Search

Choléra en Algérie : la vigilance plus que jamais de mise en France

C'est la préfecture même des Pyrénées-Orientales qui a fait la déclaration qui a rassuré quant au risque de choléra concernant l'enfant de huit ans passager d'un avion assurant la liaison Oran-Perpignan. Finalement, pour le moment, plus de peur que de mal donc après que les symptômes identifiés autour des vomissements et diarrhées de cet enfant ont conduit à l'immobilisation de l'avion à son arrivée.

Ce qui s'est passé à Perpignan

Dès qu'il a atterri, l'avion de la compagnie ASL transportant 136 passagers, dont 131 adultes et 5 enfants, et 5 membres d'équipage a été investi par les pompiers et le Samu pour une première évaluation médicale. L'enfant, de nationalité française, a en effet été transporté à l'hôpital de Perpignan pour vérifier s'il était effectivement porteur du choléra, un diagnostic finalement écarté par les médecins. Ainsi, en concertation avec l'Agence régionale de santé, les pompiers et le Samu ont autorisé les autres passagers à quitter l'appareil après que des mesures d'hygiène leur ont été appliquées et que des fiches de suivi aient été établies pour le cas où. Selon la préfecture, l'avion devait repartir à vide à Oran où son nettoyage et sa désinfection devraient être effectués.

Pour alarmant que soit cet épisode, il n'est que la partie émergée des mesures de précautions que la France avait discrètement prises dès qu'il est apparu évident que le choléra s'était bel et bien déclenché en Algérie début août en écho même aux déclarations du ministère algérien de la Santé qui avait reconnu la réapparition de cette maladie pour la première fois depuis 22 ans.

Un épisode anticipé par des mesures de précaution…

Au début, la France a démenti avoir pris des mesures spéciales à l'endroit des voyageurs en provenance de l'Algérie, mais très vite elle a instruit les compagnies aériennes reliant régulièrement les deux pays. Dans un premier temps, selon Le Parisien relayé par le site Observ Algérie, le ministère français de la Santé leur aurait demandé de procéder à la désinfection de leurs appareils dans le cas où un passager serait pris de vomissements ou aurait des problèmes de selles durant un voyage. Concrètement, la Direction générale de la santé (DGS), sous la houlette du ministère français de la Santé, a informé la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) qui s'est chargée d'entrer en contact direct avec non seulement les compagnies aériennes mais aussi des aéroports ayant des liaisons directes avec l'Algérie. De son côté, aux ressortissants français se rendant en Algérie, le ministère français des Affaires étrangères, au travers de son site, a sous forme de conseil aux voyageurs signalé « plusieurs cas de choléra diagnostiqués dans le nord et le centre du pays » et indiqué la nécessité impérative « de porter une vigilance particulière aux règles d'hygiène et de sécurité afin de se préserver des contaminations digestives ou de contact ». En cela, les autorités françaises se sont conformées aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) selon lesquelles il est conseillé dépistage systématique et mise en quarantaine pour les voyageurs en provenance des régions touchées par le choléra.

… et par un dispositif déjà prêt pour contrer le choléra

L'Hexagone peut d'autant plus facilement suivre ce conseil qu'il a son tir de barrage à la maladie à travers la chaîne de santé publique déployée autour de l'Institut Pasteur,< qui abrite le Centre national de référence des vibrions et du choléra dans son unité des Bactéries pathogènes entériques. C'est cet organisme qui a en charge, sous l'autorité du ministère en charge de la Santé et de sa Direction générale, la surveillance, la confirmation et la déclaration des cas de choléra importés sur le territoire français. Il faut d'ailleurs rappeler ici que, comme dans de nombreux pays, le choléra est une maladie à déclaration obligatoire en France.

Le choix de l'Institut Pasteur n'est pas fortuit. Membre de la Global Task Force on Cholera Control (GTFCC) de l'OMS, réseau de plus de 50 organisations réunissant des partenaires impliqués dans la lutte contre le choléra dans le cadre d'une approche globale multisectorielle, l'Institut Pasteur, avec ses connexions et ses nombreuses collaborations avec des microbiologistes des pays encore plus ou moins régulièrement atteints par le choléra, est au fait de toutes les réalités concernant cette maladie à travers le monde. Ainsi, au-delà du suivi des souches de vibrions cholériques circulant dans le monde, il est à jour, d'une part, quant à l'émergence de nouvelles souches, et d'autre part quant à l'identification de souches résistantes à plusieurs antibiotiques. Pour exploiter au mieux toutes ses possibilités, comme indiqué dans son site, l'Institut Pasteur dispose depuis récemment d'une base de données génomiques récemment développée, de quoi lui permettre d'avoir sur la maladie une profondeur historique appréciable et de pouvoir avoir des repères sur l'évolution du choléra. De quoi améliorer tous les outils de lutte contre la maladie, dont la feuille de route mondiale (Déclaration on Ending Cholera), signée en octobre 2017 par 35 partenaires de la GTFCC sous forme d'un engagement sans précédent dans la lutte contre le choléra avec pour objectif de réduire de 90 % les décès dus au choléra d'ici à 2030.

Ce qui se passe en cas d'arrivée d'un malade sur le sol français

En attendant d'atteindre ces objectifs, le plan de réaction contre l'arrivée d'un cas de choléra en France est déjà en place. Une fois que le laboratoire envoie le prélèvement pour diagnostic à l'Institut Pasteur, celui-ci fait son analyse. « Si le choléra est avéré, l'Agence nationale de santé publique est avertie », a expliqué au Parisien Marie-Laure Quilici, directrice du Centre national de référence du choléra à l'Institut Pasteur. Dès lors, « il y a la recherche des personnes qui ont été coexposées à la source probable de contamination », a-t-elle expliqué, justifiant que « le respect des conditions d'hygiène de base, complété par des précautions d'isolement, permet d'éviter la contagion ». Et ça va vite quand il s'agit du choléra, autant à propos de la contagion que de son caractère dangereux. Il faut en effet savoir que le choléra perturbe le tube digestif et conduit toutes les cellules à libérer leur eau. Résultat : le patient peut perdre plusieurs litres en 24 heures. Il est donc impératif de le réhydrater et de lui administrer des antibiotiques pour éviter le décès. Autant d'éléments qui obligent à une prise en charge de toute urgence, et ce, d'autant que quand celle-ci est faite dans les temps, le patient peut vite retrouver la forme.

Let's block ads! (Why?)

http://afrique.lepoint.fr/actualites/cholera-en-algerie-la-vigilance-plus-que-jamais-de-mise-en-france-06-09-2018-2249019_2365.php

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Choléra en Algérie : la vigilance plus que jamais de mise en France"

Post a Comment

Powered by Blogger.