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Levothyrox. La détresse des patients

La mise sur le marché, il y a six mois, d'une nouvelle formule du médicament thyroïdien Levothyrox, a mis au jour de nombreux cas de patients souffrant d'effets indésirables. En Bretagne, comme partout sur le territoire, les signalements se multiplient et les centres de pharmacovigilance sont « sous l'eau ».

Une nouvelle formule censée être « plus stable »
En mars dernier, à la demande de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le laboratoire Merck, qui le fabrique pour le marché français, a modifié non pas le principe actif mais les excipients du Levothyrox. L'ANSM estimait que les précédents (du lactose, notamment) n'assuraient pas assez la stabilité du produit : d'un lot à un autre, son efficacité pouvait varier. Le laboratoire Merck a investi 32 millions d'euros en cinq ans pour effectuer ce changement de formule en utilisant deux autres excipients, le mannitol et l'acide citrique anhydre. La France est le premier pays où cette nouvelle formule a été mise sur le marché.

Un seul substitut... à l'usage encadré.
En France, il existe également le L-Thyroxine (laboratoires Serb). Présenté sous forme de gouttes, il est, normalement, exclusivement réservé à l'usage des enfants et des personnes étant dans l'impossibilité de déglutir. Il contient moins d'excipients. Son stock a littéralement été pris d'assaut par des personnes qui ne supportaient pas la nouvelle formule du Levothyrox. Dans un premier temps, l'ANSM avait mis en garde contre le risque de pénurie de ce médicament mais finalement, la ministre de la Santé a indiqué que l'ANSM était en train de faire en sorte que les stocks de ce produit augmentent afin de « passer une période transitoire ».

5.000 signalements et une plainte au pôle de santé publique

Selon l'ANSM, 5.000 personnes ont signalé, depuis avril dernier, l'apparition d'effets indésirables (lire le témoignage ci-dessous). Quelque 1.500 d'entre elles souffriraient de « troubles graves ». En Bretagne, les deux centres de phamacovigilance de Brest et Rennes sont « sous l'eau » et croulent sous les « centaines de signalements ». « On en reçoit tous les jours et c'est compliqué à gérer parce que nous devons analyser chaque cas. Et l'analyse, ça prend du temps, ça nécessite du calme et du recul », lâche une spécialiste, agacée par « l'hystérie » que véhicule le sujet, sur internet notamment. Une pétition réclamant le retour à l'ancienne formule a recueilli, en ligne, 220.000 signatures, et des personnalités, comme l'actrice Annie Duperey, se sont lancées dans le combat. L'ancienne magistrate Odile Bertella-Geffroy, spécialiste en santé publique et désormais avocate, a annoncé son intention de déposer une plainte, la semaine prochaine, pour « mise en danger de la vie d'autrui, atteinte à l'intégrité physique, non-assistance à personne en danger ». Elle souhaite « mettre en cause dans cette plainte contre X les autorités sanitaires et le labo ».

Un laboratoire en situation de quasi-monopole
Si le retour à l'ancienne formule est exclu par les autorités sanitaires (ce sont elles qui en ont ordonné le changement), la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, estime tout de même qu'il faudra briser le quasi-monopole du laboratoire Merck en France : « Il faut ouvrir le marché à d'autres marques, notamment à des génériques ». Elle tient aussi à « déminer » le terrain, rendu sensible en France par des scandales sanitaires comme celui du Mediator. « Il n'y a pas de faute, de fraude, de mise en danger de la vie des gens », assure-t-elle. À qui veut l'entendre.

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