Contre la théorie de la « dette immunitaire », ce médecin nordiste conseille de « lécher la barre du métro » - La Voix du Nord

« Éviter les infections aujourd’hui, c’est risquer d’être malade demain ». Dans un article faussement scientifique mais réellement humoristique publié le 6 janvier dans la revue « Journal International de Médecine » (JIM), le Dr. Mickaël Rochoy, qui exerce à Outreau, s’attaque à la « dette immunitaire ».

De quoi s’agit-il ? D’une théorie développée par des pédiatres français dans un article publié en août 2021 qui assure que les mesures de protection contre le Covid-19 ont pénalisé notre résistance naturelle en ne les entraînant pas… et provoquant plus de contaminations in fine.

« Le concept est simple : on est moins immunisé contre plein de virus, c’est-à-dire que l’on est davantage susceptible face à ces virus », expliquait au Parisien Robert Cohen, pédiatre au Centre hospitalier intercommunal de Créteil. « Ce concept n’a pas encore été démontré dans la littérature scientifique », lui avait répondu Sandrine Sarrazin, chercheuse INSERM au Centre d’immunologie de Marseille.

La théorie continue toutefois d’être utilisée pour expliquer la recrudescence de certaines maladies, comme la bronchiolite. Au grand dam de Mickaël Rochoy. Dans son article, celui-ci recommande donc aux Français qui auraient contracté cette « dette immunitaire » de « lécher une à deux barres de métro par mois, afin de booster (leur) système immunitaire ». À ceux qui n’ont pas de métro à proximité, « nous proposons de pratiquer le léchage de barres de bus, tram, train ou trolley… », ajoute-t-il. Le conseil est accompagné d’un graphique comparant « la densité microbienne », « la variété des pathogènes » et la « fréquence d’utilisation » selon le type de transport. Une invention totale : le praticien l’a réalisé avec ChatGPT.

« Le fond de cette pensée c’est que pour être moins malade il faudrait être plus malade »

Avec d’autres, le docteur Rochoy avait déjà tenté de remettre en cause la théorie de la « dette immunitaire », d’abord dans un article publié par Le Quotidien du Médecin en décembre 2022 puis dans une tribune sur The Conversation en février 2023. « On a débunké de façon sérieuse, mais il y a une sorte de folie médiatique inarrêtable. Ce qui marche, c’est aussi de faire de l’humour », insiste le Nordiste.

Cet ardent défenseur du port du masque n’en est pas à son coup d’essai : pour dénoncer le peu de sérieux d’une revue scientifique, l’« Asian Journal of Medicine and Health », il y avait fait publier une étude sur l’usage de l’hydroxychloroquine pour faire diminuer… les accidents de trottinettes.

Cette fois, la revue qui accueille la publication est bien consciente de la nature du travail produit par le Dr. Rochoy. « C’est vraiment pour faire réfléchir sur ce sujet, car le fond de cette pensée, c’est que pour être moins malade il faudrait qu’on soit plus malade. Ça n’a pas de sens. C’est aussi l’illustration parfaite du biais du survivant : ceux qui survivent à l’infection vont dire que ça marche, parce que ceux qui en sont morts sont très peu loquaces sur le sujet », ironise-t-il. Et au cas où vous aviez un doute, lécher les barres du métro, « ce n’est pas une bonne idée », sourit le Dr. Rochoy.

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