
Sur neuf malades détectés en neuf ans, huit sont décédés. Les autorités sanitaires ont fait état, lors d'une conférence de presse ce mardi, de leur préoccupation quant à un « excès de cas » de glioblastomes au nord du Gard.
Cette tumeur foudroyante du système nerveux central, mortelle au bout d'un an en moyenne, a été trois fois plus diagnostiquée dans la zone de Salindres et de Rousson que dans le reste du département entre 2006 et 2015. Ce que personne, jusqu'à présent, ne parvient précisément à expliquer.
Dans une étude rendue publique mardi, Santé Publique France estime que cette incertitude « justifie la mise en place d'une investigation environnementale préliminaire et de la poursuite de la surveillance sanitaire » dans ce coin du département, berceau de l'aluminium et de la chimie depuis le XIXe siècle.
Une plateforme chimique au cœur des interrogations
La plateforme de Salindres, classée Seveso seuil haut, est particulièrement scrutée. Trois des neuf victimes de la tumeur y ont travaillé. Jusqu'à fin 2017, elle a notamment abrité des « sources scellées », censées empêcher la dispersion des matières radioactives utilisées à des fins industrielles.
Les rayonnements ionisants, qui peuvent être issus de matières radioactives, « sont les seuls facteurs de risques avérés des glioblastomes », expose Luc Bauchet, neurochirurgien au CHU de Montpellier.
L'Agence régionale de Santé Occitanie a donc saisi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour identifier et vérifier les sources de rayonnements ionisants référencées dans le secteur, en particulier au sein des fameuses « sources scellées » de l'usine.
Les « boues rouges » inspectées
Pour l'heure, l'ASN assure que « tout est classique dans (ses) données ». « Il n'y a rien d'atypique et aucun événement particulier n'a été recensé dans nos archives », ajoute-t-elle, citée par Objectif Gard.
La Direction régionale de l'environnement et l'aménagement et du logement sera pour sa part chargée de détecter « d'éventuelles anomalies » dans le stockage de « déchets historiques » liés à la production d'alumine entre 1860 et 1984.
Car neuf millions de tonnes de « boues rouges » chargées en métaux lourds sont stockées à ciel ouvert dans deux bassins de décantation, sortes de lacs artificiels, à Salindres et Rousson. Leur radioactivité naturelle est normalement considérée comme faible.
« On n'a pas de certitude »
La communauté scientifique s'interroge également sur l'incidence d'autres facteurs, comme des champs électromagnétiques, des pesticides ou d'autres produits chimiques. « On n'a pas de certitude », admet Pierre Ricordeau, directeur général de l'Agence régionale de Santé Occitanie.
Le préfet du département, Didier Lauga, assure pour sa part vouloir informer la population avec une « transparence complète ». Cela devra passer, notamment, par une mise à jour des données sur l'évolution du phénomène, avec la prise en compte des cas potentiellement survenus entre 2015 et 2019.
Ces résultats sont attendus pour 2021. Reste qu'une poignée d'individus tombés malades constitue une bien mince base statistique. Pas sûr que cette dernière permette de lever le voile de sitôt sur le mystérieux « excès de cas » auquel sont confrontés les habitants du secteur. Et sur le risque qu'ils encourent peut-être.
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