INFOGRAPHIE - L’intervention, qui a eu lieu à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), a duré une dizaine d’heures.
Il est resté un mois et demi sans visage: un homme qui avait reçu une greffe totale de la face il y a plusieurs années a dû en subir une deuxième à cause d’un rejet, cas inédit qui illustre le suivi délicat de ces opérations spectaculaires. L’opération, qui a été réalisée à l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris (AP-HP), a démarré le lundi 15 janvier en début d’après-midi et s’est terminée mardi 16 janvier en début de matinée, selon un communiqué publié vendredi par l’Agence de la biomédecine et l’AP-HP. Elle a été pratiquée par une équipe dirigée par le Pr Laurent Lantieri, spécialiste de ces interventions.
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Retrait total du premier visage greffé
«La greffe est intervenue sur un patient qui avait déjà bénéficié d’une greffe de face» il y a quelques années et qui «présentait un rejet chronique», a indiqué le communiqué, sans toutefois préciser les raisons de cette première greffe. Fin novembre, «la gravité du rejet» avait nécessité qu’on lui retire complètement le premier visage greffé. L’homme était depuis lors hospitalisé en réanimation et il était inscrit sur liste d’attente dans l’optique d’obtenir un nouveau greffon issu d’un donneur décédé.
«Cette greffe démontre pour la première fois dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main) qu’en cas de rejet chronique une retransplantation est possible», soulignent l’Agence de la biomédecine et l’AP-HP. Mais elles émettent une réserve de taille: «Cette greffe est soumise à des contraintes immunologiques sévères et seul le suivi à plusieurs semaines confirmera la viabilité du greffon.»
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Un risque de rejet important
En effet, «la possibilité de rejet, qui existe pour toutes les greffes, est a priori plus importante» pour celles du visage et des mains, a expliqué à l’AFP le professeur Olivier Bastien, de l’Agence de la biomédecine. Et pour cause: ce type de greffes concerne «les structures profondes de la peau, qui attirent beaucoup les lymphocytes». Ces cellules du système immunitaire peuvent alors attaquer les tissus greffés, considérés comme un corps étranger. Des traitements à vie doivent permettre de limiter ce phénomène en abaissant les défenses de l’organisme. Malgré cela, un rejet chronique reste possible, pouvant conduire à la destruction de l’organe greffé.
En dévoilant ce cas sans toutefois donner l’identité du patient, l’Agence de la biomédecine et l’AP-HP ont partiellement confirmé des informations de l’hebdomadaire Ebdo paru vendredi. «L’Agence de la biomédecine et l’AP-HP déplorent que le principe de l’anonymat n’ait pas été respecté. L’application stricte de ce principe est indispensable au respect du donneur et de sa famille dont le deuil doit être protégé», écrivent-elles. Les deux institutions ajoutent qu’elles n’avaient pas l’intention de rendre cette greffe publique «avant un délai de plusieurs jours, permettant d’avoir davantage d’éléments sur les suites à plus long terme de l’intervention et sur l’état de santé du patient.»
Les deux premières greffes totales du visage datent de 2010, réalisées par une équipe espagnole et le Pr Lantieri. Depuis 2005, moins de quarante greffes du visage ont été réalisées dans le monde.
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