SAVO PRELEVIC / AFP
Les cas de rougeole ont été multipliés par 30 en Europe.
SANTÉ - La hausse est vertigineuse. Le nombre de cas de rougeole en Europe a explosé en 2023 par rapport à l’année précédente, a alerté ce mardi 23 janvier l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus de 30 000 cas ont ainsi été signalés par 40 des 53 États de la région entre janvier et octobre 2023. « Par rapport aux 941 cas notifiés au cours de l’année 2022, cela représente une multiplication par plus de 30 », note l’organisation dans son communiqué.
Si ces conclusions peuvent inquiéter, la France est loin d’être le pays le plus touché : selon les chiffres de l’OMS, l’Hexagone dénombre 106 cas sur la période étudiée. Un chiffre qui augmente tout de même par rapport à 2022, où la circulation virale était « quasi inexistante », selon Santé Publique France, avec seulement 15 cas.
Mais pour Branka Horvat, directrice de recherche à l’INSERM spécialisée dans les infections respiratoires – dont fait partie la rougeole –, il pourrait « y avoir une augmentation dans les semaines et les mois à venir ». « C’est difficile de prévoir, ajoute-t-elle. Mais étant donné qu’il y a une hausse des cas dans les autres pays européens, ce ne serait pas étonnant que l’augmentation arrive en France. »
À titre de comparaison, le Kazakhstan et la Russie sont les pays les plus touchés avec plus de 12 000 cas pour le premier, et de 6 000 pour le second. Avec 157 cas, le Royaume-Uni est le pays d’Europe occidentale où la résurgence de la maladie, considérée comme éliminée en 2021, est la plus patente.
Une maladie contagieuse et potentiellement dangereuse
La rougeole, qui se manifeste par une éruption cutanée précédée par une rhinite, une conjonctivite, une toux, accompagnée d’une fièvre très élevée et d’une grande fatigue, peut toucher toutes les classes d’âge, même si elle est plus fréquente chez les enfants, selon l’OMS.
« Le virus de la rougeole est très contagieux. Une personne peut en infecter 15 à 20 autres si elles sont dans la même pièce », rappelle la chercheuse. Il peut également entraîner des complications mortelles, comme des pneumonies.
Mais « plutôt que de s’alarmer », Branka Horvat veut inciter les parents à « faire vacciner leurs enfants ». La recrudescence de la rougeole en Europe est en effet attribuée à une baisse de la couverture vaccinale pendant les années Covid. « La pandémie de Covid-19 a eu un impact significatif sur les performances du système de vaccination au cours de cette période, entraînant une accumulation d’enfants non vaccinés ou insuffisamment vaccinés », explique l’OMS.
Objectif 95 %
Pour endiguer la maladie et espérer l’éradiquer, il faut maintenir un taux de vaccination à 95 %. En France, la vaccination est obligatoire pour les nourrissons nés après 2018. La première dose est administrée à 12 mois et la seconde entre 16 et 18 mois. Mais l’objectif de 95 % n’est pas atteint, selon Santé Publique France : « Il persiste des populations insuffisamment vaccinées, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes ou encore au sein de populations particulières éloignées du système de santé. »
Selon la chercheuse, « c’est un vaccin très efficace, qui n’a aucune conséquence négative et qui est parmi les mieux toléré ». « Notre couverture est de 95 % dans certains endroits », ajoute-t-elle, mais quand ce chiffre n’est pas atteint, ça ne « suffit pas à prévenir le risque des épisodes de rougeole ».
En 2022 en Europe, seuls 92 % des enfants européens avaient reçu une deuxième dose de vaccin. L’OMS, par la voix de son directeur régional Hans Kluge, a appelé à des « activités de vaccination » qui doivent « être menées de toute urgence pour stopper la transmission et empêcher la propagation ».
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