Petite révolution sur les prix des consultations médecins. Cette nouvelle grille tarifaire intervient dans le cadre d'une convention établie entre la sécurité sociale et les syndicats de médecins en 2016. Les patients pourront constater, dès le 1er novembre, une augmentation des consultations pour la prise en charge des pathologies au caractère complexe. Le tarif standard ne change pas et reste à 25 euros. Mais, pour ceux concernés par des visites dites "complexes", "très complexes" ou "longues", les prix s'échelonneront de 46 à 70 euros.
Voici le détail des trois catégories de paiement seront appliquées :
- Consultations complexes (enfants obèses de 3 à 12 ans, nourrissons, jeunes filles de 15 à 18 ans pour une demande d'accès à la contraception) : 46 euros.
- Très complexes (greffes rénales, consultations d'annonce de cancer, malformations fœtales) : 60 euros.
- Des visites longues (maladies neurodégénératives telles qu'Alzheimer ou Parkinson) : 70 euros.
"Les patients n'ont aucune inquiétude à avoir sur la prise en charge par l'assurance maladie puisque 95% seront assurés d'être remboursés à 100%", clame Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. "Il est primordial de faire comprendre aux patients ce qui leur arrive, de leur détailler le protocole de soins et d'engager s'il est nécessaire un suivi médical attentif pour les greffes rénales par exemple. C'est un travail long et considérable", poursuit-il.
Une prise en charge à 100%... excepté pour les personnes atteintes d'obésité
Dans le détail, une nuance subsiste. "Le seul défaut devrait concerner la prise en charge des jeunes enfants obèses dont le remboursement intégral n'est pas garanti". Une défaillance sur une véritable question de santé publique, la prévalence de l'obésité demeurant trop importante chez les jeunes français : 17% des enfants de 6 à 17 ans sont concernés selon l'Institut national de veille sanitaire (InVS). Le processus de prise en charge des personnes atteintes d'obésité s'avère très lourd. Outre la nécessaire prise d'informations sur les habitudes alimentaires du patient et les sports pratiqués, le praticien doit entamer des consultations de surveillance et programmer un suivi régulier auprès d'un nutritionniste ou d'un diététicien dont le remboursement n'est pas assuré par la Sécurité sociale. Concrètement, "la prise en charge des enfants obèses, passant de 25 à 46 euros, sera de 7,5 à 13,8 euros pour la mutuelle".
La fréquence de ce genre consultations "n'est pas conséquente", selon Jean-Paul Hamon, celles-ci n'excédant pas "4 à 5 consultations par an en moyenne en matière d'obésité ou de contraception". Qu'en est-il des tarifs de consultations des médecins généralistes dans les autres pays européens ? "La consultation moyenne en Europe est de 45 euros. La majoration des tarifs ne me paraît pas démesurée pour des consultations complexes ", se défend le professionnel de la santé.
Une nouvelle loi mettra l'accent sur la prévention
Par ailleurs, ces soins particuliers nécessitent une campagne de prévention. Le président de la République, Emmanuel Macron, avait proposé, fin 2016, une ébauche de projet pour la santé dans laquelle il mentionnait ce principe. "Le médecin généraliste ne serait alors plus cantonné à une activité de prise en charge de soins mais s'ouvrirait à une action d'anticipation absolument nécessaire", assure Marc Paris, membre de France Assos Santé. Sur ce sujet, la France fait partie des mauvais élèves : sur un total de dépenses de santé de 185 milliards d'euros en 2016, 5 milliards seulement sont consacrés à la prévention. Intégrer une telle mesure engagera le gouvernement à réfléchir à une nouvelle organisation du temps de travail et à une rémunération à la hauteur des attentes. La dernière étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) a révélé que 30% des médecins généralistes travaillaient entre 46 et 55 heures par semaine.
La rémunération des actes de prévention pourrait être indépendante de la nouvelle grille tarifaire qui rentrera en vigueur en novembre. Elle reposerait soit sur le système de Rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) par la mise en place de forfaits, soit sur des objectifs financés sur la prévention au sein d'une prochaine convention. "Manœuvrer pour l'équilibre entre les deux modes de rémunération, à savoir le paiement à l'acte et le forfait permettrait d'éviter des injustices et récompenserait les médecins généralistes pour leur travail", conclut Marc Paris.
Par Jérémy Orawski (@JeremyOrawski)
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