhume, Humex, Nurofen, ou Rhinadvil, peu importe. Il a fait la preuve d’un rapport bénéfice risque largement en sa défaveur, selon les autorités de santé. Alors, après avoir tiré le signal d’alarme bien des fois, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé vient de dire stop par la voix de Christelle Ratignier-Carbonneil, sa présidente.
"Ne les utilisez plus"
"Je veux dire aux Français : ne les utilisez plus", a-t-elle déclaré hier au Parisien. "Des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux peuvent survenir après leur utilisation. […]. Ces événements très graves peuvent se produire quelle que soit la dose et la durée du traitement", détaille la présidente de l’ANSM. Et pour cause, les vasoconstricteurs qui passent dans le sang viennent légèrement refermer les vaisseaux, ce qui a pour effet de dégager le nez. Mais ce faisant, ils rétrécissent tous les vaisseaux, pas seulement ceux de la tête. Ainsi, si vous avez un problème au cœur, ce resserrement peut provoquer une obstruction totale et aboutir à un AVC ou à un infarctus ! « Même sans maladie, il y a un risque. Très clairement, le rapport bénéfice-risque est défavorable », selon les médecins, qui soutiennent la décision de l’ANSM, avec une grande partie du corps médical : Ordre national des pharmaciens, syndicats, Collège de la médecine générale, ORL…
De quoi faire réfléchir les victimes de rhume peu enclines à passer dix jours en apnée, avec le nez bouché, surtout la nuit. Mais aussi les laboratoires pharmaceutiques producteurs qui reniflent une perte de chiffre d’affaires, même si l’ANSM ne demande pas formellement que les médicaments incriminés soient retirés du marché.
En 2017, l’interdiction de faire la publicité de ces produits avait mis la puce à l’oreille des patients. Et les labos avaient vu leurs ventes divisées par cinq par rapport à la fin des années 2000. Mais ils avaient tout de même limité les dégâts et vendaient encore trois millions de boîtes par an depuis 2020. Aussi, espéraient-ils que la France attende au moins l’arbitrage de l’Europe, en suspens depuis février 2023. L’ANSM en a décidé autrement.
Reste les irréductibles, qui n’arrivent pas à dormir avec le nez bouché. Les patients avec des contre-indications se sont fait une raison depuis longtemps. En cas d’hypertension, de diabète, d’antécédents d’AVC, de convulsion, d’insuffisance coronarienne, d’hyperthyroïdie, de glaucome oculaire ou de grossesse, les vasoconstricteurs n’étaient déjà plus dans les placards à pharmacie. Aussi, ont-ils expérimenté des remèdes de grand-mère qui ont fait la preuve de leur efficacité.
Par exemple, snifer en toute légalité… de l’eau salée. Moins cher qu'un spray nasal à l'eau de mer. De quoi réconcilier les éternels enrhumés avec le film Andrzej Żuławski, "Mes nuits sont plus belles que vos jours".
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