De l’avis des spécialistes de l’Agence régionale de santé (ARS), cette année risque d’être exceptionnelle dans la lutte contre les contaminations virales par le moustique tigre. Une quinzaine de personnes malades de la dengue ont déjà été détectées depuis le début de la saison en Haute-Garonne. Leur environnement domestique et professionnel est systématiquement traité à l’insecticide pour éviter toute propagation d’une épidémie.
Peut-être avez-vous remarqué en vous baladant dans les rues de Toulouse, une petite affiche vous prévenant qu’une opération de démoustication est en cours dans votre quartier. Ce que vous ne soupçonnez pas, c’est que cet avertissement cache une véritable course contre la montre des services sanitaires pour tuer dans l’œuf une éventuelle propagation des virus tropicaux de la dengue, du zika ou du chikungunya.
" Dès que l’on nous signale une personne malade, nous intervenons à son domicile dans un rayon de 150 mètres pour éviter qu’un moustique ne le pique, en se transformant aussitôt en vecteur de la contamination", explique un spécialiste de l’Agence régionale de santé (ARS). L’opération consiste à pulvériser un insecticide, la deltaméthrine, autour du domicile de la personne infectée, mais aussi autour de tous les lieux professionnels, familiaux ou autre qu’elle a fréquentés. Des alertes qui se sont multipliées ces derniers jours alors que l’on est au début de la saison du moustique tigre.
Alerte à la dengue…
" Nous avons déjà recensé une quinzaine de cas en Haute-Garonne, poursuit notre spécialiste. À Toulouse, mais aussi à Fenouillet, Villaudric, Balma, Blagnac, Muret, Gargas… À chaque fois, il s’agit de malades qui ont contracté le virus lors d’un voyage, avec une prégnance pour les Antilles, Martinique ou Guadeloupe où les épidémies sont fortes en ce moment". Pour l’heure, c’est essentiellement le virus de la dengue qui a été repéré, mais l’attaque est virulente. " Les contaminations signalées ont été multipliées par dix depuis le début de l’année dans le département, pointe l’ARS, c’est une année qui s’annonce exceptionnelle et nous sommes tributaires des épidémies tropicales". La vigilance est donc de mise pour traquer le tigre avant qu’il ne pique un malade infecté et qu’il ne propage le virus en en piquant une autre. D’autant que si la vilaine petite bête s’était faite plutôt discrète jusqu’à présent à cause d’un printemps froid, on nous annonce une explosion des éclosions la semaine prochaine avec les premières chaleurs. " Ça va y aller plein pot", prévient un démoustiqueur.
Pas de campagne de démoustication massive
Pas question a priori de barbecue dans le jardin, l’enfer des piqûres nous est donc promis. Pourquoi dans ces conditions, ne pas recourir à des traitements massifs au-delà du seul, périmètre des personnes contaminées. " C’est une fausse bonne solution, prévient l’ARS.Plus on traite et plus le moustique devient résistant". Et il en va aussi de la protection de l’environnement. Déjà, les services sanitaires n’ont pas le droit de traiter près des cours d’eau, ni des cultures bios. " La deltaméthrine est toxique pour la faune aquatique, explique l’ARS, alors qu’elle est peu agressive pour les animaux à sang chaud comme les humains, les chats ou les chiens". L’usage de cet insecticide qui s’apparente à celui contenu dans les bombes que l’on achète encore dans le commerce, requiert toutefois quelques précautions d’utilisation. Les mairies, les apiculteurs et les agriculteurs sont systématiquement prévenus en cas de pulvérisation préventive. Le remède pire que le virus ?
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