
Qui de l’eau de bouteille, ou de l’eau du robinet, est la plus pure ? L’eau embouteillée contient jusqu’à 100 fois plus de minuscules particules de plastique que ce que les scientifiques avait estimé jusqu’à aujourd’hui. C’est le résultat d’une étude internationale publié lundi 8 janvier, dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Si la présence des nanoplastiques dans l’eau en bouteille est connue depuis des années, c’est la conclusion de l’étude qui interpelle. Les chercheurs ont testé une nouvelle technique utilisant des lasers pour comptabiliser le nombre de fragments de plastique dans l’eau de trois marques populaires internationales, sans révéler leur nom, et le résultat est sans appel : ils ont trouvé en moyenne 240.000 nanoplastiques (issus des débris plastiques) par litre d’eau.
L’eau du robinet comme bonne “alternative” ?
Alors que l’eau en bouteille s’apparente souvent à une eau plus saine et naturelle dans l’imaginaire collectif, la présence des nanoplastiques repose la question de l’impact sur la santé. “Si les recherches sur leur conséquence sur la santé humaine sont encore limités, tempère l’AFP, certaines études ont déjà mis en évidence des effets néfastes, par exemple sur le système reproductif”. Ils sont si petits (moins d’un micromètre), qu'ils peuvent entrer dans le système sanguin et donc jusque dans les organes, dont le cerveau et le cœur, rappelle l’AFP.
“Dans le corps, les microplastiques passent via la barrière intestinale, pulmonaire, se retrouvent dans la circulation sanguine et finissent par pénétrer le cœur et le cerveau”, rappelle dans un tweet l’hydrologue Emma Haziza qui dénonce depuis des années le conditionnement de l’eau dans les bouteilles plastiques pour des raisons sanitaires et environnementales
Pour la première fois, une étude comptabilise via des méthodes novatrices par double laser le nombre de microparticules de plastiques inclues dans l’eau embouteillée.
— Haziza Emma (@HazizaEmma) January 9, 2024
Une bouteille d’un litre contient donc en moyenne 240 000 fragments de plastique détectables, soit 10 à 100 fois…
Les résultats ont montré que chaque litre contenait entre 110.000 et 370.000 particules par litre, dont 90% de nanoplastiques, le reste étant des microplastiques. Le type de plastique le plus présent est le nylon, qui pourrait provenir de filtres en plastique utilisés pour purifier l'eau, suivi du polytéréphtalate d'éthylène (PET), qui font les bouteilles.
"Nous pensons que toutes les eaux en bouteille contiennent des nanoplastiques, donc en mettre certaines en évidence pourrait être considéré comme injuste", a expliqué Beizhan Yan, co-auteur de l’étude, à l’AFP. “Mais si les gens sont inquiets à propos des nanoplastiques dans l'eau en bouteille, il est raisonnable de considérer des alternatives, comme l'eau du robinet", a-t-il conseillé.
Selon un étude de 2022 du Centre de l’information de l’eau, 68% des Français consomment de l’eau du robinet tous les jours, ou presque. Ils sont 79% en Provence-Alpes-Côte D’Azur.
Et les pesticides alors ?
“Le seul conseil à donner est de varier au maximum l’origine de l’eau que l’on boit”, suggère Mathilde Montperrus, docteure en chimie spécialiste dans la qualité de l’eau, au journal Le Parisien.
Elle rappelle que “si l’eau en bouteille contient des micros et nanoparticules de plastiques, on sait aussi ce que celle du robinet est, elle, contaminée par des traces de pesticides”, des pesticides principalement issus du ruissellement et de l’infiltration dans les sols. D’ailleurs, un rapport de l’Anses révélait en avril 2023 la présence d’un pesticide, résidus issus d'un fongicide interdit depuis des années, dans un tiers de l’eau distribuée en France.
“L’eau est l’un des industries les plus contrôlés”, explique Emmanuel Guiol, directeur adjoint des exploitations de la Société des Eaux de Marseille, qui rappelle que la qualité de l’eau est étudiée via des milliers de paramètres, d’une part par les sociétés gestionnaires d’eau potable, en plus d’être contrôlée par l’Agence régionale de Santé (ARS).
La meilleure eau du robinet à Marseille ?
Si certaines régions de France sont moins bien loties en qualité d’eau potable, l’eau de la Durance et du Verdon, ressources protégées situées en amont, qui alimentent les eaux de Marseille, garantissent selon Emmanuel Guiol une eau “sans pesticides”, car protégée de toute activité agricole et industrielle.
“La limite est d’un microgramme de pesticide par litre, et nous sommes à un niveau inférieur à la limite même de détection”, précise le directeur adjoint des exploitations. Précisons néanmoins que bien d’autres composants que les pesticides, possiblement néfastes selon la quantité, peuvent être retrouvés dans les eaux du robinet françaises. Pour ce qui est de la présence de particules plastiques dans “la meilleure eau potable de France”, “la loi ne demande pas à l’ARS de mesurer ce genre de polluant”.
Contacté par Le Parisien, La Maison des eaux minérales naturelles, syndicat professionnel représentant 80% des marques d’embouteillages d’eau minérales en France assure “suivre avec attention la publication des rapports scientifiques”.
Le plus gros danger reste la déshydratation
Dans une étude du laboratoire de Bordeaux réalisée sur plus de 40 marques d’eau embouteillées en France et publiée en 2022, les fabricants assuraient que “toutes les analyses ont confirmé la conformité des eaux embouteillées à la réglementation. Les résultats de l’étude montrent également la très grande qualité de ces eaux protégées par leurs situations géologiques exceptionnelles ainsi que par les mesures de protection environnementale mises en œuvre par les professionnels pour préserver ces sources".
"Nous ne recommandons pas de ne pas boire d'eau en bouteille quand nécessaire, car le risque de déshydratation peut être plus grand que les conséquences potentielles de l'exposition aux nanoplastiques”, a toutefois prévenu le co-auteur de l’étude du PNAS, Beizhan Yan.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Plastiques dans l'eau en bouteille : faut-il préférer l'eau du robinet ? - La Provence"
Post a Comment